Mahler 2010-2011
Célébrons Mahler! L’agenda symphonique de la
saison nouvelle (avec le cycle Mahler par Daniele Gatti et le National
de France… entre autres) et les célébrations en cours mettent à l’honneur l’oeuvre mahlérienne. Le
compositeur reste une découverte récente du milieu musical mais
aujourd’hui preuve est faite que les champs sillonnés par sa
conscience et son génie singuliers inspirent les orchestres et les
salles.
2010 marque les 150 ans de sa naissance, puis 2011, le centenaire de la mort du musicien. Gageons que les deux années et les saisons musicales en conséquence n’apportent leurs moissons bénéfiques pour une plus juste évaluation de Gustav Mahler.
Après une réédition de chocs discographiques (chez Audite par Kubelik),
l’intégrale en dvd de Bernstein (DG), plusieurs intégrales pour le
disque se poursuivent dont celle passionnante de David Zinman (RCA Sony classical)…
Chaque nouvelle publication ou concert est l’occasion de dresser un
bilan de l’oeuvre concernée.
Gustav Mahler (né en 1860 et mort en 1911)
ne cesse aujourd’hui de stimuler les chefs, soucieux d’éprouver les
capacités de leur orchestre, tout en exprimant le message humaniste et
poétique, autobiographique et mystique, du compositeur.
C’est pendant les mois de juillet d’août que le musicien pouvait enfin
prendre le temps de composer : contemplation de la nature, marches,
excursions et baignades, autant de loisirs salutaires pour son
inspiration active.
De son vivant, Gustav Mahler s’affirme comme chef d’orchestre, en
particulier à l’opéra de Vienne où il occupe le poste de directeur
musical pendant 10 années (1897 à 1907). Décennie glorieuse où avec la coopération d’Alfred Roller, Mahler réalise des productions lyriques (Wagner et Mozart surtout) à couper le souffle, selon le principe du théâtre total cher à Wagner puis Appia…
Aujourd’hui, la figure du compositeur s’impose à nous. Grâce au disque
surtout. Mahler est sorti peu à peu de l’oubli. Son oeuvre si décriée
pour sa vulgarité, occupe une place prépondérante dans la vie des
grands orchestres, dans les saisons des salles symphoniques.
Mahler nous laisse un cycle de 10 symphonies parmi les plus déconcertantes, les plus visionnaires jamais écrites. La Dixième est restée à l’état d’esquisses.
A l’heure où Picasso révolutionne le langage pictural (Les Demoiselles d’Avignon,
1907), Mahler indique de nouvelles perspectives, poétiques, musicales,
philosophiques aussi pour l’orchestre. Aux côtés d’une écriture
autobiographique qui exprime ses angoisses et ses aspirations, en
particulier les épisodes d’une existence tragique, se précise peu à peu
le désir des hauteurs, un élan mystique dont l’arc tendu de la prière
appelle apaisement et sérénité. Dans l’écriture, chaque symphonie est
un défi pour les musiciens. Mahler y repousse progressivement les
limites et les horizons de la forme classique.
Ce sont aussi l’usage particulier des timbres, le recours aux
percussions, la couleur grimaçante des certains bois, la douleur,
l’amertume voire l’aigreur. L’orchestre de Mahler palpite en résonance
avec le cœur meurtri, durement éprouvé d’un homme frappé par le destin,
mais il reconstruit aussi, un lien avec les mouvements et le souffle de
la divine et mystérieuse nature. Une nature réconfortante dont il
cherchait chaque été, la proximité et la contemplation, deux éléments
propices à l’écriture.
réserve au compositeur, une attention particulière. La richesse des
dernières publications nous invite à nous plonger dans l’océan
symphonique conçu par Mahler. Il s’agit moins de dresser un bilan de la
discographie parue que de profiter de l’actualité, et de ses surprises
convaincantes voire jubilatoires, pour rendre hommage à l’un des
symphonistes les plus originaux, dans la première décade du XX ème
siècle.
Cd récents

l’honneur le figure du compositeur Gustav Mahler mais aussi, aspect
moins connu de sa carrière glorieuse, le chef d’orchestre célébré de son
vivant, entre autres à l’Opéra de Vienne dont il est directeur, de 1897
à 1907. Une décennie exceptionnelle où le musicien réforme les
conditions de représentations avec la collaboration d’Alfred Roller:
selon la conception wagnérienne du théâtre total, Mahler réalise des
productions spécifiques comprenant distribution scrupuleuse, décors et
mise en scène originales. Son travail sera particulièrement payant chez
Wagner et Mozart.
Grammophon présente l’intégrale des oeuvres pour voix et
orchestre de Gustav Mahler, évidemment les 10 symphonies, mais aussi ses
cycles lyriques, lieder avec orchestre, soit 5 oeuvres rassemblées, du Lied
von der erde au Klagende lied, sans omettre les lieder et
Gesännge aus der Jugendzeit… En lire +
Critique de La Symphonie 6 de Mahler par Daniele Gatti
Critique de la Symphonie 6 par Valery Gergiev
Critique de La Symphonie 6 de Mahler par David Zinman

appelé à tirer le portrait (en buste) de Mahler, s’est prononcé sur le
visage atypique de son modèle: il lui trouvait une fascinante parenté
archaïque avec l’Orient et une antiquité très ancienne, le sculpteur
tenait Mahler pour un égyptien… Pénétrante vision et si originale qui
d’emblée « pose » le cas Mahler tel un sphinx énigmatique ou un nouvel
Horus doué d’une lecture supérieure sur l’humanité. Plus qu’un
symphoniste bavard et autobiographique, Mahler bouleverse le cadre
classique formel: il parle continûment de la condition humaine avec le
souffle du cosmos… d’où ce titre assez juste, de « Symphonie-Monde »…
Christian Wasselin: « Gustav Mahler, la symphonie-monde ». Editions Gallimard, collection « découvertes », parution: juin 2011