ARTE, SEIJI OZAWA, dim 2 sept 2018, 18h30, 23h55. Disciple de Karajan et de Bernstein dont 2018 a marqué le centenaire, le japonais Seiji OZAWA revient d’un long périple éprouvant qui l’a tenu éloigné des podiums et des salles de concerts : à presque 83 ans, celui qui se destinait soit au rugby soit au piano, mais devint maître de la baguette, affiche une santé recouvrée qu’ARTE célèbre en septembre, ce dim 2 septembre 2018, en 2 étapes : concert à 18h30 (Symphonie n°7 de Beethoven, la plus dansante et nerveuse avec la 8è), puis à 23h55, documentaire portrait soulignant le retour au Japon de celui qui avait fait le choix très tôt, pour se perfectionner, de rejoindre Europe et Etats-Unis.
L’allure est celui d’un écureuil agile et éveillé, ou d’un félin d’une rare vélocité : l’intelligence de l’instant dont témoigne Ozawa s’est amplement manifestée au cours d’une discographie exemplaire, en particulier chez SONY classical où le chef a surtout montré la finesse et le feu électrique d’un tempérament surtout symphonique (moins lyrique). Vif, contrasté, précis, – et aussi, qualité rare, intérieur voire introspectif (à la manière d’un Claudio Abbado et d’un Karajan évidemment), le style Ozawa détaille et analyse pour mieux exprimer la profondeur et l’urgence implicite des partitions.
Né le 1er septembre 1935, Ozawa reste le premier asiatique à prendre la direction d’un grand orchestre américain (parmi le top 6 des phalanges américaines avec Los Angeles, Chicago, Philadelphia, New York, et aussi Detroit) : le Boston Symphony Orchestra. Ce musicien fortement américanisé dut montrer ses aspirations sincères vers le Japon natal tant on lui reprocha par la suite un trahison à la patrie abandonnée. Dès 1984, il fondait l’Orchestre Saito Kinen, en hommage à son mentor et premier professeur de direction, Hideo Saito. Puis en 1992, il créait à partir de cet orchestre, le Festival Saito Kinen à Matsumoto, qui deviendra le SEIJI OZAWA Matsumoto Festival.
Mûr, et de plus en plus sage, maladie oblige, Maestro Ozawa défend aujourd’hui l’interprétation des oeuvres et du répertoire, depuis le Japon. Ozawa recherche le sens profond des oeuvres, surtout occidentales, en particulier romantiques (germaniques : Mozart, Haydn, Beethoven…), et modernes (françaises : Ravel, Debussy, Dutilleux…). Soucieux de transmettre son héritage et sa vision des oeuvres comme du métier, Ozawa développe rencontres et ateliers de travail auprès des jeunes musiciens. Le concert retransmis par Arte à 18h30, est une session orchestrale en hommage à son premier mentor, Kinen, réalisée en 2016 au SEIJI OZAWA Matsumoto Festiva.
Cheveux hirsute et crinière de lion (comme Liszt), en tee-shirt fluo et baskets, l’homme devenu vénérable, reste discret, silencieux, allusif, mais toujours nuancé et suggestif comme sa direction est affûtée, économe, « secrète ». Concert et portrait documentaire événement.
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ARTE, SEIJI OZAWA, dim 2 sept 2018, 18h30, 23h55. 7ème Symphonie de Beethoven / Portrait : « Retour au Japon » (O. Simonnet, 2018, 52 mn). Il y est question (dans le documentaire) du rapport « trouble » du chef à son pays le Japon : rien de tel en vérité, sinon, le cas d’un artiste au talent international (comme il y en a d’autres) qui a enrichi son métier hors de sa terre natale, laquelle le lui a reproché selon un phénomène patriotique bien connu, puis l’a consacré « trésor national », mesurant enfin l’immense valeur de sa sensibilité, et le prestige qu’il apportait au Pays…
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