Gossec
Thésée, 1782
Liège, Philharmonie: le 11 novembre 2012 à 16h
Versailles, le 13 novembre 2013 à 20h
Les Agrémens
Guy Van Waas, direction
version de concert
Déjà mise en musique par Lully (1675) puis Mondonville (1767), Thésée
regorge de scènes et de tableaux propres à l’enchantement d’une
tragédie lyrique dont la forme est héritée du XVIIè. Pour autant, fidèle
à la sensibilité du XVIIIè, Gossec (portrait ci dessus) fait évoluer le
genre avec un sens personnel de la continuité dramatique: combats,
processions religieuses, invocation infernale… tout œuvre à
l’expression des passions: haine et tempérament de Médée dont les
vertiges et la hargne vengeresse (à grands coups de trombone et
timbales) n’useront pas le lien qui unit Thésée, pourtant éprouvé, à la
jeune princesse qu’il aime (Eglée).
L’opéra de Gossec est créé en 1782 : il s’inscrit dans une succession de
créations lyriques particulièrement marquées par la présence des
compositeurs étrangers à la Cour de France, autant de manières et de
regards distincts qui enrichissent considérablement l’évolution du genre
tragique sous la règne de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Sous prétexte d’un sujet mythologique, en dépit de son titre soulignant la profil d’un héros masculin, l’opéra et la musique développée mettent plutôt en lumière la figure de l’héroïne, ici Médée, proche d’une Armide et selon la tradition qui suit son cours, visage changeant et trouble de la passion humaine: solitaire, désespérée autant que démunie, l’impuissante amoureuse gémit et invective en pure perte…
Liste des opéras déjà ressuscitées grâce à l’oeuvre conjointe du
Palazzetto Bru Zane et du Centre de musique baroque de Versailles:
le tragique des années 1780
Amadis de Jean Chrétien Bach, 1779
Atys de Piccinni, 1780
Andromaque de Grétry, 1780
Thésée de Gossec, 1782 : prochaine recréation, évaluation à venir…
Renaud de Sacchini, 1783
La Toison d’Or de Vogel, 1786
Chacun
selon sa sensiblité se confronte au canevas très contraignant du vers
classique français. Après Gluck, JC Bach puis Vogel passent rapidemment
sur la scène française; c’est Sacchini, nouveau champion napolitain qui
triomphe entre les Gluckistes et les Piccinnistes. Son Renaud confirme
la force et l’éclectisme raffinée de son écriture, en particulier son
traitement trouble et ambivalent, contradictoire et finalement tendre du
personnage de Médée: à la fois guerrière haineuse et amoureuse défaite,
d’une fragilité psychique pathétique… Dans Renaud de Sacchini (portrait
ci contre), le personnage d’Armide par la richesse et la diversité de son profil émotionnel fixe
un type féminin qui annonce les grandes héroïnes tour à tour désemparées et furieuses, du siècle
suivant pleinement romantique; elle rejoint la violence de la Médée de Vogel (La Toison d’or,
1786) laquelle annonce directement celle de Cherubini (1797). Que dire
alors de la Médée de Gossec de 1782 ? Réponse les 11 puis 13 novembre
2012.
En 1782, Gossec reprend le livret que Philippe Quinault avait rédigé
pour Lully: sa coupe, son flux dramatique sont repris et mis au goût du
jour par Etienne Morel de Chédeville.
regards sur l’oeuvre: Médée magicienne impuissante
Au début de l’opéra, Médée aide les Athéniens et leur roi Egée à vaincre
les ennemis extérieurs; mais à la fin de l’action, c’est Minerve déesse
protectrice de la ville qui au grand soulagement de tous, délivre la
cité de l’enchanteresse Médée.
Entre temps, combien la magicienne par amour impossible s’est livrée en
rage, haine, furie vengeresse… (fin de l’acte II), c’est tout cela que
nous racontent la musique et le chant de Gossec, très inspiré alors
(1782) par la lyre tragique française.
Au contact des mortels, la déité haineuse, qui vient de quitter malgré
elle Jason et s’en venger en tuant ses enfants, s’éprend du jeune
Thésée, le fils du roi Egé qu’elle devait épouser. Mais ces derniers
aiment la même princesse, Eglé.
L’opéra se concentre donc sur la figure de Médée,
impuissante face à l’amour, démunie, maudite, vouée à la barbarie
inhumaine… l’acte III lui est totalement dévolu: ses enchantements
infernaux torturent et tourmentent Eglée, accablent Thésée; si la déesse
feint de protéger les amants sincères, c’est pour mieux s’en venger
ensuite. Sa haine ne connaît pas de limites.
Au final, inspirée par l’amour pur qu’elle porte à Thésée, Eglé sauve
son couple et défait les sortilèges de Médée. L’amour vainc tout, y
compris les machinations de la haine et de la jalousie.
Thésée de Gossec, 1782
Virginie Pochon, Eglée
Jennifer Borghi, Médée
Frédéric Antoun, Thésée
Tassis Christoyamis, Egée
Katia Velletaz, Minerve
Mélodie Ruvio, Cléone
Chœur de chambre de Namur
Les Agrémens
Guy Van Waas, direction
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Versailles sur le site du CMBV Centre de musique baroque de Versailles