Giuseppe Verdi
Rigoletto, 1851
Arte
Samedi 21 juin 2008 à 21h
En direct de Dresde, Semper Oper
Juan Diego Florez, le Duc de Mantoue
Diana Damrau, Gilda
Zeljko Lucic, Rigoletto
Staatskapelle de Dresde
Fabio Luisi, direction
Nikolaus Lehnhoff, mise en scène
Soir de première sur Arte! Pour le premier jour de l’été, et la fête de la musique, Arte met les petits plats dans les grands et nous offre ce direct prometteur de Dresde, avec un orchestre luxueux accompagnant plusieurs chanteurs parmi les plus captivants de la scène actuelle. Rigoletto (1851) fait figure de pièce maîtresse, volet du tryptique de la maturité, avec La Traviata et Le Trouvère (1853). Dans cette production chic issime, avec le duo épatant, lumineux, racé, stylé, vocalement irréprochable de Diana Damrau (Gilda) et Juan Diego Florez (Duc de Mantoue), l’action superbement traitée par Verdi, d’après Victor Hugo (Le roi s’amuse) resplendit par ses éclairs fulgurants en particulier dans la scène finale de la tempête où se précipite l’action: meurtre de la fille, à cause du père qu’une malédiction conduit à commettre l’impensable, le plus effroyable des sacrifices…
Dans sa pièce, Hugo parlait explicitement de François Ier. Dans l’opéra, Piave transfère l’action à Mantoue au XVème siècle: même si l’opéra porte le nom du baryton (à suivre, le serbe Zeljko Lucic, déjà remarqué en Germont dans La Traviata aixoise de 2003 avec Mireille Delunsch, le compositeur a surtout réservé de superbes airs (trois au total) pour le ténor, ce Duc continent et lâche, aussi inconstant qu’infidèle qui d’ailleurs applique la légèreté qu’il dénonce chez la femme (La donna è mobile) pour lui-même: comble de l’hypocrisie! Mais porté par le chant aristocratique de Florez, le rôle récupère toute notre admiration. Quant à Diana Damrau, elle est irrésistible: soprano fragile, ardente, cristalline et sacrifiée. Dans la fosse du Semperoper de Dresde, Fabio Luisi dirige une Staatskapelle de Dresde crépitante et sanguine. D’autant que la mise en scène du wagnérien Nikolaus Lehnhoff, essentiel et vénéneux, s’entend à merveille avec la direction tout autant sylée et expressive du chef italien. Grande soirée de vocalità verdienne et de souffle dramatique. Soirée incontournable. Production verdienne présentée à Dresde en 9 représentations jusqu’au 21 septembre 2008. Le direct du 21 inaugure le cycle puisqu’il s’agit de la première!
Fans de Verdi? Les télés de juin vous gâtent: Mezzo diffuse, aux côtés d’Arte, deux autres opéras de Verdi: I Due Foscari et Otello, les 12 et 14 juin à 20h30. A voir en particulier, la mine sombre de José Cura dans le rôle du Maure ténébreux, sanguin, tragique.
Illustration: Titien, Portrait d’homme (DR)