Giuseppe Verdi
Le Trouvère, 1853
France 2
Mardi 31 juillet à 20h50
En direct des Chorégies d’Orange
(Opéra à 21h30)
En simultané sur France Musique
Leonora, Susan Neves
Azucena, Larrissa Diadkova
Ines, Marie-Paule Dotti
Manrico, Roberto Alagna
Il Conte di Luna, Seng-Hyoun Ko
Ferrando, Arutjun Kotchinian
Ruiz, Sébastien Guèze
Un Vecchio Zingaro, David Bizic
Un Messagero, Jean-François Borras
Orchestre National de France
Chœurs des Opéras de Région
Direction musicale: Gianandrea Noseda
Etudes musicales: Janine Reiss
Mise en scène: Charles Roubaud
Eclairages: Vladimir Lukasevich
Scénographie: Jean-Noël Lavesvre
Costumes: Katia Duflot
Animations vidéo: Gilles Papain
Opéra tragique
Il Trovatore (Le Trouvère) forme avec Rigoletto (1851) et La Traviata (1853), la « trilogie » verdienne composée au débuts des années 1850. Après le décès de Donizetti, en 1848, dans des conditions tragiques, Giuseppe Verdi incarne le renouveau de l’école italienne d’opéra. L’ouvrage d’après le texte théâtral d’Antonio Garcia Guttiérez, El Trovador (Madrid, 1836), est créé la même année que La Traviata, en 1853, au Teatro Apollo de Rome. En dépit des aménagements simplificateurs du librettiste Cammarano, l’action reste complexe voire invraisemblable. Comme dans La Traviata, le trio psychologique composé d’une soprano tendre et amoureuse, d’un ténor ardent et d’un baryton sombre et inflexible, porte l’action.
Saragosse, XV ème siècle
Dans la Saragosse du XVème siècle, le Comte de Luna aime Leonora qui lui préfère le mystérieux Trouvère qui chante à sa fenêtre. Or celui-ci dirige la rébellion fomentée contre le Comte. Le Trouvère s’avère être le fils de la gitane Azucena dont la mère fut brûlée vive après avoir jeté un sort contre le jeune frère de Luna. Pire, Azucena est accusée d’avoir jeté le dit frère dans le bûcher de sa mère: elle est emprisonnée. Manrico tente de la délivrer mais il est lui aussi, arrêté et condamné. Leonore promet d’épouser le Comte s’il libère Manrico. Mais la jeune femme s’empoisonne alors. De dépit, Luna ordonne la décapitation de son rival. Alors que la hâche coupe la tête de Manrico, Azucena révèle au prince que celui qu’il vient d’exécuter, était son jeune frère qu’elle avait recueilli.
Plus noir encore que la fin tragique de Rigoletto, où un père perd sa fille, Le Trouvère s’achève à la manière de La Juive de Fromental Halévy (1835) où de la même façon, un père (Le Cardinal) ne peut interrompre la mort de sa propre fille (Rachel). Dure loi des vengeances qui se transmettent entre les générations, où le sang de l’enfant mort exige en réparation le sang de l’enfant du parti adverse. Au ténébrisme fantastique de l’intrigue, semée d’invocations funèbres et de déclarations lyriques souvent radicales (fresque dantesque du déchirant « Miserere », au début de l’acte IV), Verdi fait correspondre de splendides airs de bel canto qui s’enchaînent sans temps morts, n’épargnant du début à la fin de l’opéra, de l’exposition des caractères à la catastrophe finale, ni le confort des spectateurs ni les possibilités des chanteurs. Comme pour La juive précédemment citée, il faut pour réussir Le Trouvère, réunir un quatuor vocal d’exception (les meilleurs chanteurs du moment, dixit Toscanini). Au trio vocal déjà évoqué, se joint l’ample mezzo, lugubre et halluciné, d’Azucena.
Crédit Photographique
Roberto Alagna (DR)
La production du Trouvère aux Chorégies d’Orange marque un rendez vous important dans le calendrier estival du ténor Roberto Alagna qui quelques jours auparavant, le 21 juillet 2007 chante à Montpellier, lors d’une soirée Francis Ford Coppola. Au programme: Manon Lescaut de Puccini, acte IV. Avec la soprano Svetla Vassileva. Orchestre national de Montpellier, direction: Daniel Kawka. Le ténor français a déjà incarné le rôle de Manrico, entre autres, en 2003, sur la scène de l’Opéra Bastille.