vendredi 29 mars 2024

Gilles Thieblot: Edouard Lalo Bleu Nuit éditeur, collection horizons

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Gilles Thieblot
Edouard Lalo

L’esprit libre, fantaisiste, superbement inspiré du lillois Edouard Lalo (1823-1892) domine incontestablement le plein XIXème siècle. Au côté de Berlioz, Lalo poursuit l’éclosion de l’écriture symphonique et concertante spécifiquement française. En quasi autodidacte, artiste lyrique jamais reconnu et qui n’obtiendra aucune distinction officielle: refusé à l’Académie des Beaux-Arts en 1884…), le musicien mène une carrière d’instrumentiste virtuose (altiste puis 2è violoniste au sein du Quatuor Armingaud, formation chambriste qu’il quitte en 1873); Lalo développe une recherche spécifique sur cette écriture romantique française qui à l’époque de Schumann, Mendelssohn et Wagner sait diversifier les formes, invariablement innover, s’affranchir des cadres plus contraignants (comme les musiques à programme par exemple). Touchant à toutes les formes: importante musique de chambre et mélodies, sans omettre les oeuvres symphoniques (Divertissement pour orchestre, Concertos pour violon, pour violoncelle; Symphonie espagnole, Symphonie en sol mineur de 1886; Romance sérénade; Concerto russe, Fantaisie et Rhapsodie Norvégienne…), Lalo se distingue dans ce texte biographique qui interroge aussi son travail sur l’opéra: Fiesque et Le Roi d’Ys sont parfaitement analysés; Lalo est un auteur curieux qui se passionne immédiatement et en pionnier pour la musique russe, une alternative au tout Wagner; inspiré par un orientalisme bon teint, toujours exigeant sur l’écriture et l’orchestration, Lalo s’ouvre à la vague espagnole avec le même enthousiasme. Même ses incursions très réussies dans le genre du ballet (l’improbable Namouna, 1881-1882, destiné à la scène de l’Opéra de Paris et terminé avec le concours de Gounod) distingue encore une sensibilité à part: ses oeuvres sont admirées de Berlioz, Debussy, Dukas. Le violoniste doué, formé par Habeneck, champion Beethovénien à Paris, sait imposer sa marque comme l’un des artisans du renouveau de l’écriture instrumentale en France, à égalité avec Saint-Saëns ou Franck. Parmi les raretés, soulignons La Jacquerie et Néron, oeuvres méconnues et tout autant majeures dans l’élaboration d’un oeuvre à redécouvrir d’urgence.

En complément utile au 9 chapitres du parcours biographique, le lecteur retrouve un tableau synoptique, le catalogue des oeuvres et une sélection discographique.

Gilles Thieblot: Edouard Lalo. Bleu Nuit éditeur, collection horizons (n°17) . 175 pages.

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