vendredi 9 mai 2025

Giacomo Puccini: La Rondine, 1917. En direct du Met de New York France Musique. Samedi 10 janvier 2009 à 19h

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Giacomo Puccini
La Rondine
, 1917
(l’allouette)


France Musique

Samedi 10 janvier 2009 à 19h

En direct du Metropolitan Opera de New York

En simultané sur Arte, et dans les salles de cinéma partenaires de l’opération.


Théâtre cynique

Opéra en trois actes de Giacomo Puccini, sur un livret de Giuseppe Adami, créé le 27 mars 1917 à l’Opéra de Monte-Carlo. Comédie à la Musset transposée dans le climat parisien du Second Empire, La Rondine s’inspire aussi de La Traviata car le spectateur y retrouve le sacrifice d’une femme entretenue, renonçant à l’amour pur et juvénile qui aurait pu la sauver. Mais si Traviata meurt (et est peut-être absoute de sa vie libertine et dissolue qui se passe aussi à Paris…), la Magda puccinienne quant à elle, malgré ses troubles et son amour pour le jeune Roger, n’hésite pas à le quitter pour retrouver sa vie de mondaine entretenue, n’osant pas avouer sa vie de courtisane à celui qui l’ignore. Faiblesse, trahison, inconstance de la femme, incapable de confiance comme de vrai partage, Magda incarne une sorte de réalisme froid. Ici le mensonge et l’intérêt triomphent cyniquement de l’amour et de la passion romantique. Y-aurait-il un peu dans La Rondine, de ce défaitisme viscéral qui porte Puccini vers le portrait des amours impossibles?


Richesse ou amour: il faut choisir …

Premier acte. Dans un somptueux salon de Paris, chez Magda de Givry, sous le Second Empire.
Le poète Prunier lance les convives sur le sujet de l’amour romantique à la mode à Paris.
Les amies de Magda, Yvette, Blanche et Suzy, et même la femme de chambre Lisette, se moquent gentiment de lui, affirmant qu’elles préfèrent les amourettes rapides et passagères. Prunier piqué chante au piano une chanson idéalisant le seul amour véritable, la passion sincère et durable de l’amour romantique.
Dorette refuse les avances d’un roi qui promet de faire d’elle une femme riche si elle cède à ses désirs. Magda termine la chanson, révélant sa pensée profonde: le baiser passionné d’un étudiant révèle à Dorette le vrai bonheur. Qu’importe la richesse si le bonheur se présente ?
Rambaldo, son riche protecteur, l’applaudit et lui offre un riche collier de perles. Magda indifférente, un rien blasée évoque plutôt sa jeunesse insouciante alors qu’elle n’était pas encore une cocotte parisienne, courtisane désabusée: la jeune femme aimait aller au cabaret Bullier où elle retrouvait non sans un pincement au coeur, un jeune étudiant sans le sou… Prunier s’approche d’elle et lit dans les lignes de sa main, que comme une hirondelle, Magda partira suivre ses rêves, pour connaître (enfin) l’Amour.
Entre Roger Lastouc, jeune provincial, fils d’un cher ami de Rambaldo. On lui vante les mérites des folles nuits parisiennes, en particulier celle du Cabaret Bullier.
Les invités sont partis. Lisette sort avec Prunier,son amant caché. Quant à Magda, seule, désoeuvré, nostalgique, elle décide de s’encannailler chez Bullier… Y retrouvera-t-elle la magie de sa jeunesse?

Deuxième acte. Chez Bullier.
L’ambiance est chaude et la salle du restaurant grouille de jeunesse et d’insouciance. Magda paraît, suscite les convoitises, mais se défait de séducteurs zélés et s’assied à la table de Roger, lui aussi titillé par quelques midinettes excitées. Les deux tombent amoureux l’un de l’autre.
Paraissent Prunier et Lisette. Roger présente « Magda » déguisée sous le nom de Paulette. Lisette reconnaît sa patronne. Mais survient Rambaldo auquel Magda démasquée fait face comme si elle défiait son protecteur: sûre d’elle, la jeune femme avoue sa passion pour Roger qu’elle rejoint.

Troisième acte. La terrasse d’un hôtel sur la Côte d’Azur.
Magda est tiraillée entre sa volonté d’avouer à Roger son passé sentimental fort peu moral, et son souhait de préserver sa relation avec l’étudiant. Comprendra-t-il? Ne va-t-elle pas le perdre? Amour et vérité, un nouveau défi pour la femme troublée. Paraissent Lisette et Prunier: l’ex femme de chambre a été sévèrement sifflée alors qu’elle faisait ses débuts comme chanteuse: elle souhaite redevenir la soubrette de Magda. Roger paraît avec la lettre de sa mère accordant à son fils, le mariage avec sa fiancée s’il s’agit d’une vertueuse jeune femme. Magda ne résiste pas. Troublée et émue, elle renonce à tout avouer à Roger et l’épouser. En pleurs, les 2 amants se quittent et Magda s’apprête à reprendre sa vie de femme entretenue… Rambaldo lui a déjà pardonné.


Genèse de l’oeuvre

Paradoxe significatif entre Histoire et art: alors que l’Empire autrichien sous les feux de la Grande Guerre, vit ses dernières heures, Vienne s’enivre dans l’insouciance et commande à Puccini, une nouvelle oeuvre légère après le succès de La Fille de l’Ouest, également créée à Vienne en octobre 1913: le sujet est fixé La Rondine et sa création, planifiée en 1915. Mais l’entrée en guerre de l’Italie reporte l’événement: l’opéra de Puccini ne sera créé qu’en 1920, soit après la guerre au Volksoper. Entretemps, la partition fait les beaux soirs de l’Opéra Garnier de Monte Carlo, dès 1917. Puccini prend très au sérieux cette nouvelle commande. Il précise minutieusement les enjeux de l’ouvrage: pas d’opérette mais un opéra. « Une opérette, il n’en est pas question, un opéra: oui : comme Le Chevalier à la rose mais plus léger et plus organique« . La forme retenue réinvente les enchaînements dialogués, indivuels et collectif. Ecriture libre et ouverte (durchkomponiert), La Rondine flirte avec les meilleures oeuvres viennoises dont évidemment La Chauve Souris de Johann Strauss II, qui « reparaît » au tableau festif du II (chez Bullier). Puccini cisèle son orchestration, enveloppe toute l’action par un flux orchestral permanent (qui comprend une grande diversité de danses: valses françaises, pour le tableau chez Bullier, mais aussi rythmes à la mode à l’époque de Puccini : tango, one-step, slox fox… A la délicatesse de la partition répond la finesse des caractères opposés: couple amoureux puis tragique de Magda / Ruggero, couple comique plus léger, bien que finalement durable, de la servante Lisette et du poète mondain Prunier.

Illustrations: Angela Gheorghiu, Giacomo Puccini (DR)

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