mardi 29 avril 2025

Georg Friedrich Haendel, Alcina (1735). SpinosiParis, Aix. Du 22 novembre au 26 décembre 2007

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Georg Friedrich Haendel
Alcina
, 1735

Paris, Opéra Garnier

Du 22 novembre au 26 décembre 2007

Mise en scène: Robert Carsen

Alcina: Emma Bell/Inga Kalna (du 13 au 26 décembre 2007)
Ruggiero: Vesselina Kasarova
Morgana: Olga Pasichnyk
Bradamante: Sonia Prina
Oronte: Xavier Mas
Melisso: François Lis
Oberto: Judith Gauthier

Aix en Provence, Théâtre de Provence

Le 11 décembre 2007

Ensemble Matheus
Jean-Christophe Spinosi
, direction

Magie illusoire
Alcina assistée de sa soeur Morgana, s’ingénie à abuser les beaux chevaliers, en le retenant captifs sur son île. Ile enchantée, île d’amour, mais lieu-prison où les coeurs ensorcelés ressentent cependant le sortilège dont ils sont la proie. L’emprise de la belle magicienne n’est qu’illusoire. Et son pouvoir, bien fragile. Sa magie est promise à s’évanouir. Ainsi, l’enchanteresse collectionne les conquêtes viriles puis les transforment en pierres ou en bêtes sauvages, comme mis au rebut. Ruggiero croise le chemin d’Alcina qui tombe plus que de raison amoureuse du beau cavalier. Bradamante, l’ancienne aîmée du Chevalier le recherche et le trouve. Rivale de la sorcière, la jeune femme finira par triompher, comme si Haendel souhaitait démontrer qu’il n’est pas d’amour véritable et durable, s’il repose sur un secret, un mensonge, pire un enchantement.

Les pouvoirs de l’enchanteresse, comme Médée, Circé, Armide sont prodigieux mais éphémères. Ils sont vain. Alcina en éprouve la dure réalité. Femme impuissante et seule, elle connaîtra la trahison, l’abandon, l’humiliation. D’après L’Orlando Furioso de L’Arioste, l’opéra de Haendel suit la tradition littéraire et musicale léguée par les auteurs avant lui, en soulignant le monde magique, illusoire sur lequel règne la divine Alcina. Dans la suite des ouvrages précédents, Orlando (1733) et Ariodante (1735), Alcina prolonge la trilogie des opéras haendéliens inspirés de L’Arioste dont le roman amoureux offre de somptueuses psychologies. Absorbé par son projet d’implantation de l’opéra italien à Londres, Haendel approfondit le portrait de chaque individualité. Chaque personnage paraît dans sa complexité et ses contradictions désirantes. Souveraine, Alcina n’en est pas moins femme dont l’ambition séductrice mène à sa propre perte. L’exigence du Saxon à Londres est d’autant plus affûtée qu’il s’agit pour lui de rivaliser et de triompher de la concurrence du théâtre menaçant, la troupe du King’s Theatre. Mais le compositeur ne laisse rien au hasard et chacun de ses personnages a été taillé pour un virtuose vocal des plus aguerris: ainsi, le castrat Carestani dans le rôle de Ruggiero et Anna Strada dans le rôle-titre. Dès sa création, le public londonien se passionne pour ce nouvel opéra italien dont l’air de Ruggiero « Verdi prati », devient un succès fredonné par les spectateurs. C’est dans le rôle d’Alcina que Joan Sutherland, âgée de 34 ans, en 1960 à La Fenice (après l’avoir d’abord chanté en 1957), reçoit son couronnement médiatique et populaire. En Alcina, la diva australienne est consacrée « Stupenda », chanteuse lyrique la plus stupéfiante de son époque. Haendel a toujours su écrire pour les chanteurs. Aucun grand interprète n’a pu résister à ses rôles à la fois intenses quant à leur vocalità, et tout autant ambitieux sur le plan dramatique.

Illustration
Artemisia Gentileschi: La Madeleine (Florence, Palazzo Pitti)

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