vendredi 19 avril 2024

Gaetano Donizetti: Maria Stuarda, 1835

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Gaetano Donizetti

Maria Stuarda
, 1835


L’Opéra Royal de Wallonie
, après avoir représenté L’Elisir d’amore et Lucia di Lammermoor, et avant de présenter à son public Lucrezia Borgia, s’apprête à donner, dans quelques jours, l’opéra Maria Stuarda, l’un des opéras historique les plus connus de Gaetano Donizetti (1797 – 1848). Différent des opéras déjà représentés, par son thème ancré dans l’histoire anglaise plus précisément, Maria Stuarda démontre deux tendances donizettiennes, l’amour des thèmes historiques et la fascination pour l’emblématique reine Elisabeth 1ère. Pour le reste, rien de bien neuf. C’est du pur Donizetti – cavatine de l’héroïne, rencontres et séparations d’amants, confrontations entre rivaux ou rivales, scènes de folie. C’est agréable, c’est fluide, c’est confortable, et ça se laisse écouter.

Reines rivales
Le synopsis, inspiré par la tragédie Maria Stuart de Schiller, est simple, et se déroule en trois actes. L’histoire se passe en 1567, alors que la reine d’écosse, Marie Stuart, est emprisonnée au château de Fotheringay par sa cousine, la reine d’Angleterre, Elisabeth. Au fur et à mesure de l’intrigue, les deux raisons apparaissent au public : une raison politique, Marie convoite le trône d’Elisabeth; une raison amoureuse, Marie est éprise du même homme qu’Elisabeth, Leicester, qu’Elisabeth a nommé, au début du premier acte, ambassadeur d’Angleterre en France. C’est une manière de le rapprocher habilement d’elle … en n’éveillant pas trop les soupçons.
Tandis qu’Elisabeth imagine la façon d’en finir avec sa « rivale », cette dernière, dans sa prison, regrette le temps passé. Leicester arrive ensuite, recommande à Marie de se soumettre à Elisabeth et lui promet de la venger si les demandes de Marie n’avaient pas d’issue positive. La confrontation entre les cousines vient ensuite, forte, rythmée, pleine de dynamisme (et d’injures). La scène de duel s’achève par la condamnation à mort de Marie. Ce duel, bien que fort, intense et fréquent dans les représentations artistiques de cette « légende historique ». .. est pour autant totalement inexacte.
Ce sont les préparatifs de l’exécution de Marie qui occupent le troisième acte. Entre révélations et tension dramatique, et après la scène de la confession, la haute figure de Marie et celle, jalouse, d’Elisabeth, se détachent, jusqu’aux trois coups de canon signifiant l’exécution de Marie Stuart, en plein oxymore tragique.

Genèse
L’opéra, représenté en 1835 pour la première fois, a connu une histoire très tumultueuse. D’abord joué sous un autre nom, Buondelmonte, en octobre 1834, au Teatro san Carlo de Naples (avec deux interprètes qui se supportaient tellement peu qu’elles se sont crêpé le chignon à la première répétition) l’opéra a déchaîné, par la violence des antagonismes, des termes et des attitudes, par la force qui s’en dégage et la manière de l’exprimer, les foudres de la censure.
Les représentations s’arrêtèrent rapidement, et il fallut un peu plus d’un an, un changement de lieu, de nom et d’interprètes, pour que l’histoire se déroulât à nouveau, le 30 décembre 1835. La censure quasiment immédiate n’empêcha pas que les critiques et mélomanes amateurs du compositeur reconnussent Maria Stuarda comme un opéra très représentatif de l’auteur de Lucia di Lammermoor. De l’opéra reste la figure tutélaire de celle qui créa le rôle-titre: Maria Malibran, disparue quelques temps après la création de l’ouvrage. Sa tessiture et son expressivité, en même temps que sa mort à 28 ans, en firent une personnalité forte et attachante – inoubliable.


Aujourd’hui, à l’Opéra Royal de Wallonie
, (O.R.W.), sous la direction musicale de Luciano Acocella, dans une mise en scène de Francesco Esposito, qui assure aussi les costumes, c’est un casting inédit à Liège (Patrizia Ciofi dans le rôle de Maria Stuarda, Marianna Pizzolato dans le rôle d’Elisabetta, Danilo Formaggia dans le rôle de Roberto, entre autres) qui se produira, dès le 30 avril à 20h. Gageons que la mise en scène sera inventive, dynamique, forte – à l’image de la personnalité à la fois des héroïnes et des premières interprètes.

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