En 1820, Schubert vit une période dure et inquiétante où chaque partition amorcée ne voit pas son achèvement; au mois de décembre, le compositeur commence ainsi ce mouvement de quatuor,
allegro assai en ut mineur… créé à Vienne en 1821, en audience intime auprès d’un cercle choisi, la partition incarne un tournant important dans la maturation individuelle du style de Schubert. Le sombre et le lugubre, le tragique et l’intense se développent ici en traversant une suite de tonalités stupéfiantes, de l’ut mineur (premier thème) au sol majeur pour la fin de l’exposition, en passant par le si bémol majeur pour la reprise du 2è thème. Cette flexibilité dans l’approche tonale caractérise le chant schubertien. La fine texture de la sonorité permet à l’imaginaire de quitter la réalité terrestre et suivre Schubert en ses divagations mentales et psychiques si stimulantes pour l’âme et le coeur. Il nous fait traverser le miroir. Et comme s’il connaissait profondément la vérité de l’existence, le compositeur peut nous faire atteindre l’Autre monde.
Concert donné le 10 décembre 2009, Théâtre des Champs-Elysées à Paris
Franz Schubert
Mouvement de quatuor n°12 en ut mineur D 703 « Quartettsatz »
Ludwig van Beethoven
Schottische Lieder
Franz Schubert
Lieder avec plusieurs instruments
Johann Sebastian Bach
Cantate BWV 82 « Ich habe genug »
Hanns Eisler
Ernste Gesänge
Matthias Goerne : baryton
Solistes de l’Orchestre National de France