Concert du 24 octobre 2009 à Schoebeque
Ensemble Orion
Dans le cadre de la Châtellerie de Schoebeque, le concert du 24 s’articule autour de l’ensemble Orion créé en 1977 par le compositeur suisse Jean-Luc Darbellay avec son fils Olivier Darbellay et Marc Sieffert. Invité pour la première fois au CIAR (Centre International Albert Roussel), Orion interpréte les classiques du XXe siècle (Goué, Roussel) ainsi que divers œuvres inspirées par le thème de l’Inde ou de l’Orient (en conformité avec la thématique Indienne de l’édition 2009 du Festival Albert Roussel (Rosaz, Tessier, Noda, Darbellay). Jean-Luc Darbellay dont 2 pièces sont jouées, présente d’ailleurs le concert.
Le duo d’Emile Goué fut écrit en 1942 alors que le compositeur était prisonnier à l’Oflag XB de Nienburg an der Weser. Malgré la dureté de la captivité, l’atmosphère qui s’en dégage est enjouée, proche de l’alacrité des musiques populaires d’Europe centrale. « Emile Goué a voulu faire la preuve qu’en dépit de l’environnement lugubre des barbelés, de la privation de liberté et des servitudes parfois humiliantes de la vie en commun, il était toujours capable de surmonter tous ces obstacles et de plaisanter en faisant preuve d’une sorte d’humour « bon enfant »… » écrit son disciple Philippe Gordien.
Le programme se poursuit avec la création mondiale de « Seul » dans la Steppe de Jean-Christophe Rosaz, jeune compositeur français qui a séjourné un mois aux Indes pour travailler sur deux opéras. A propos de Seul dans la Steppe, pour saxophone solo, le compositeur précise: « L’interprète peut s’il le souhaite se placer au centre de la partition déployée autour de lui à l’aide de pupitres. Ainsi, le son donnant l’illusion de voyager pour l’oreille de l’auditeur, il peut alors, décrivant un cercle sur lui-même qui le ramènera à son point de départ (?), imaginer s’adresser aux quatre directions nord, sud, est et ouest, à l’horizon desquelles on voit passer des nuages, apparaître un vol d’oiseaux, la poussière soulevée par de jeunes chevaux fougueux au galop. Ici la lumière du soleil semble courir sur la plaine infinie, à la poursuite de l’ombre des nuages, là une brise légère couche les herbes, à ses côtés les drapeaux de prières flottent au vent. Dans le lointain, la courbe apaisante des collines, la rivière où l’eau s’écoule, rare et précieuse, sont soeurs de la main qui dessine la musique elle-même. Le musicien « chaman » est à la fois le témoin, le réceptacle, le créateur et le transmetteur de ces impressions fugitives, méditation sur la beauté primitive de ces grands espaces où il nous semble enfin pouvoir accéder à la liberté. Au centre de cette nature, en harmonie avec elle, à la fin de l’incantation s’élève une polyphonie, écho de tout ce qui vit alentour… ».
Le concert permet aussi de célébrer les 70 ans du compositeur Roger Tessier. Son trio Omja est inspiré de la divinité représentée, d’après la tradition de l’Inde, par une figure tricéphale symbolisant le cycle ternaire de la vie (enfance, âge adulte, vieillesse). L’auteur s’attache à traduire le symbole du Trois en Un, ce qui motive la structure de l’œuvre. Sur le plan instrumental, il considère le matériau comme un ensemble homogène de douze cordes, et non trois fois quatre cordes, d’où un certain mode de jeu permettant une polyphonie plus large. Roger Tessier veut « prouver que l’aventure de la modernité se joue aussi hors des circuits de spécialistes » Il entend « marier les musiques d’aujourd’hui, d’expression différente et complémentaire » tout en associant le public à l’aventure de la création.
Au programme également : Maï pour saxo solo du japonais Ryo Noda, né en 1948 à Amagasaki au Japon. Etudiant au conservatoire d’Osaka, le compositeur se perfectionne ensuite aux Etats-Unis à la Northwestern University et en France au Conservatoire de Bordeaux avec Jean-Marie Londeix. Son style est caractérisé par une contemporanéité très orientalisante.
Le programme s’achève avec le Trio opus 58 de Roussel, commande du Trio Pasquier, achevé l’année même de la mort du compositeur et l’un des sommets de la musique de chambre française.
Dans la steppe orientale
Châtellerie de Schoebeque (Cassel)
Samedi 24 octobre 2009 à 20h
Ensemble Orion (Suisse)
Marc Sieffert, saxophone
Noëlle-Anne Darbellay, violon et voix
Francisco Sierra, alto
Moritz Müllenbach, violoncelle
Jean-Luc Darbellay, présentation
Emile Goué: Duo opus 34 pour violon et violoncelle
Jean-Christophe Rosaz: Seul dans la steppe pour saxophone solo
création mondiale
Roger Tesssier: Trio à cordes Omja
Ryo Noda: Maï pour saxophone solo
Jean-Luc Darbellay: Incident room et Sadia
Albert Roussel: Trio à cordes opus 58
Entrée: 10 euros. En présence de Roger Tessier, de
Jean-Christophe Rosaz et des familles d’Albert Roussel et d’Emile Goué.
Le concert est suivi d’un repas en compagnie des artistes au restaurant Le Floch (20 euros). Réservation indispensable au 09.53.63.32.08.
Lire aussi notre présentation complète du Festival International Albert Roussel 2009