lundi 5 mai 2025

Festival des Cathédrales de Picardie 2008 Notre sélection: 3 concerts incontournables

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Festival des cathédrales de Picardie 2008
Notre sélection: 3 concerts incontournables

La Festa di San Rocco
Venise, 1608. Gabrieli, Grandi , Barbarino

Samedi 13 septembre 2008
à 21h (Noyon, Cathédrale)

Venise, 1608. Alors que Monteverdi révolutionne l’histoire de l’opéra italien grâce à son opéra, Orfeo (créé à Mantoue en 1607), d’ailleurs programmé lors de cette édition du festival des Cathédrales de Picardie, Venise poursuit dans sa basilique (San Marco), la tradition de la polychoralité. Giovanni Gabrieli (1553-1612), organiste à San Marco, compositeur renommé dans toute l’Europe forme la génération montante, assurant aussi le passage de la prima à la secunda prattica. Parmi ses élèves, figure Heinrich Schütz… Alessandro Grandi (1586-1630) appartient à la génération qui suit celle de Giovanni Gabriel. Contemporain de Monteverdi, Grandi commence sa carrière à Venise comme chanteur en 1617, sous l’autorité de Monteverdi, maître de chapelle. Assistant de Monteverdi sous les voûtes marciennes, Grandi renouvelle l’écriture polyphonique, développe le style monodique dans de grands airs de solistes pour ses motets. Il fixe le genre de la cantate (4 recueils édités en 1620). En 1627, Grandi quitte Venise pour Bergame où il est nommé maître de chapelle à Sainte-Marie Majeure. Il meurt de la peste en 1630.
En intitulant le programme, « La festa di San Rocco, Venise, 1608« , Roland Wilson évoque les fastes et la grandeur de la piété vénitienne, présente aussi aux côtés de San Marco, à la Scuola di San Rocco, ensemble sacré dévolu au saint protecteur des pestiférés, Saint Roch, dont le décor réalisés par le peintre Tintoret continue d’attirer la foule des amateurs… L’ensemble d’ailleurs est considéré aujourd’hui comme la Chapelle Sixtine de Venise: murs, plafonds expriment la ferveur picturale de l’un des plus grands créateurs vénitiens du XVI ème, siècle d’or pour l’école de peinture véntienne.

Interprètes: Musica Fiata & la Capella Ducale. Roland Wilson, direction.

Concertos Brandebourgeois
et Suites pour orchestre

Le 26 septembre à 21h
(Vervins)

Le 27 septembre à 21h
(Saint-Leu d’Esserent)

Le 6 Concertos (BWV 1046 à 1051) sont dédiés au Margrave Christian Ludwig de Brandebourg. La dédicace est rédigée en mars 1721, par Bach en français, langue de culture en vogue à la Cour de Berlin. Claveciniste virtuose, Bach se rappelle au bon souvenir du Margrave: il est alors maître de chapelle du prince d’Anhalt-Coethen. Le manuscrit qu’il dédie au Margrave regroupe en vérité plusieurs partitions de styles et d’époques divers dont celles écrites à l’époque de Weimar (1708-1717), mais aussi à Coethen où il s’est fixé depuis 1717. Beaucoup de Concertos sont issus de Cantates, Pastorale, Sinfonia déjà existantes. La diversité présente montre l’universalité de la culture de Bach qui mêle l’esprit de la Suite française, du Concerto italien, de la virtuosité pure, du contrepoint méticuleux, du concerto grosso… Le maître y démontre sa maîtrise dans l’art concertant, faisant la synthèse des styles à son époque: italien (concertos 2 à 6, sur le plan vif, lent, vif), français et allemand. Bien que fastueux et personnalité primordiale, le Margrave, qui appartenait à l’élite des 7 Princes électeurs de l’Empereur du Saint-Empire Germanique, ne disposait pas d’un orchestre correspondant à l’effectif précisé dans le recueil de Bach. Il s’agit pour le compositeur de trouver un nouveau patron: le prince d’Anhalt-Coethen, Leopold, vient d’épouser une jeune femme qui ne s’intéresse en rien aux arts. Bach voulait-il faire la preuve de sa grande maestrià afin de gagner la confiance d’un nouveau protecteur ?

Interprètes: Florilegium. Ashley Solomon, direction.

Monteverdi: l’Orfeo, 1607
La Venexiana. Claudio Cavina, direction
Samedi 18 octobre 2008 à 20h30 (Chantilly, jeu de paume)

Dès la fin du XVème siècle, l’Italie , berceau de la Renaissance, oeuvre pour un nouveau modèle d’art théâtral qui profite à la musique. L’expérimentation pour un nouveau théâtre musical commence dès 1480, à Mantoue, ville natale de Virgile, avec La favola d’Orfeo d’Angelo Poliziano. Ferrare aussi s’intéresse à la conception d’un nouveau genre de représentation grâce Luca Marenzio qui s’inspire des auteurs grecs…Enfin les Medecis à Florence, faits ducs en 1537 par Charles Quint, inaugurent une riche politique de mécénat qui favorise l’essor d’un nouveau spectacle de Cour. Les académies musicales florentines dont celles du Comte Bardi et de Jacopo Corsi (1576 et 1592) regroupent les promoteurs et concepteurs de ce théâtre moderne où la musique prend une place croissante: Emilio de’Cavalieri, surintendant des spectacles, et les deux chanteurs et compositeurs, Jacopo Peri (1561-1633) et Giulio Caccini (1618). Les premiers divertissements créés: Dafne de Peri (1598), surtout Euridice (octobre 1600) de Peri/Caccini pour le mariage de Marie de Medicis et d’Henri IV, et créé au Palais Pitti. Ainsi se fixent, le style récitatif et la basse continue. A Mantoue, Monteverdi élabore Orfeo, créé en février 1607 sur le livret d’Alessandro Striggio: dès lors, l’unité dramatique est préservée, comme la construction musicale qui respecte la cohérence de l’action centrale.Il s’agit d’articuler et de rendre explicite par le chant déclamé et la musique, un texte poétique dont le sujet et les références mythologiques flattent le prince qui en est le commanditaire. Oeuvre charnière et premier opéra de l’histoire musicale, Orfeo qui raconte le périple d’Orphée aux enfers puis son impuisance à vaincre ses passions, inaugure l’épopée lyrique européenne. D’essence tragique, exprimant l’impossibilité de tout amour terrestre, l’opéra de Monteverdi, offre un premier modèle lyrique pour les siècles à venir.
Si l’opéra de Monteverdi donné à Mantoue est encore une oeuvre élitiste, le genre se démocratise ensuite à Venise, à partir de 1637, où l’opéra devient une entreprise commerciale destinée à séduire de plus en plus de spectateurs de toutes conditions…

Lire notre dossier Orfeo de Claudio Monteverdi

Interprètes: La Venexiana. Claudio Cavina, direction. Version semi-scénique. Domaine de Chantilly, salle du jeu de paume.

Illustrations: Jean-Sébastien Bach. Apollon inspire à Virgile, son poème par Nicolas Poussin (DR)

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