jeudi 18 avril 2024

Festival de La Chaise Dieu Du 19 au 30 août 2009

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43è festival de La Chaise-Dieu
Du 19 au 30 août 2009

Le sacré en toutes ses formes, symphoniques, vocales, opératiques, en 33 concerts. Sur les hauts plateaux du Massif Central, en Abbatiale et avec décentralisation au Puy, à Brioude, Chamalières et Ambert, le Festival de la Chaise-Dieu propose Monteverdi, Haendel, Bach, Haydn, Mozart, Beethoven, Verdi et Mahler, mais aussi Du Caurroy, Zelenka, bien du romantisme, et quelques modernes rassemblés en anthologies de séduisant accès.

Moteur, action

Casa Dei, 43e , moteur, action : on pérennise sur les plateaux parfois balayés par le vent ou le mauvais temps de la fin d’été, et de toute façon, par le souffle de l’esprit… Ici continuent à se conjuguer la religion chrétienne de fondation festivalière (il y aura bientôt un demi-siècle, quand Giorgy Cziffra semait pour les récoltes à venir ), et son sens élargi au sacré, qui comme nul ne devrait désormais l’ignorer rassemble les plus hautes activités de toute culture. Autrement exprimé : ce qui appartient à tout le monde, en histoire de la musique ancienne ou plus moderne, « savante si affinités » et surtout exigeante…

Collégiale et Duomo
Certes, les partitions qui forment la colonne vertébrale de la culture classique et baroque sacrée demeurent ici aimées, demandées et revisitées. C’est l’éclairage qui change, de groupes d’années en décennies, étant entendu qu’avec transitions douces et fondus enchaînés on est passé depuis bien longtemps à une vision baroqueuse de ces œuvres fondatrices, et même en acclimatant des ensembles ensuite devenus emblématiques, telle la Capella dei Turchini d’Antonio Florio… Au demeurant, 2009 ne verra pas de Messe en Si ou de Messie (intégral). Mais du Haendel de grandes dimensions spirituelles et/ou décoratives, oui : La Résurrezione, chef-d’œuvre romain de Giorgio-Federico dans sa période italienne, est une « histoire sacrée » aux merveilleux contrastes et couleurs, aux épanchements vocaux et instrumentaux puissants et subtils. Et dont pour une fois le lieu casadéen contraste avec une splendeur baroquissime qui sied bien à un Duomo d’au-delà des Alpes. C’est l’ensemble Collegium Vocale 1704 (Vaclav Luks) qui doit en faire sentir l’architecture antithétique, tandis qu’un Haendel plus austère, Israël en Egypte, est confié à un autre spécialiste des structures vivantes, Pierre Cao à la tête de son Arsys bourguignon augmenté (bonne mesure barocco-ibérique) de l’Orchestre de Séville… EncoreHaendel mais par fragments, sous le titre générique du Dixit Dominus (Vivaldi, Purcell) avec les Sarrebrückois du Concert Lorrain (Georg Grün), et extraits du Messie- tout de même, tout de même !- en miroir avec ceux du Te Deum de Charpentier : la gloire triomphante pour les Lyonnais du Concert de l’Hostel-Dieu (Franck-Emmanuel Comte).

La Giuditta, Fiordiligi et Dorabella
Jean-Sébastien Bach est un peu présent par « cantate et messes brèves » du Pygmalion que dirige Raphaël Pichon, et les Italiens sont toujours à l’honneur : grandiose conception de la polyphonie dans les Vêpres d’un Confesseur de Monteverdi (Akademia, Françoise Lasserre), et un peu plus rare, l’oratorio de Scarlatti (Alessandro), la Giuditta, où l’église du collège du Puy la mettra en espace pour le Baroque de Nice conduit par Gilbert Bezzina. Une part stimulante est réservée au Tchèque Zelenka, dont le Requiem pour Auguste II sera recréé par le Collegium Vocale de V.Lukas, décidément très présent cette année, et qui donne d’autres échos zelenkiens dans un autre concert également consacré à Bach. La célébration anniversaire de Haydn – qui pourrait encore l’ignorer en cet été 2009 ? -, se fait grâce à la Messe Nelson (qu’accompagne une partition de « Monsieur Frère », Michael), donnée par le Parlement de Musique (Martin Gester). Les Flamands et l’Orchestre d’Auvergne (Arie Van Beck) prennent en charge un Stabat Mater, tandis que A Venti met en lecture d’octuor Josef, Beethoven et Hummel. Du côté de chez Wolfgang, on s’interroge sur le sacré… amoureux par l’irremplaçable et troublant Cosi Fan Tutte, mais pas dans l’abbatiale, rassurez-vous âmes pieuses effarouchées, au Théâtre du Puy : les Eléments, le Cercle de l’Harmonie sont sous direction du chef mozartien qui monte, Jérémie Rohrer.

Mille e tre
A emploi paradoxal, les baroqueux Paul Mac Creesh et Giulano Carmignola vont en promenade romantique (Mendelssohn, et les moins visités Schoeck et Jaggi), tandis qu’Anima Eterna du rayonnant Jos van Immerseel fait éclater la lumière de l’Hymne à la Joie beethovénien dans la IX e et la IIe Symphonies. « Beethoven et son destin », c’est aussi le thème fort pré-romantique de la Chambre Philharmonique d’Emmanuel Krivine : la Ve, évidemment, » frappe à la porte », et le Triple Concerto répond aussi. Des « vrais » romantiques encore, et au piano d’où Barry Douglas dirige son orchestre (Camerata Ireland) pour Mendelssohn et Schumann. « Plus loin » dans la chronologie, deux massifs des Montagnes Sacrées : le Requiem de Verdi, qu’assume l’un des piliers de la cathédrale Chaise-Dieu, l’Ensemble d’Ukraine (Opéra National et Chœur de l’Académie, Orchestre de la Philharmonie de Kiev) vaillamment conduit par Mykola Dyadyura. Et par les mêmes (auxquels se joignent les Maîtrises de Saint-Jean à Lyon et du Puy), l’immensité de la Symphonie dite des Mille, par laquelle Mahler clôt le post-romantisme et tout un pan d’histoire de la musique.

Mère Méditerranée et le sacré d’aujourd’hui
Tout autre ton, en revenant aux origines : Les Eléments (Joël Suhubiette) va aux « sources de la (Mère) Méditerranée sacrée », avec des polyphonies anciennes et modernes, en grec ancien, araméen, latin et hébreu. Plus extraverti, le Viva Venezia de Doulce Mémoire (Denis Raisin-Dadre), mise en espace de la Ville-sur-l’Eau en Renaissance, et au contraire, par les mêmes, le très recueilli Requiem pour les Rois de France d’Eustache du Caurroy. Côté XXe et XXIe, plutôt des incursions en bariolage : la Guitare en Trio qui joint Britten et Dusapin à Dowland, les Passions Symphoniques de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon (son nouveau chef titulaire Kazushi Ono) où la théâtrale IIIe avec orgue de Saint-Saëns tutelle Prokofiev et Dutilleux, des polyphonies des temps modernes (Sequenza 9.3, Catherine Simonpietri) chez Messiaen, Duruflé, Britten, Escaich et Paulet. On pointera un début de révolution esthétique sur les plateaux quand Casa Dei tournera des séquences résolument et intégralement vouées à la rigueur d’écriture contemporaine et en recherche, et puis le sacré Polonais n’y est-il pas déjà, et depuis longtemps, acclimaté avec la présence de Penderecki ? Tout prend des décennies là-haut, et in saecula saeculorum, qu’il continue à en être ainsi, c’est aussi l’un des charmes de la profondeur obstinée !

La Chaise Dieu, 43e Festival. 33 concerts tous les jours du 19 au 30 août 2009. Abbatiale de la Chaise Dieu, Le Puy, Chamalières, Ambert , Brioude. Concerts à 10h30, 11h, 13h30, 15h, 16h, 17h, 21h. Présentations, concerts offerts, activités pédagogiques, improvisations à l’orgue.
Renseignements et réservations : T. 04 71 000 116 ; www.chaise-dieu.com

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