mercredi 14 mai 2025

Festival Bach en Drôme des Collines, Saint Donat (26). Du 18 au 28 juillet 2008

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Festival Bach

en Drôme des Collines

Saint Donat (26)

Du 18 au 28 juillet 2008

Six concerts autour du thème Bach et l’Italie. Une des aînées festivalières de France, la spécialisation J.S.Bach de Saint Donat, tout en gardant la présence très active de l’organiste Marie-Claire Alain, thématise autour de l’auteur tutélaire et de son inspiration italienne. Les Eléments de Joël Suhubiette, hors péninsule méridionale, font écouter l’indispensable intégrale des Motets…

Une illustre organiste
Vieille et noble institution festivalière française, une aînée qui dans les dossiers de presse laisse planer un certain doute – coquetterie ? – sur la précision d’année où jaillirent l’intuition puis la décision de créer une série de concerts : « Dans les années cinquante, (donc), il n’y avait pas d’orgue valable pour jouer la musique de Jean-Sébastien Bach. » (ndlr: c’était avant la réinvention-restauration de l’orgue barocco-classique français ?) « Henri Lémonon, médecin de Saint-Donat, décida de créer un orgue classique, avec le soutien du Colonel en Retraite Théophile Delaye et du Chanoine André Parrot, curé de la paroisse… » Le facteur (d’orgue, la précision est importante ici, voir 20 kms plus au nord et un § plus bas) germano-strasbourgeois Muhleisen mit donc au point un instrument digne de la noble cause organico-bachienne, « opérationnel » pour octobre 1962, date initiale de « Bach à Saint-Donat », et ensuite perfectionné par un 2e facteur, Schwendekel. L’essentiel est que l’organiste Marie-Claire Alain, illustre représentante d’une conception pré-baroqueuse de Bach (et d’ailleurs toujours demeurée indépendante dans ce domaine, où elle n’allait cesser d’œuvrer au concert et au disque-Erato, glorieuse intégrale) ait donné le départ d’une belle aventure aux rives de l’Herbasse, cette rivière de la Drôme des collines au nom sans poésie onomastique. « Cet événement, un immense succès de public, marque le début du soutien sans faille que la grande artiste apporte à la construction de l’orgue et au Festival qui naît alors : ses conseils pour l’orgue, la direction artistique du Festival et ses concerts ont largement contribué au renom du Festival. »

Les Facteurs vous conseillent de visiter un Palais Idéal
La fidélité demeurant l’un des caractères dominants de cette haute personnalité musicienne, Marie-Claire Alain a toujours honoré de ses conseils et d’une action concertiste annuelle un Festival qui sans elle ne se serait pas inscrit dans le paysage régional et national. 44 ans après la fondation festivalière proprement dite, il a quand même été ressenti la nécessité de renouveler quelque peu la physionomie de l’événement devenu estival, sans bien sûr lui enlever sa dominante bachienne. Depuis quelques années d’ailleurs, et en Drôme méridionale, le Festival de Saou se consacrait, lui, à Mozart, et dans une formulation plus moderne et délocalisée en châteaux prestigieux, aidée par l’insertion de thématiques : son côté para-provençal lui donne des atouts sans doute plus évidents que le pays moins séducteur et plus secret de Saint-Donat. Un atout non négligeable avait pourtant fait sa (ré)apparition depuis longtemps à une quinzaine de kms au nord sandonatien : c’est au coeur de la voisine Hauterives que le tourisme international a mis en valeur l’admirable Palais Idéal qu’édifia d’un labeur titanesque et avec sa simple brouette un facteur (des Postes), Ferdinand Cheval (mort en 1924). Le rêve, soigneusement remis en valeur, de cette folle construction constitue une des attractions majeures du tourisme intelligent de la région. Cet art brut – avant la dénomination par Dubuffet – « appartient de droit » aux surréalistes, certes peu sensibles à la musique-Bach, mais qui se seraient amusés d’une naissance – non loin de « leur » chef-d’œuvre – d’un point de ralliement sous l’impulsion de l’Armée (fût-elle en retraite galonnée, celle du Colonel Delaye) et de l’Eglise (le Chanoine Parrot), soutenues par la Médecine (le Docteur Lémonon)…

L’orgue de Marie-Claire et les Eléments

Si on se permet de fugitivement plaisanter, c’est aussi parce que le Festival – du moins dans sa comm’ de 2008 – ne semble pas faire grand cas du Palais Idéal : serait-ce rivalité de…clochers avec Hauterives ? On suggère néanmoins d’utiliser la métaphore du Palais, si analogue en sa délirante structure-et-décoration aux orgues les plus baroquissimes d’Europe Centrale et Méridionale : concerts-théâtre (sans orgue autre que portatif), travaux d’acoustique réverbérée et projetée, colloques et rencontres, que savons-nous ? En tout cas, le Festival qui sort désormais de sa belle Collégiale et son Palais (Delphinal, celui-là) pour une incursion au Prieuré de Manthes, un peu au nord…d’Hauterives, s’est donné un coup de jeune, il y a deux ans, en s’appelant « Bach en Drôme des Collines », et en thématisant un brin. 2008, voici Bach et l’Italie. Au concert terminal, Marie-Claire Alain fête toujours la clôture avec son inaltérable Cantor, et en miroir de Frescobaldi, Rossi et Vivaldi. En ouverture, c’est un autre organiste, Michel Robert – un généraliste du clavier qui fut élève de Vlado Perlemuter, René Saorgin et Pierre Cochereau – qui accompagne pour des œuvres de Bach le Chœur de la Drôme des Collines, dirigé par Didier Chpak. Ensuite, moment capital de la pensée de J.S.Bach : l’intégrale des Motets, ces pièces austères, d’une grandeur absolue, est confiée aux Eléments de Joël Suhubiette, un chef grand voyageur, passionné par la musique ancienne mais tout autant par notre temps. J.Suhubiuette dirigea en 2005 à Rome des pièces en hommage à Berio, et il a créé beaucoup d’œuvres de Ton That Tiêt à Hersant, Harvey, Paulet ou Fedele.

Inventions et une création

L’organiste Michel Robert revient en compagnie du hautboïste Philippe Grauvogel (soliste à Poitou-Charentes et à l’Itinéraire, partenaire privilégié de J.F.Zygel en Leçons de Musique) pour itinérer en Italie, de Bach à Marcello, Vivaldi et Albinoni. L’ensemble Les Inventions (dir. Patrick Ayrton, avec les chanteuses Lauren Armishaw et Nicola Wemyss) travaille sur Bach (Psaume 51) « adaptant » le Stabat de Pergolèse, fidèle à la vocation portée par son nom : « L’invention est aussi la première partie de la rhétorique, véritable épine dorsale de la musique ancienne, puisque dès le XVIIe, le compositeur est regardé comme un orateur. » A Manthes, c’est le Concert Arcadien de la contralto Florence Duchêne, de la violoncelliste Nathalie Jacquet et de la claveciniste Zsenka Ostadalova qui lui aussi italianise de Bach en Scarlatti et Vivaldi, avant de donner la parole à l’orateur du Trio, Florence Duchêne revenant en compositeur et interprète pour une œuvre en création. Cette dernière dimension est certainement l’une des ouvertures à suivre et encourager pour un Festival drômois à travers les collines d’hier et demain…

Festival Bach des Collines. Œuvres de J.S.Bach (1685-1750), orgue, Motets, Psaume 51, et de compositeurs italiens ( Marcello, Rossi, Frescobaldi, Vivaldi , Scarlatti…). Vendredi 18 juillet, mardi 22, jeudi 24, vendredi 25, lundi 28 à 21h, Collégiale de Saint-Donat ; dimanche 27, au Prieuré de Manthes, 21h. 25 juillet, 17h, rencontre avec Elise et Philippe Lesage autour du livre de Martin Petzoldt, « Ce 21 pmars 1745, J.S.Bach…. ». Exposition des peintures de Pascal Lombard. Information et réservation : T. 04 75 45 15 32 ; www.bach-en-drome-des-collines.eu

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