mardi 6 mai 2025

Festival Bach de Saint-Donat (26), du 17 au 28 juillet 2010

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( 26). Du 17 au 28 juillet 2010

A Saint Donat (26), le Festival Bach a lieu du samedi 17 au mercredi 28 juillet 2010. 8 concerts autour de l’orgue de la Collégiale. Bientôt un anniversaire d’un demi-siècle pour ce Festival qui a attaché son nom à l’inspiration de l’organiste Marie-Claire Alain et à son jeu sur l’orgue de la Collégiale, pour une célébration de J.S.Bach. Dans l’esprit de cet effort et tout en gardant une thématique dominante du Cantor (Passion selon Saint-Jean), l’édition 2010 est ouverte à des œuvres contemporaines, en la présence active de Thierry Escaich et Philippe Forget.

Une marraine d’honneur

Saint-Donat-sur-l’Herbasse, Hauterives, la Drôme des Collines, à qui pensez-vous en prononçant ces noms ? Jean-Sébastien Bach ? Marie-Claire Alain ? Le Facteur Cheval ? Mais oui, bien vu ! Encore qu’il y ait seulement proximité topographique entre le 2e et le 3 du 1er groupe de noms, et que la rigueur généralisée de la construction « bachienne » n’ait d’analogue qu’en antithèse avec l’artisanat rêveur du Facteur charriant sa pierraille pour édifier un Palais Idéal…Et l’organiste illustre, Marie-Claire Alain, n’est « plus que marraine d’honneur et de cœur » de ce Festival Bach à la fondation et à la continuation desquels elle s’attacha plusieurs dizaines d’années. En tout cas, les actuels animateurs du Festival se réfèrent à l’esprit initial dans la « fidélité », tout en considérant que « la modernité » pousse en avant. D’où, « depuis trois ans, une ouverture à la musique et aux artistes contemporains », et la présence primordiale du compositeur Thierry Escaich, qui n’aura eu qu’à « descendre » au sud après sa résidence de trois ans à l’Orchestre National de Lyon, pour un « parrainat 2010 ».

Le Père de la Musique et sa Passion

Ici l’orgue est l’instrument essentiel, on dirait que « tout est parti » de lui, et que tout y ramène : le souvenir agissant de M.C.Alain, la programmation toujours largement ouverte aux œuvres du Cantor, la filiation que rappellent les organistes invités – ainsi pour Olivier Vernet, qui fut élève de M.C.A -…Au fait, si on consulte les programmes des 8 concerts, toujours figure le nom de Bach, qui le soir de la clôture brille en solitaire avec sa Passion selon Saint Jean. Pater Profundus, Pater Aedificator, Père de la Musique, Pain Quotidien, les métaphores et les titres n’ont pas manqué depuis la mort, il y a 260 ans, de celui qui pourtant traversa entre 1750 et le début du XIXe une sorte de purgatoire (pour cause d’archaïsme dominant !), même si les plus hauts esprits de la composition ultérieure (Mozart, Beethoven) le révérèrent. Sans doute, et l’histoire des arts nous en offre des preuves, peut-il en aller ainsi des plus grands esprits créateurs, dont la nécessité parfois s’efface devant l’urgence qui semble démoder des aînés aux préoccupations austères, à moins qu’au contraire la trop insolente modernité d’un langage n’effraie pour longtemps. Donc, Bach du théâtre sacré : la Passion selon Saint Jean, confiée au Chœur Britten et à l’Ensemble Unisoni que dirige Nicole Corti, – l’un des grands chefs de chœur actuels, qui a exercé à la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, fondé le groupe vocal féminin Britten, créé de nombreuses partitions contemporaines, et succède en enseignement choral à Bernard Tétu au CNSMD de Lyon. La « Saint-Jean » est sans doute plus spectaculaire que la « Saint Matthieu » : le récit haletant,, les scènes de tumulte physique et psychologique, les temps de méditation à la fois extérieure et intériorisée (arias, chorals), le heurt très baroque des situations et des interrogations, du contrepoint et de l’ardente mélodie mènent le spectateur à un état d’exaltation. Lui donnent échos 2 Cantates (BWV 150 et 4 – Christ était dans les liens de la mort-) dans un autre concert avec les Solistes de Lyon-Bernard Tétu, que dirige le compositeur Philippe Forget. Les Paladins de Jérôme Corréas fait accomplir « un voyage imaginaire de Bach », qui, on le sait, ne voyagea justement pas ailleurs qu’en son Allemagne natale : c’est en France que « va » le Cantor, pour de fructueuses rencontres avec Charpentier, Leclair et Rameau…dont il ne méconnut d’ailleurs pas les œuvres lues (dans le réel) sur textes. Ailleurs, des duos célèbrent aussi Bach : orgue (Michel Robert) et David Guerrier (trompette), orgue(Thierry Escaich) et violoncelle (Christian-Pierre La Marca), violoncelle(Valérie Dulac)et…violoncelle (Frédéric Baldassare), clavecin –et-clavecin (les sœurs Nadja et Chani Lesaulnier) avec soprano (Jessica Jans). Les violoncellistes en duo visiteront –sur instruments ancien et moderne – le XVIIIe allemand et français (une rareté du compositeur Jean-Marie Raoul), puis iront vers l’aujourd’hui de Philippe Forget et Robert Pascal.

Thierry Escaich organiste et compositeur

Evoquer Bach peut encore s’accomplir à l’orgue, comme le fait Olivier Vernet après avoir joué Johann-Sebastian, en donnant la parole à Mendelssohn, Schumann et Gade, romantiques sous influence du Cantor. Mais il est intéressant d’attirer l’attention du mélomane-total-Bach sur ses « voisins » en chronologie (les Français ci-dessus nommés, des Italiens – D.Scarlatti -, d’autres Allemands – Haendel -), et aussi sur le bel aujourd’hui. Pour cela, rien de tel qu’un mélange à la fois raisonnable et imaginatif. Thierry Escaich, on l’a vu, joue un rôle important dans cette filiation-Bach : n’est-il pas organiste, l’un des plus brillants de sa génération (et pas seulement comme compositeur), successeur à Saint Etienne du Mont de Maurice Duruflé – qui, lui, sera cité dans le concert de Michel Robert pour un op.7 « sur le nom d’A.L.A.I.N », revoici Marie-Claire, la sœur très cadette de Jehan Alain, mort au combat il y a 70 ans…- , et qui pendant 3 ans de sa résidence lyonnaise a joué, avec satisfaction visible, le Cavaillé-Col grand spectacle de l’Auditorium ? D’où, pendant le concert du Parrain, des sonates violoncelle-orgue de Bach, une improvisation « Escaich », mais aussi, par le partenaire violoncelliste C.P. La Marca, un Cantus I (Escaich) et du Ligeti « derrière qui plane l’ombre de Bartok, objet de vénération… ». Au fait, si vous voulez en savoir davantage sur l’œuvre de ce compositeur, « indépendante de toute école, d’une personnalité forte et caractéristique », et qui ne refuse pas les séductions émotives ou virtuoses plaisant à un public large, vous suivrez la conférence d’une spécialiste, la musicologue Claire Demarche.( De même que pour les Cantates de Bach, allez écouter celui qui comprend et explique tout du Cantor, Gilles Cantagrel…). Et l’organiste animera fin août une Académie d’improvisation…

Philippe Forget, l’espace de sérénité recherchée

L’autre « contemporain » très présent , c’est Philippe Forget, un tout récent quadragénaire, très attaché à des actions pédagogiques – qu’il a exercées aussi bien auprès des enfants et des adolescents, en Bourgogne notamment – il y a fondé un Conservatoire au joli titre, Le Bateau Ivre – , que des étudiants, en France – assistant de Bernard Tétu à Lyon, avec ses Solistes de Lyon – ou au Brésil. Chef de chœurs et d’orchestre, il a secondé James Conlon à l’Opéra-Bastille et dirige en France et en Europe. Compositeur, il a écrit de la musique de chambre (un de ses quatuors avec piano est une « Estampe l’arbre et le vent » ), des mélodies (tiens, ici aussi : « De la lumière et d’eau »…), des pièces chorales (qui le ramènent à une inspiration libanaise), et aime les textes poétiques :Michel-Ange, Emily Dickinson… A Saint-Donat, il dirige « ses » Solistes de Lyon dans Charpentier et Bach, et pour une ses pièces, Complies, sur un texte de l’écrivain belge Henry Bauchau… : « un quasi-centenaire, complètement « non aligné », qui fut résistant en son propre pays contre l’occupant nazi, avocat, éditeur, enseignant, écrivain mais tardivement révélé par l’édition –Actes-Sud, entre autres-dont le Diotima et le Secret m’inspire pour un opéra : cette écriture est une suspension du temps entre deux respirations, une parenthèse faite de sensations où l’écoute des saisons offre à l’esprit un espace de sérénité ».

Festival Bach de Saint-Donat (26), du 17 au 28 juillet 2010. Saint-Donat, Romans, La Motte de Galaure, Anneyron. Concerts à 20h30 : samedi 17 ; mardi 20 ; mercredi 21 ; jeudi 22 ; vendredi 23 ; dimanche 25 ; lundi 26 ; mercredi 28. 5 conférences. Information et réservation : T. 04 75 45 15 32 ; ou www.bach-en-drome-des-collines.eu

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