lundi 5 mai 2025

Evasion à Lyon. Musique baroque: état des lieux

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Evasion baroque à Lyon
Institutions, concerts, lieux, personnalités…

Existe-t-il une scène baroque à Lyon?
Nous avons mené l’enquête. Plusieurs sanctuaires d’architecture et de décoration baroque (tempéré), un festival à l’orée de l’hiver, un groupe choral et instrumental permanent, plusieurs petites unités, une pédagogie forte et créatrice de capacités d’interprétation authentique : les atouts de Lyon dans ce domaine ne manquent pas. Classiquenews propose un état des lieux.
En une vision globale, qu’avons-nous dans le paysage baroque lyonnais? Une situation qui ici comme ailleurs singularise l’implantation encore embryonnaire du répertoire ancien… Aucune programmation d’envergure à l’affiche des grandes machines que sont l’Opéra et l’Auditorium. Pourtant les lieux ne manquent pas: Saint-Bruno, l’Hostel-Dieu et la Trinité, comme le clavecin Donzelague attestent du riche patrimoine d’une fière cité où naquirent quelques créateurs renommés tels Louis Marchand et les frères Leclair… Les initiateurs, ardents défenseurs de la lyre baroque ne manquent pas non plus: Eric Desnoues, créateur du Festival de Musique Baroque, Franck-Emmanuel Comte, directeur du Concert de l’Hostel-Dieu… les ensembles aussi, tels Les Boréades ou Céladon, mais le département de musique ancienne du Conservatoire National Supérieur de musique et de danse de Lyon n’est pas en reste, grâce en particulier, à l’activité du claveciniste Jean-Yves Rechsteiner… Et s’il fallait ne citer qu’un lieu et qu’une programmation, le Festival d’Ambronay rayonne aujourd’hui sur le territoire lyonnais, comme un électron libre, à vrai dire tout à fait autonome de la capitale des Gaules: il regroupe aujourd’hui chaque année, les acteurs les plus engagés de la scène baroque. Après notre évasion à Toulouse, réalisée en octobre 2007 au moment du Festival international Toulouse les orgues, voici une nouvelle étape musicale de nos visites en région.

Petit examen de la voûte céleste
Le baroque, ainsi qu’on le sait mieux désormais, vit et meurt et renaît sans trêve, cultivant la métamorphose et l’ostentation… Et l’immensité : on placera donc cette évasion sous le signe de la voûte étoilée, en restant évidemment dans l’environnement de la capitale-Lyon. On retiendra aussi, mais évidemment sans psycho-rigidité chronologique pour ce tour d’horizon céleste, les deux siècles européens où domine le baroque, – précisions-le : musical – , donc environ 1580-1780.

…et d’une très riche histoire entre Rhône et Saône
Et d’abord, puisqu’il s’agit avec le baroque d’extension permanente des arts les uns aux autres – ainsi que l’ont montré dès la fin du XIXe les « résurrecteurs, visuels d’abord, littérateurs ensuite, les musiciens ayant découvert cela en bons derniers, ne l’oublions pas ! – , regardons les lieux et moyens spécifiques, par rapport à l’authenticité. Lyon recèle dans ses bibliothèques des trésors de manuscrits, tout particulièrement italiens. La ville a vu naître non seulement Louis Marchand et les frères Leclair (deux Jean-Marie, et le plus célèbre, assassiné à Paris…), mais aussi N.A. Bergiron, F.Estienne,, J.B.Gouffet. Si elle est glorieusement armaturée d’architecture antique, médiévale et renaissante, le domaine baroque y a moins d’ampleur. Et d’ailleurs entre Rhône et Saône, ce n’est pas Italie ou Espagne : le baroque architectural et décoratif y offre un air mâtiné de classique, et se réserve : modération toute française « du nord », sans exubérance. Des trois sanctuaires répondant à l’appellation et pouvant abriter des concerts, Saint-Bruno (sur le plateau de la Croix-Rousse) a l’intérieur le plus « fleuri », mais ce n’est point folie…Les deux autres sont des chapelles, enclavées dans des ensembles… de soin des corps (l’Hôtel-Dieu) ou de progrès des esprits (collège de la Trinité, devenu lycée Ampère). Là où le baroque lyonnais est « faible », c’est dans le domaine de l’orgue, bien davantage ensuite illustré par des instruments du « symphonique lourd XIXe ». Pour les jeux de mains sur clavier, il a en revanche un magnifique instrument du début XVIIIe, restauré grâce au mécénat, le clavecin du facteur Pierre Donzelague qui fut très lié à Rameau avant son départ pour Paris. L’école lyonnaise de fabrication d’instruments brillait d’ailleurs d’un exceptionnel éclat au XVIIe et au XVIIIe., et la restauration du « Donzelague » demeure un élément de belle qualité pour l’exercice baroqueux à Lyon, s’il n’y fallait mettre un bémol. Car si l’instrument, conservé au Musée des Arts Décoratifs et des Tissus, a été joué – avec joie, selon les artistes invités comme Scott Ross, Gustav Leonhardt, Christophe Rousset, Olivier Beaumont -, il est actuellement en semi-repos. Ses fragilités appelleraient une nouvelle restauration – dans des limites encore à définir – et le Musée, qui n’a de toute façon pas les moyens à son égard d’une « politique de plein emploi », en limite la plupart du temps l’usage à des « démonstrations » musicales dans le cadre des visites, trois clavecinistes venus du CNSM assurant ce « service minimum », hors concerts. On espère que reviendra le temps où par exemple une Académie de musique baroque ( s’y retrouvaient le futur « patron » de la Trinité, Eric .Desnoues et la claveciniste Marie-Christiane Pinget) le faisait mettre au cœur des activités musicales lyonnaises.

Sommaire de notre évasion à Lyon, « la scène baroque »
Acte I: Des Planètes affaiblies
Acte II: Un Saint-Marc de Venise sur la presqu’île lyonnaise?
Acte III: Un Hostel-Dieu hors les murs
Acte IV: De Boréades en Céladon
Acte V: Un rayonnement pédagogique
Conclusion: Des portions de ciel clairsemées?

Agenda
Festival de Musique Baroque de Lyon, Chapelle de la Trinité. Mercredi 18 décembre , 20h30 : Giuliano Carmignola, Venice Baroque (A.Marcon), Vivaldi et Corelli. T. 04 78 38 09 09 ; www.lachapelle-lyon.org
Marc-Antoine Charpentier, Messe de minuit et Magnificat. Concert de l’Hostel Dieu, dir. F.E.Comte. Eglise Saint Paul. Mardi 18, mercredi 19 et jeudi 2 décembre, 20h30 . T. 04 78 42 27 78 ; www.concert-hosteldieu.com

Nuit de Noël au temps du Roi Soleil (Charpentier, Delalande, Corrette, Le Bègue…). Chœur à la Française, Ensemble Baroque de Lyon, dir. Rémy Fombon. Eglise de Charbonnières. Mercredi 19 décembre, 20h30. T. 06 80 00 29 06

La basse continue dans la musique de clavier baroque : atelier du département musique ancienne au CNSM, carte blanche aux professeurs (Odile Edouard, Dirk Boerner, Yves Rechsteiner, Philippe Despont), concert : mardi 15 janvier 2008, 18h et 20h30. T 04 72 19 26 61 ; www.cnsmd-lyon.fr

Crédits photographiques: voûtes peintes de la Chapelle de la Trinité à Lyon (DR)

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