Alexandre Tharaud
joue
Satie
Tournée Erik Satie
Du 9 février au 14 mars 2009
C’est de Madeleine Milhaud, proche de Satie que Alexandre Tharaud a su décrypté la forme musicale d’un artiste trop entaché de légendes et d’anecdotes. L’ascète d’Arcueil qui vivait dans un immeuble misrable aujoud’hui détruit, collectionnait les faux cols et les parapluies jusqu’à l’obsession, travers de vieux garçon (?) demeure un être réservé, et son oeuvre, une « curiosité » réduite à l’énoncé de quelques généralités assez dépréciatives. quand ses amis ouvre enfin l’apaprtement dont l’accès leur était inconnu et de toute façon interdit, ils y découvrent un bric à brac indescriptible où gisent carcasses de pianos (inutilisables), surtout quantité de dessins « surréalistes » et fantastiques, partitions remisées, paquets de lettres que le musicien avait reçu et qu’il n’avait jamais ouvert !
Génie de l’absence, poète du silence

L’incongruité du musicien se manifeste par sa carrière d’autodidacte. Ni Conservatoire ni maître déclaré, mais une inspiration neuve, à part, née d’un tempérament singulier: John Cage se déclare pour sa part fils de Satie car le compositeur savait oser et surprendre pour servir les exigences de sa propre esthétique.
Compositeur populaire (auteur de nombreuses chansons entonnées à Montmartre), adepte dès ses débuts, du cinéma (musique du film de René Clair, Entracte, préfiguration du système répétitif de Steve Reich!), Satie détone, étonne, surprend, saisit. Ses audaces sont personnelles, et s’il annote ses partitions de nombreux truismes facétieux surprenants qui déconcertent parce qu’ils enrichissent l’interprétation, l’homme et l’artiste demeurent à dessein dans l’ombre, dans l’effacement permanent. Serait-il finalement sombre ? En rien, porteur de cet humour franc qui illumine les partitions de Poulenc par exemple…
Aujourd’hui, Alexandre Tharaud dévoile les autres partitions de Satie dont l’oeuvre ne se limite pas aux Gymnopédies et aux Gnossiennes.
Autour de ces dernières, le pianiste ajoute les oeuvres de musique de chambre (dont celles jouées à 4 mains avec Eric Lesage et Isabelle Faust au violon) en un double coffret édité par Harmonia Mundi, « Erik Satie, avant dernières pensées, 2 cd HM).
Le pianiste français dévoile plusieurs oeuvres méconnues tels Cinéma, La Belle Excentrique, les inestimables Morceaux en forme de poire, La Statue retrouvée (avec David Guerrier, trompette), les mélodies (avec le ténor Jean Delescluse, et la chanteuse Juliette). Autant d’oeuvres et de partitions oubliées ou à redécouvrir que Alexandre Tharaud joue au concert jusqu’au 14 mars 2009.
Erik Satie. Né à Honfleur en 1866, Satie compose à 22 ans les Gymnopédies. Sa rencontre avec le Sâr Péladan se révèle décisive: le musicien est traversé par une révélation mystique. En 1917 (51 ans), Satie compose la musique du ballet Parade avec Cocteau (décors de Picasso). Il collabore encore avec le peintre pour son autre ballet Mercure, en 1924.
Approfondir
Lire le portrait imaginaire dont la matière s’inspire des lettres de la correspondance du musicien de Richard Skinner, « Le Gentleman de Velours », paru aux Editions Autrement (mai 2008).
Tournée Erik Satie
par Alexandre Tharaud, piano.
Le 8 février 2009, Journée Erik Satie à la Cité de la musique de paris, de 11h à minuit.
Le 9 février 2009 à Gap (théâtre de la passerelle, 20h30),
Le 10 février à Aix en Provence, Grand Théâtre, 20h30),
Le 11 février à Besançon (Théâtre musical, 20h30),
Le 13 février à Bordeaux (Théâtre des Quatre Saisons, 20h30),
Le 14 février à La Rochelle (La Coursive, 20h30),
Le 27 février à Rennes (Opéra, 18h),
Le 4 mars à Saint-Brieuc (La Passerelle, 20h30),
Le 14 mars à Rouen (Opéra, 20h).
Illustrations: Alexandre Tharaud, l’artiste dans sa chambre par Santiago Rusinol, Erik Satie (DR)