vendredi 6 décembre 2024

ENTRETIEN avec le compositeur Stéphane LEACH, à propos de son nouvel opéra « Le métronome de nos errances », création mondiale programmée du 6 au 9 nov prochains

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A partir du livret de Babouillec, auteure autiste, aux fulgurances poétiques inspirantes, le compositeur Stéphane Leach compose une partition nouvelle, un opéra qui mêle les formes et les genres : « Le métronome de nos errances« . La création programmée du 6 au 9 nov prochains, réalise une première version du spectacle, où le dialogue convoqué et les enjeux de la communication questionnent le sujet de la conversation. L’écoute, la compréhension, le partage sont au cœur d’un ouvrage inédit qui interroge aussi les formes mêmes du dispositif opératique.
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Portrait de Stéphane Leach © Dominique Cherprenet

 

 

CLASSIQUENEWS : Les prochaines représentations sont-elles la création de votre opéra ? Avez vous modifié ou affiné pour la première certains points de la partition ? Pour quelles raisons ?

STÉPHANE LEACH : Oui, les représentations au théâtre de l’Opprimé sont l’aboutissement d’un long travail et nous présentons la première phase de la création de cet opéra, sous cette forme avec des éléments scéniques simples, en mettant l’accent sur la lumière. Par la suite, nous pourrons, avec plus de moyens, développer la scénographie et les costumes pour une version totalement aboutie. Le livret de Babouillec, auteure autiste reconnue,  a été écrit, à ma demande,  il y a déjà 7 ans, le processus compositionnel n’a cessé d’évoluer jusqu’à aujourd’hui. La partition a aussi évolué avec les répétitions et les chanteurs, leur voix, la présence de l’accordéon et du glassharmonica, la dramaturgie, la mise en scène. C’est un travail d’écoute et d’adaptation, le spectacle se révèle et nous guide, on passe de l’étape dirigiste et volontaire à une étape où les divers éléments se répondent, dialoguent, s’ajustent et nous indiquent la direction à prendre. Tout cela se traduit dans la musique, la mise en scène et l’ensemble des éléments constituant le spectacle.

 

CLASSIQUENEWS : Que renforce la musique pendant le spectacle ? Favorisez-vous certains personnages ou certaines situations ? Quels thèmes / quels sujets vous ont intéressé comme compositeur ?

STÉPHANE LEACH : Toute musique devrait permettre à l’auditeur, au spectateur, de l’amener à une écoute libératrice,  de le disposer à un voyage intérieur de grande intensité  et, par l’émotion, de le conduire à écouter, de souligner et de rendre clair et audible le livret, qu’il soit parlé ou chanté. Le texte de Babouillec n’est pas linéaire et logique comme peuvent souvent nous conduire nos pensées rationnelles. Il est sujet à fulgurances, à des évidences, à des images poétiques bouleversantes. La musique contribue en partie à cet univers, tout comme la mise en scène, la scénographie, la lumière, les costumes et maquillages et bien sûr la qualité des interprètes. Je ne favorise pas particulièrement certains personnages, mais je crée musicalement des couleurs qui permettent de rendre compte des diverses situations. J’ai pris le texte dans sa totalité, en abordant les différents thèmes avec des couleurs musicales en résonance aux situations.

 

CLASSIQUENEWS : Que dévoile et concrétise l’opéra, du livret proprement dit ? Que mettez vous en lumière sur le plan musical ?

STÉPHANE LEACH : L’opéra dévoile la possibilité à l’être humain de partager malgré tout leur propre expérience, d’écouter l’autre avec tolérance et générosité.
« Enlever vos masques, enlever vos casques ». Les quatre personnages portent le nom de leur personnalité: Certitude Rieuse est la voisine un peu folle dingue habitée par cette énergie si précieuse de l’amour et de la Joie ; les soucis glissent sur elle, mais elle se rendra compte que la vie est plus riche et complexe. Doute Onirique, le poète tourmenté qui vit dans ses affres et ses angoisses, réussira à sortir de cet état par le masque, le théâtre.  Indifférence ne comprend pas la spontanéité et la liberté des artistes. Son monde est régi par des normes, par le Métronome, l’instrument de la mesure. Choeur est comme le choeur antique, celui qui sait, qui acte et qui propose. C’est le démiurge de l’histoire. La musique met en lumière les différents personnages, mais aussi les diverses situations vécues.

 

CLASSIQUENEWS : La forme vocale est multiple : parlé, chanté,… comment se réalise l’intensité du débat entre les personnages ? En quoi cela vous inspire musicalement ?

STÉPHANE LEACH : Oui, j’aime la diversité des langues et des propos musicaux. J’ai beaucoup écrit pour le théâtre et aime proposer des univers musicaux variés et en correspondance avec la richesse infinie de notre monde. Le texte revient souvent de manière parfois répétitive, la musique donne l’intensité nécessaire à l’absorption du texte. Ce qui m’inspire est l’incessant dialogue musique- texte. L’alternance chant et texte parlé ponctue et donne une respiration et une clarté. J’ai été aidé pour cela par un dramaturge, Eugène Fresnel qui m’a beaucoup aidé à trouver la structure et l’équilibre chant-voix parlé.

 

CLASSIQUENEWS : Quelles qualités appréciez-vous dans le texte de Babouillec ? Avez vous pu façonner le texte en fonction du spectacle musical avec l’auteure ?

STÉPHANE LEACH : Je suis saisi par son audace,  sa liberté, sa manière de nous provoquer, de nous amener à des évidences, des fulgurances, je suis saisi par sa poésie, et par l’ouverture de ses propos. Nous découvrons toujours un nouvel éclairage au fil des relectures et des répétitions ; c’est un monde en mouvement perpétuel. Non, Hélène Babouillec a écrit le texte il y a déjà longtemps et très rapidement sans jamais revenir en arrière. Il y a eu ensuite les ajouts des didascalies dans le texte édité, J’avais le texte à l’état brut, toute liberté et sa confiance pour composer. Son enthousiasme et son être soi ont été révélateurs et très inspirants.

 

Propos recueillis en octobre 2024

 

 

Portrait de Stéphane Leach © Dominique Cherprenet

 

 

Agenda

PARIS, Théâtre de l’Opprimé. Stéphane LEACH : Le Métronome de nos errances, 6 > 9 nov 2024 (création). Babouillec, Stéphane Leach, Compagnie ArtOm, Karine Laleu… LIRE notre présentation de l’opéra Le Métronome de nos errances, création mondiale : https://www.classiquenews.com/paris-theatre-de-lopprime-le-metronome-de-nos-errances-6-9-nov-2024-babouillec-stephane-leach-compagnie-artom-karine-laleu/

 

PARIS, Théâtre de l’Opprimé. Le Métronome de nos errances, 6 > 9 nov 2024 (création). Babouillec, Stéphane Leach, Compagnie ArtOm, Karine Laleu…

 

 

 

 

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