CLASSIQUENEWS : Comment se décompose votre nouvelle pièce « Rêveries baroques » ?
MARC KOWALCZYK : L’œuvre est composée de 7 séquences ; elle est conçue dans l’esprit d’une Fantaisie ; c’est une série de variations sur une marche harmonique (inspirée de la Passacaille en sol mineur de Haendel) ; je joue avec les styles et les formes ; le début est une entrée plutôt romantique quand le thème principal, claire référence baroque, est ouvertement inspiré de JS Bach (son Prélude en do mineur) ; c’est le seul motif qui paraît 2 fois (exposition puis réexposition)… La fin est plus évocatrice encore, une sorte de romantisme, comme une dernière vague qui s’évapore…
Marc Kowalczyk / © Christophe Martin
CLASSIQUENEWS : Quelles indications apporteriez-vous aux pianistes qui vous demanderaient comment l’interpréter ?
MARC KOWALCZYK : Le début doit être joué comme une succession de gouttes de pluie ; les accords plaqués répétés qui préludent à l’énoncé de la marche, doivent être égrenés de façon romantique avec des variations de vitesse, des effets de gonflement dans les nuances, donc de manière variée, sans répétition sèche ni mécanique ; là encore je pense à des vagues.
Le thème inspiré du Prélude en do mineur de Bach doit se détacher nettement, sans trop marquer la basse ; j’ai soigné la polyphonie dans ce passage et souhaite entendre la beauté de la mélodie ; l’interprète est tenté de jouer ce passage vite, au détriment de la mélodie ; or justement, a contrario, il est important de faire chanter la ligne mélodique.
De façon synthétique, j’ai écrit la pièce en pensant à toutes les techniques pianistiques ; le plan technique et virtuose est évidemment fondamental, mais la finesse d’approche et la sensibilité sont tout aussi importantes. Je l’ai intitulée « Rêveries baroques », notez le pluriel ; elle présente une grande palette d’effets mais surtout c’est une fantaisie où l’imaginaire et la suggestion doivent être permanents. C’est en cela une œuvre très riche qui plaît aux pianistes car ils en mesurent les possibilités, autant sur le plan technique que poétique.
UNE LARGE DIFFUSION POUR FAIRE JOUER
ET FAIRE CONNAÎTRE L’ÉCRITURE CONTEMPORAINE
Déjà avec sa pièce intitulé Anatoll, Marc Kowalczyk avait réalisé tout un dispositif participatif impliquant pour la création de sa partition, pas moins de 15 personnes plus ou moins sensibilisées à la musique classique. Son but est de rétablir ce lien rompu entre les compositeurs actuels et le public. La musique classique n’a pas l’aura que la variété suscite naturellement chez les jeunes.
MARC KOWALCZYK : « La situation est encore plus critique dans le cas de la musique contemporaine, laquelle est suivie par une poignée de connaisseurs et programmée à dose homéopathique entre deux œuvres du répertoire. Il faut changer tout cela sans quoi les compositeurs n’auront pour vocation que d’écrire des œuvres pour eux mêmes, sans aucune connexion avec le monde actuel.
Rêveries baroques depuis sa création en janvier 2023 est jouée partout dans le monde ; récemment en ouverture du Festival de piano de Malte [La Valette, le 16 août] ; puis le 22 septembre à Paris par Romain Hervé ; je serai d’ailleurs à ses côtés pour transmettre quelques clés pour l’interprétation de l’œuvre. Le 4 octobre prochain au Grand Rex, l’orchestre des Petites mains symphoniques assurera la création mondiale de sa version orchestrale, une façon de développer davantage sa dimension sensible et sa puissance émotionnelle.
Avec mon éditeur Sylvain Kuntzmann / L’Octanphare, nous souhaitons exposer auprès d’un très grand public la partition ; aux côtés des pianistes professionnels qui l’ont déjà adoptée, il s’agit de sensibiliser l’œuvre et sa réalisation à tous quelque soit sa maîtrise du solfège… En cela les tutoriaux en cours (il y en aura 7 ; chacun dédié à l’une des 7 séquences que j’ai évoquées), sont un excellent moyen de se familiariser avec la pièce. C’est une clé d’accès au langage contemporain et à la musique classique. Grâce aux réseaux sociaux, aux nombreuses vidéos réalisées par les pianistes ambassadeurs qui se sont filmés et qui postent leurs clips sur YouTube, de plus en plus de mélomanes novices, curieux, néophytes, la découvrent ; se passionnent pour la pièce ; ils suivent les explications et entendent les exécutions. L’enthousiasme suscité et les réactions qui proviennent du monde entier témoignent d’une grande curiosité. Tout cela va dans le sens d’une démocratisation de la musique dite « savante ». Il faut casser les frontières, renouveler les approches traditionnelles. Il faut tout faire pour éviter que le classique ne meurt avec son public qui vieillit inéluctablement. Mon but est de prouver combien la musique contemporaine est accessible et facile, combien elle fait partie de la société. Elle s’adresse à tous, quelques soit son âge et son niveau de connaissance musicale ».
D’après les propos recueillis en août 2023
AGENDA
Le 4 oct 2023 (19h) : création mondiale de Rêveries baroques, version pour orchestre, arrangement Sylvain Kuntzmann – Par l’Orchestre Petites mains symphoniques / Eric du Faý, direction.
Paris, Grand Rex – avec l’association Aviation Sans Frontières et la présence de Thomas Pesquet et Anggun
RÉSERVEZ VOS PLACES :
https://www.aerobuzz.fr/breves-culture-aero/rever-sans-frontieres-le-gala-daviation-sans-frontieres-au-grand-rex/
Présentation de Rêveries Baroques
LIRE aussi notre présentation générale de Rêveries Baroques, nouvelle partition du compositeur Marc Kowalczyk : https://www.classiquenews.com/musique-contemporaine-marc-kowalczyk-reveries-baroques-ete-2023/
MUSIQUE CONTEMPORAINE. Marc Kowalczyk : Rêveries Baroques (été 2023)