Ensemble Orchestral de Paris
Saison 2007-2008
Barber, Wyner, Gottlieb, Adams, Bernstein
Mardi 11 décembre 2007
Paris, Théâtre des Champs-Élysées à 20h
John Nelson, direction
Jay Gottlieb, piano
Samuel Barber (1910-1981): Adagio pour cordes (extrait du Quatuor op. 11)
Composition : 1936 (version pour quatuor), 1938 (version pour orchestre à cordes)
Yehudi Wyner (né en 1929): Concerto pour piano « Chiavi in mano »
Composition : 2004. Création : février 2005, à Boston
Jay Gottlieb (né en 1954): Improvisations sur des thèmes fournis par le public
John Adams (né en 1947): Eros Piano, concerto
Composition : 1989
Leonard Bernstein (1918-1990): On the Town : Three Dances Episode
Création : décembre 1944, à New York (comédie musicale)
The Great Lover, Lonely Town (pas de deux), Time Square : 1944
Un concert américain
Samuel Barber a composé son Adagio pour cordes en 1936, une partition qui fait partie de son Quatuor op. 11. De formation classique, le compositeur atteint un sentiment intense de suspension quasi hypnotique. La série d’accords semble décomposer l’idée du mouvement mais renforce a contrario l’intensité émotionnelle qui plonge dans la mélancolie. Le volet doit sa célébrité à son utilisation dans de nombreuses oeuvres cinématographiques dont Elephant man de David Lynch. Arturo Toscanini crée avec l’orchestre de la NBC, la version pour orchestre de l’adagio, à New York, le 5 novembre 1938.
Comme son maître Paul Hindemith, la canadien né en 1929, Yehudi Wyner revendique son indépendance de style, affirmant une liberté personnelle qui ne se réclame d’aucune école ni filiation esthétique. Le Concerto pour piano « Chiavi in mano », composé à Rome pendant l’été 2004 pour Robert Levin et l’Orchestre de Boston, répond à son exigence tournée vers la seule beauté et l’extrême simplicité du jeu pianistique qui écarte tout effet de manche et toute virtuosité. L’auteur y développe des thèmes authentiquement américains, empruntant au rock, à la pop, associés à des aliages plus classiques.
Jay Gottlieb, improvisateur inspiré
Au Théâtre des Champs Elysées, Jay Gottlieb improvise en étroite interaction avec le public de la salle.
« Il y aura deux moteurs d’improvisation. Je demanderai tout d’abord, à 6 ou 7 personnes au hasard de me donner des notes de musique que je vais jouer dans l’ordre. Ce sera le thème à partir duquel je vais improviser », précise le pianiste. « L’autre thème consistera à demander à la salle le nom d’une chanson ou d’un air américain connu et d’autres personnes suggéreront le nom d’un compositeur qui va définir le style de l’improvisation. Je me lance spontanément, sans réfléchir. C’est risqué, (du trapèze sans filet !), mais j’ai confiance et je prie pour que tous mes réflexes et mes connaissances se conjuguent pour le meilleur« . La maîtrise et l’instinct qui permettent aujourd’hui à Jay Gottlieb d’oser en concert ce que peu d’interprètes réalisent, s’appuient sur un solide métier.
Lauréat de la Fondation Menuhin, Jay Gottlieb est né à New York. C’est là qu’il poursuit son apprentissage musical (High School of Performing Art, Juilliard School et Harvard). Comme de nombreux compositeurs américains, il reçoit le choc de l’enseignement de Nadia Boulanger. Comme pianiste, l’interprète a créé de nombreuses oeuvres contemporaines: la Sonate de Xenakis, les Etudes de Magnus Linberg ou le Concerto-Fantaisie de Betsy Jolas. Jay Gottlieb s’engage pour la diffusion de la musique américaine. A ce titre, il inscrit régulièrement de nombreux compositeurs américains au programme de ses concerts: Charles Ives, John Adams, Philip Glass, John Cage.
Dédié à la mémoire de Morton Feldman (1926-1987), le concerto de John Adam Eros Piano illustre musicalement les propres paroles de John Cage qui définissait la musique de Feldman comme « érotique » et « héroïque ». En poète du silence et des microclimats, Adams souligne l’éloquence du murmure et de l’intime… sur les traces de Tori Takemitsu (1930-1996) dont le compositeur en maints endroits fait mention.
Broadway, décembre 1944: le public se bouscule pour écouter la comédie musicale de Leonard Bernstein (1918-1990) On The Town, (mise en scène et chorégraphie: George Abbott et Jerome Robbins). C’est un triomphe, suscitant plus de 460 représentations. Le même duo Robbins/Bernstein allait récidiver, avec le même succès, en 1957, pour West Side Story (porté à l’écran en 1961). Le compositeur sait renouveller le langage classique en réinventant une écriture libre, sensuelle, féline à partir des rythmes de danses. Son inspiration géniale renouvelle radicalement le genre de la comédie musicale, la portant vers la profondeur et la tension poétique de l’opéra.
Crédit photographique: Leonard Bernstein (DR)