lundi 12 mai 2025

Eglise de Durtal, Jeudi 23 août 2007. 29ème Festival de Musique baroque de Sablé-sur-Sarthe. Concert Buxtehude. La Chapelle Rhénane

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La Chapelle Rhénane, dirigée par Benoît Haller, avait programmé pour son concert du Festival de Sablé l’immense cycle de cantates Membra Jesu Nostri de Buxtehude, dont nous fêtons le 300ème anniversaire de la mort cette année. Ce cycle est considéré comme le chef d’œuvre de son auteur. Il fut composé en 1680 et dédié à Gustav Düben, maître de chapelle du roi de Suède à Stockholm. Divisé en sept parties, chacune d’elles évoque l’un des membres de notre Seigneur Jesus-Christ en croix – les pieds, les genoux, les mains, le côté, la poitrine, le cœur, le visage – et respecte un schéma formel identique : trois airs de solistes se finissant par une ritournelle instumentale se succèdent, faisant suite au chœur d’entrée, lui-même repris à la fin de la section. Austères, insaississables, d’une grande subtilité, les Membra Jesu Nostri de Buxtehude nécessitent à la fois des interprètes, un imaginaire riche et inépuisable, des interprètes-coloristes inventifs mais jamais démonstratifs. C’est sans doute la raison pour laquelle de nombreux musiciens depuis quelques années livrent leur vision de cette œuvre au disque ou au concert, comme un défi à la beauté.
La Chapelle Rhénane privilégiait à notre sens le dramatisme au dolorisme tragique, l’engagement physique à la respiration globale, sans que, pour autant, l’auditeur se rende totalement compte de la finesse et de la transparence ineffable des textures instrumentales. En outre, la lisibilité du texte est très nettement perfectible ; sans chercher la caratérisation « outrancière », ce que déplore à juste titre Benoît Haller dans son excellent texte de présentation du programme du festival, il est néanmoins possible d’être plus compréhensible, plus attentif aux mots, et donc d’en traduire plus précisément toute la diversité signifiante. A ce titre, seule Stéphanie Révidat, merveilleuse deuxième soprano – quelle voix à la fois pure, sincère et lumineuse ! – était à la hauteur des ambitions de l’œuvre. Ni ses collègues – Benoît Arnould (son émission pâteuse et la voix un peu ingrate constrastaient singulièrement avec nos beaux souvenirs des années précédentes), Benoît Haller, déjà très occupé à diriger – ni les violons, trop souvent à la limite de la justesse, n’ont convaincu. L’acoustique assez sèche de l’église de Durtal perturbait-elle les interprètes ? Néanmoins, la Chapelle Rhénane pourra prendre le temps d’approfondir sa conception de l’œuvre avant son prochain enregistrement, et son exploration de l’œuvre de Johann Sebastian Bach.

CD
Membra Jesu Nostri – Société Bach des Pays-Bas, Jos von Veldhoven – Channel Classics (paru en octobre 2006) (distr. Abeille Musique)
Membra Jesu Nostri – English Baroque Soloists, Monteverdi Choir – John Eliot Gardiner – Erato (distr. Warner Classics, indisponible)
Nous signalons aux amoureux de Dietrich Buxtehude (1637-1707), dont l’œuvre reste encore l’une des plus méconnues de la fin du XVIIème siècle (mais il n’est pas le seul, que dire de Nikolaus Bruhns, l’un des plus grands….) que le claveciniste, organiste et chef d’orchestre néerlandais Ton Koopman a entrepris l’enregistrement de l’œuvre intégrale du compositeur pour le label Challenge Classics distribué par Harmonia Mundi. Les deux premiers volumes sont parus au printemps 2007 :
Das Jüngste Gericht – Solistes, The Amsterdam Baroque Orchestra & Choir, Ton Koopman CC 72241
Œuvres pour clavecin, vol. I – Ton Koopman – CC 72240
Signalons que Ton Koopman a déjà gravé par le passé deux albums légendaires consacrés au compositeur qu’il faut absolument posséder : Anthologie de cantates – Solistes, The Amsterdam Baroque Orchestra & Choir, Ton Koopman – Erato (fin années 1980) (indisponible),
Œuvres pour orgue – Ton Koopman – Novalis 1991 (indisponible)

29ème Festival de Sablé. Eglise de Durtal. Jeudi 23 août 2007 à 17h. Samuel Capricornus (1628-1665) : O amor, qui semper ardes, motet pour haute-contre, ténor, basse, ensemble à cordes et basse continue, extrait de Theatrum Musicum. O Traurigkeit, o Herzeleid, motet pour deux sopranos, ensemble à cordes et basse continue, extrait de Lieder vom dem Leyden und Tode Jesu. Dietrich Buxtehude (1637-1707) : Sonate en ut majeur pour deux violons, viole de gambe & basse continue. Membra Jesu Nostri, cycle de cantates sur la Passion du Christ (Ad pedes, Ad genua, Ad manus, Ad latus, Ad pectus, Ad cor, Ad faciem).
La Chapelle Rhénane (Tanya Aspelmeier, soprano I ; Stéphanie Révidat, soprano II ; contre-ténor ; Benoît Haller, ténor ; Benoît Arnould, basse). Benoît Haller, direction

Crédit photographique
Stéphanie Révidat © 2007

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