Dossier cadeaux de Noël 2007
Cd et Livres Jeunesse
Des livres comme s’il en pleuvait. Aucun doute en terme de créativité, iconographique et éditoriale, le livre de jeunesse remporte depuis quelques années les palmes d’honneur. Dessins enchanteurs qui excitent l’imaginaire, cd complémentaire dont le récit et les extraits sonores accompagnent la délectation des pages illustrées… Le livre cd est devenu un objet de découverte qui s’impose aux familles, outil onirique et culturel dont le sujet enchante les sens. Gallimard Jeunesse, Didier Jeunesse, Intrada, et aussi parmi nos colis reçus à la rédaction de classiquenews.com, des cd seuls pour l’enchantement des petits et des grands comme cette Boîte à joujoux, racontée par Natalie Dessay et interprétée dans son orchestration originale, souhaitée par Debussy…. Découvrez notre sélection.
1. La Boîte à Joujoux (1 cd Didier Jeunesse)
La réalisation est exemplaire: voici l’orchestration originale d’une oeuvre élaborée par Debussy à partir d’un livre d’images. La boîte à joujoux est un ballet composé en 1913, d’après les confidences « arrachées » aux vieilles poupées de Chouchou, la fille du compositeur. C’est André Caplet qui achèvera la version orchestrale laissée inaboutie par l’auteur. Natalie Dessay prête sa voix diamantine et articulée au récit (texte de Rascal) de cette péripétie de climats caractérisés qui met en scène le méchant Polichinelle, le soldat obstiné, la douce Chouchou… Didier Jeunesse réédite une enregistrement déjà ancien, paru en 2005. La qualité de l’interprétation (Ensemble Agora) justifie amplement la réédition en cd seul. Le raffinement de l’orchestration et la délicatesse des mélodies rappellent l’enchantement de Children’s corner, que l’auteur avait précédemment composé pour sa fille chérie, en 1907. La richesse évocatoire des instrumentistes est un éblouissement de couleurs et de timbres mêlés, un jardin des délices qui excite l’imaginaire et régale les oreilles. Les mélomanes en herbe ne peuvent trouver meilleure approche à la musique. A noter que les mêmes interprètes jouent la partition à l’Opéra-Comique à Paris, les 23 (11h), 25 (14h30 et 16 h) décembre 2007.
2. La Callas, une invitation au voyage (Livre-cd, Didier Jeunesse)
Didier Jeunesse frappe plus fort encore avec cette publication en grand format qui s’adresse aux mélomanes de tout âge. 2007 aura été riche en rééditions diverses, célébrant les 30 ans de la mort de la diva des divas. En guise d’invitation à l’opéra, l’éditeur nous offre l’art inégalé d’une légende du chant romantique et réaliste, interprète du bel canto italien, incarnant avec une intensité rarement atteinte et une projection du mot, les héroïnes du répertoire italien.
En introduction, courte biographie évoquant le mythe Callas. Puis ce sont cinq chapîtres, chacun illustrant l’une des héroïnes que Maria Callas a chantées sur la scène, entre 1953 et 1956. Les enregistrements du cd complémentaire remontent à ces mêmes années: on y retrouve Traviata et Norma sous la direction de son complice et mentor, Tullio Serafin, surtout Butterfly sous la conduite de Karajan (Scala de Milan de 1955), mais aussi Tosca et Mimi de la Bohème avec son partenaire fidèle, Giuseppe di Stefano, en 1953 et 1956… La réalisation laisse une part essentielle aux images dessinées par le crayon gras et coloré de Nathalie Novi. Chaque rôle est l’objet d’un court récit, resituant l’extrait sonore dans le déroulement de l’action. En dernière partie de l’ouvrage, la traduction en français de chaque air et dialogue est publiée pour la compréhension complète des illustrations sonores, puis un dossier sur l’opéra et une courte biographie des trois compositeurs interprétés (Bellini, Verdi, Puccini) concluent le volet documentaire. Les enfants seront touchés par la poésie des illustrations, les plus grands, sensibilisés d’une manière idéale au monde de l’opéra, guidés par le chant sublime de la Callas, actrice et cantatrice de premier ordre. Superbe réalisation où à l’appui du style dramatique de Callas, l’illustration se fait peinture. Mariage ensorcelant. 57 pages.
3. Piotr Ilytich Tchaïkovski (Gallimard)
Pour les 6 à 10 ans, voici la vie du plus grand compositeur russe romantique, né en 1840: Tchaïkovski. Enfance d’une âme passionnée et ennivrée de musique, qui a la confirmation de sa vocation musicale en écoutant le Don Giovanni de Mozart à Saint-Pétersbourg… puis c’est le décès de sa mère adorée, enfin le fonctionnaire en droit devient compositeur, élève au Conservatoire. Deux parties évoquent la figure et l’oeuvre du musicien: après la courte évocation biographique, le dossier sur les oeuvres: le Lac des cygnes, le Concerto pour piano, l’opéra Eugène Onéguine, la Symphonie n°6 « Pathétique », testament artistique du compositeur mort à 53 ans en 1893. Fidèle à ses précedentes réalisations monographiques (les dernières consacrées à Vivaldi et Schubert), Gallimard réalise une édition soignée qui permet une entrée en matière des plus séduisantes sur le musicien et l’époque qui lui est propre. 27 pages
4. La boîte à joujoux (Gallimard)
Gallimard propose aussi « sa » version de La Boîte à Joujoux de Debussy, mais ici interprété par l’ensemble Carpediem qui a orchestré la version enregistrée d’après l’original pour piano (ici pour violon, alto, violoncelle, harpe, flûte piccolo, cor anglais, percussions…, suivant le texte récité par Murielle Bloch. En 15 pages et un cd, l’histoire de Chouchou, de Polichinelle et du soldat offre un prétexte musical des plus féeriques. Les illustrations et leurs demi pages qui se tournent dévoilant la suite des scènes illustrées permettent de suivre pas à pas les péripéties musicales de chacun des protagonistes. 15 pages
5. Tableaux d’une exposition de Modest Moussorgski (Gallimard)
Voici l’une des meilleures réalisations des éditions Gallimard. D’après la partition de Moussorsgki, aux épisodes particulièrement caractérisés, la suite des tableaux musicaux d’une exposition croisant les climats inquiétants, fantastiques, merveilleux… Rien de mieux pour susciter l’imaginaire et saisir l’attention des plus jeunes grâce aux talents des instrumentistes de l’Ensemble Carpediem, fidèles partenaires de Gallimard Jeunesse, qui adaptent la version orchestrale en une série de miniatures intensément expressives. Portrait du gnôme, climat mélancolique du vieux château (chant du cor anglais), scène d’enfants aux Tuileries à Paris, l’allure du vieux chariot Bydlo, le ballet des poussins dans leurs coquilles (qui est le visuel de couverture )… Le dessin de Sacha Poliakova restitue toute la poésie nostalgique des évocations musicales, leur entrain populaire (marché de Limoges ou Porte de Kiev), visions surréalistes (Catacombes, la hutte aux pattes de poules…), traits acérés voire cyniques (double portrait du marchand et du mendiant, « Samuel Goldenberg et Schmuyle »… Voici une excellente première approche du chef-d’oeuvre de Moussorsgki, prélude à la découverte de la version pour orchestre qui devrait multiplier encore les joies de la découverte. 12 pages.
6. L’enfant et les sortilèges de Maurice Ravel (Gallimard)
Autre réussite totale avec ce livre-disque de la collection « Grand répertoire » de Gallimard, destinée aux 8-12 ans, comprenant en conséquence, plusieurs compléments documentaires et ludiques pour accompagner l’auditeur dans sa compréhension de la partition et de l’action: présentation du compositeur Maurice Ravel et de l’auteur du texte, Colette. Puis, guide d’écoute, caractérisation des personnages et des voix, identification des sentiments et des émotions de la musique, dans une partition riche et « expressionniste »… Saluons l’éditeur d’avoir associé aux illustrations raffinées de Cécile Gambini, la version enregistrée par Armin Jordan chez Erato en 1987, qui malgré ses 20 ans, n’ a rien perdu ni de sa magie sonore et de son équilibre ni de sa transparence évocatoire. Pour les jeunes mélomanes comme les adultes, ce livre-disque est un enchantement.
7. Emmanuelle Gaume raconte (Editions Télémaque)
En partenariat avec l’éditeur discographique Intrada, le label de la pianiste Delphine Lizé, les éditions Télémaque éditent une version piquante et captivante de La Revue de cuisine de Bohusla Martinu (1890-1959): qui raconte la saga épique/épicée du couple que forment Monsieur Chaudron et Madame Couvercle, dont la rivale, Moulinette n’entend pas tenir la chandelle… Du ballet original pour six instruments (H 161), les interprètes, Emmanuelle Gaume en récitante, nous offrent une lecture palpitante de la partition de Martinu… Au récit épique, rehaussé par l’énergie des musiciens (dont pas moins que la clarinette de Nicolas Baldeyrou, ou le violoncelle d’Alexis Descharmes…), répond la fièvre ennivrante des danses (Tango, Charleston…). 40 mn de pure jubilation. Le dessin et l’édition proprement dite du texte, dans sa double version français et anglais, sont moins attractives.
8. Les mêmes interprètes abordent dans un ouvrage différent, L’Histoire du petit tailleur, d’après la Suite pour sept instruments et percussions de Tibor Harsanyi (1898-1954), inspiré par les frères Grimm. Le plaisir des instrumentistes est là encore une fête pour les oreilles: subtilités des accents, agilité suggestive de chaque soliste, présence dramatique d’Emmanuelle Gaume en récitante enjouée et convaincante. Le cd est d’autant plus admirable que là aussi, les illustrations restent assez sommaires, bien illustratives… L’écoute de ces deux ouvrages n’en reste pas moins incontournables pour les plus jeunes. Durée: 26 mn. Les deux ouvrages édités par Intrada/Télémaque proposent chacun sur le cd, la version français et anglaise de l’histoire.
Dossier réalisé par Stéphanie Bataille, Adrien De Vries, Lucas Irom, Delphine Raph et David Tonnelier, sous la direction d’Alexandre Pham et Anthony Goret
