Deutsche Grammphon
Collection du Millénaire
30 nouveaux titres
1998 : Deutsche Grammophon lance la Collection du Millénaire, pour célébrer les 100 ans du label. Son but : offrir à un large public les fleurons d’un catalogue de prestige comprenant souvent des interprétations légendaires… de surcroît à un prix très compétitif. Près de quinze ans plus tard, et malgré la crise du marché du disque, le Millénaire reste LA collection classique incontournable à prix budget, et s’offre à l’été 2011, 30 nouvelles références indispensables pour atteindre les sommets de l’émotion musicale.
100 titres pour un Millénaire
Forte de ses 70 références, la collection du Millénaire de Deutsche Grammophon comptait quelques manques criants: certains titres essentiels du répertoire étaient absents à son palmarès. A l’été 2011, 30 nouvelles références sont publiées, soit à présent 100 titres disponibles, la collection comble ainsi ses lacunes. Fidèle à sa tradition, la Collection du Millénaire s’enrichit à la fois de pages très populaires (Requiem de Mozart, Carmina Burana, Les Quatre saisons, Casse-noisette), toutes dans des versions de référence issues du vaste catalogue Deutsche Grammophon, mais aussi de programmes répondant aux souhaits de mélomanes plus exigeants, telles les très rares Chansons de Bilitis de Claude Debussy récitées par Catherine Deneuve et qui font enfin leur retour au catalogue…
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la collection du Millénaire Deutsche Grammophon
Parmi les nouveaux titres parus, nous avons particulièrement retenu ceux dédiés à la musique française servie par de grands noms; voyez plutôt: Sonates violon, piano de Franck, Lekeu, Chausson par Christian Ferras et Pierre Barbizet; Trio enchanteur également: Lalo, Saint-Saëns, Ravel par Itzhak Perlman; mais aussi, Symphonies 1 et 3 de Beethoven par Jochum et Böhm; Carmina Burana de Orff par Christian Thielemann; Tosca de Puccini par Katia Ricciarelli et José Carreras sous la baguette électrisante d’un Karajan sanguin voire carnassier; les 6 Rhapsodies hongroises de Liszt version Scherchen; enfin au registre des albums thématiques: « Les grands airs de castrats » (Bowman, Deller, Lesne, Scholl…); « Les grands airs de soprano » (Edita Gruberova, Mirella Freni, Ileana Cotrubas, Renata Scotto, Grace Bumbry, Rita Streich, Montserrat Caballé, Régine Crespin, Birgit Nilsson…), ou encore « Les chefs d’oeuvre de la guitare » par Narciso Yepes…
Les albums que nous avons reçus et qui nous ont plu... Grande surprise que cette version récente de Carmina Burana de Carl Orff (1999): Thielemann à la tête du choeur et de l’Orchestre du Deutsch Oper Berlin, met le feu aux poudres, canalisant avec une puissance et une précision exemplaires, l’engagement de toutes ses équipes. Le choeur est flamboyant, palpitant, admirable; parmi les solistes, Simon Keenlyside malgré la musicalité mâle de son timbre, montre d’évidentes limites dans une partie qui n’est pas pour lui (voix engorgée sans éclat). Hors cette infime réserve, fureur, rugosité, hallucinante et délirante lecture: voici l’une des meilleures versions modernes de Carmina Burana, inclassable et si primitif oratorio plébéien.
Franck, Lekeu, Chausson: Christian Ferras. Captées en 1966, les Sonates de Franck et Lekeu démontrent grâce à la pureté d’émission du violoniste français cette tendresse ardente qui imprime définitivement la manière de Franck et de son jeune élève, Lekeu (2è Prix de Rome Belge en 1891, fauché en 1894). La tendresse très stylée (mise en avant par le prise de son) du dernier mouvement de la Sonate de Franck, impose ce rayonnement lumineux d’un Ferras ici admirable de musicalité et d’intensité. Même engagement total dans le Poème de Chausson, enregistré en 1953 avec le national de Belgique et Georges Sébastian: toute l’ivresse lyrique et amère voire vénéneuse se cristallise; le violon de Ferras se distingue par son incandescence hors de toute virtuosité creuse.
Lalo, Saint-Saëns, Sarasate, Ravel… Véritable festival de haute virtuosité violonistique que cet album tout autant enivrant par son éblouissante musicalité: Itzhak Perlman est aussi au coeur des années 1980, « ses » années fastes. Il ne suffit que d’écouter la suite Carmen-fantaisie de Pablo de Sarasate pour s’en faire une idée: technicité acrobatique mais aussi finesse d’un son solaire qui évite tout pathos surexpressif. Le complément du programme est encore plus intéressant: la Symphonie espagnole de Lalo (Orchestre de Paris, Daniel Barenboim) déborde de raffinement coulant, jamais décoratif, léger et étonnamment subtil. Les deux Saint-Saëns (Introduction et Rondo capriccioso, puis la Havanaise au déhanché cubain) captivent par le tempérament et la versatilité du soliste, très inspiré par les Français. Enfin, partition tardive, Tzigane de Ravel (1924), montre comment Perlman outrepasse tous les défis d’un partition ardue où Ravel revisite et admire Liszt et Bartok. Récital majeur.

Les amateurs de lyrique ne seront pas déçus par cette album qui présente les extraits habilement montés de
Tosca par Karajan en 1980. Sang et nerf voire sueur animale et carnassière à l’orchestre (et quel orchestre: le Berliner Philharmoniker), sans omettre les solistes tous passionnants: voici assurément un autre titre incontournable de la collection Millénaire de Deutsche Grammophon. Katia Ricciarelli éblouit par sa grâce vocale, angélique, diamantine, d’une ardeur et d’une candeur rares. José Carreras est alors au sommet de sa carrière: les aigus sont somptueux, le timbre magnifique: a-t-on écouté duo Floria/Mario aussi juvénile et passionné? Le Scarpia de Raimondi est comme son Don Giovanni au cinéma: composé, construit, habité par une flamme machiavélique acide et cynique hypnotique. Grandiose (seul bémol mais secondaire: pourquoi ajouter à la musique si vivante et foisonnante ici, des effets de studio style bruitages: clés dans la serrure de la grille, surtout coups de canon… totalement ratés). Karajan fait rugir l’orchestre avec une intelligence dramatique à couper le souffle. Avec des interprétations aussi engagées à des prix aussi réduits, pourquoi se priver?