La Source
Léo Delibes
Paris, Palais Garnier
Du 22 octobre au 12 novembre 2011
Chorégraphie: Jean-Guillaume Bart, Création
Musique de Delibes, Minkus
Etoiles, premiers danseurs, ballet de l’Opéra national de Paris. Orchestre de l’Opéra national de Paris. Koen Kessels, direction
Danseur étoile à l’Opéra de Paris, Jean-Guillaume Bart signe sa première chorégraphie en réadaptant la ballet romantique par excellence, La Source mis en musique par Leo Delibes entre autres et créé à l’Opéra en 1866.
Source romantique
La réussite du ballet vient de la réunion d’un trio d’artistes exceptionnels, futurs concepteurs après La Source, d’un autre sommet chorégraphique romantique, Coppélia (1870). Saint-Léon, Nuitter écrivent l’argument; Léo Delibes signe alors son premier ballet.
Le spectacle associe nature et orientalisme favorisant sur la scène l’essor du fantastique féerique et du rêve légendaire (apparitions des elfes et des nymphes). En Perse, le chasseur Djemil aime la Caucasienne Nouredda, pourtant promise au Khan; c’était sans compter l’intervention de l’esprit de la source Naïla qui en se sacrifiant, permet de réconcilier les forces en conflit.
D’un livret aux multiples rebondissements, Jean-Guillaume Bart démêle les emmêlements confus et… passablement démodés: en coupant et allant à l’essentiel de l’action, il renforce tout ce qui oppose avec intensité, l’irréel et la réalité, l’art et l’humanité. Exit les scènes de pantomimes trop datées, … et toujours, unité et cohérence oblige, il s’agit de suivre la musique qui préserve la continuité dramaturgique. Sur le plan chorégraphique, le danseur étoile développe sa propre réflexion sur le vocabulaire classique. Son intention est de libérer le corps de la contrainte mécanique; chaque rebond gagne en élan sans apesanteur… Production événement au Palais Garnier à Paris, du 22 octobre au 12 novembre 2011.
Melle Fiocre, belle caucasienne
C’est d’abord un tableau prodigieux du peintre Edgar Degas (illustration ci dessus, daté 1866-1868) où le plasticien poète fait mieux qu’un portrait illustratif de la danseuse Melle Fiocre, créatrice du rôle de la belle Caucasienne Nouredda…
Le peintre exprime jusqu’au climat onirique du ballet de Delibes: ses accents suaves, son exotisme sensuel et oriental. La Source est évoquée par la surface liquide réfléchissante au premier plan et dont le plan semble basculer vers le rêve; la pose songeuse de l’héroïne, son costume atemporel ajoute à la féerie vaporeuse du spectacle. La finesse des tons chromatiques fait une palette elle aussi d’un somptueux raffinement : c’est du Gauguin avant l’heure; et ici, la peinture interroge jusqu’aux limites de la création illusoire, son sujet lui-même; fabriques du merveilleux, peinture et danse fusionnent. A quoi pense-t-elle? Qui est-elle?
Diffusion en direct au cinéma (salles Pathé Gaumont)
le 4 novembre 2011