samedi 20 avril 2024

Darius Milhaud, portraitArte, le 9 septembre 2012, 15h30

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Documentaire, 1h. 2010
diffusion
Arte, dimanche 9 septembre 2012, 15h30
Darius Milhaud et sa musique, de la Provence au monde
France, 2010, 1h

Darius Milhaud (1892-1874) porte bien son prénom: le compositeur fut un grand voyageur, conquérant des territoires, du Brésil aux Etats Unis, posant les jalons d’une musique éclectique, à la vision élargie, curieuse et ouverte aux rythmes métissés qu’il a découvert sur le motif au cours de ses voyages; il est l’un des premiers à comprendre la richesse nouvelle du jazz de Harlem à une époque où l’Europe n’en avait pas encore l’expérience.
Une rencontre décisive scelle une carrière qui semble favorisée dès son début: celle de Paul Claudel. L’écrivain propose au jeune Darius de 20 ans, d’écrire la musique de scène pour sa pièce Les Choéphores (1915), l’un des volets de l’Orestie avec Agamemnon. Le compositeur veille à porter le souffle déclamatoire du texte théâtral.
Sa 2ème Suite symphonique Protée dévoile en 1920, son vrai visage: en particulier la fugue pour cuivres qui sème le vent du scandale; le public du Châtelet se déchaîne: seule la police défait les empoignades. La force de la musique tient à ce que Milhaud a découvert entre temps, en 1917, les rythmes chaloupés brésiliens: Claudel devenu Consul de France à Rio demande à Milhaud de l’accompagner: Darius prend à coeur son engagement auprès de l’écrivain, comme attaché culturel, organisant concerts, conférences… Au Brésil, Darius Milhaud découvre la magie fascinante du Carnaval; il a le choc du jardin botanique découvrant espèces et faune endémiques; tout un monde coloré et sonore qui annonce sa découverte à venir, celle ci décisive dans la construction de son imaginaire: la nature profonde, pure et mystérieuse de la forêt vierge. Avec Claudel, Milhaud se ressource loin de la cité et de la vie urbaine carioca dans le village isolé et montagnard de Teresopolis, à quelques kilomètres de Rio: Milhaud y découvre la musique de la nature, un chatoiement de rythmes mêlés…
Le ballet L’homme et son désir créé par les Ballets Suédois en 1921 concentre cette nouvelle expérience. Il y explore et développe le principe de la polytonalité, chère à son cœur: avec Le Bœurf sur le toit, le compositeur va plus loin encore: combinaison de 2 tonalités superposées auquel est ajouté leur renversement. C’est pour Milhaud: « l’extension de la continuité mélodique ». Les deux lignes se développent simultanément, se rencontrent, produisant des points d’aspérité ou de fusion trouble… Très vite, Milhaud affirme un tempérament puissant et lumineux, créatif et fantaisiste, y compris au sein du groupe des 6 (avec Poulenc, Auric, Honegger…) dont il souligne qu’il s’agit plus d’un groupe d’amis qu’un collectif soudé par une même esthétique… En 1923, Milhaud et Cocteau frappés par un fait d’actualité écrivent à deux mains, l’opéa de chambre Le Pauvre Matelot.
Le portrait pêche par un montage classique et sans rythme; l’ordre des séquences et la thématisation de la narration restent confus. Dommage car paraissent à l’écran des documents qui méritaient un meilleur traitement: Milhaud lui-même expliquant nombre de ses oeuvres avec au moment de son séjour aux States pendant la guerre (Mills College en Californie), des émissions tournées dans les années 1940 par une chaîne américaine locale: la caméra évoque ses masterclasses comme compositeur et comme chef. Voir la femme du compositeur, Madeleine Milhaud, âgé de plus de 100 ans, reste aussi un grand moment: c’est elle qui adaptera les livrets pour les opéras de son époux… Simon Bolivar (d’après Supervielle). D’ailleurs, l’ouvrage avec Maximilien et Christophe Collomb (livret de Claudel, 1930) constitue la trilogie des opéras sur la liberté.
Néanmoins, les origines de Darius Milhaud à Aix sa ville natale; ses origines juives et son engagement pour un humanisme concret; sa carrière américaine, au Brésil comme en Californie sont opportunément traités; l’homme gagne en relief et en sympathie. Les oeuvres profondes sont également abordées comme Le Roi David (commande de Serge Koussevitsky à Boston, créé en 1952 avec le choeur de la Radio d’Israël…); la Prière des morts (pour ses proches déportés) et Pacem in terris (1963), d’après l’encyclique de Jean XXIII, oeuvre à l’œcuménisme déclaré, qui est créé à Notre-Dame de Paris sous la baguette du protestant Charles Munch.

Le dvd du portrait  » Darius Milhaud et sa musique  » est édité par Arte, Steinval, en octobre 2011. 2 dvd: le film documentaire + bonus musique dont extrait de Saudades do Brazil, La Cheminée du roi René, 1er Quatuor à cordes, 18è Quatuor à cordes…
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