Plus de 1300 pages (en deux volumes), dédiées à la vie et l’œuvre de Mozart le fils composent une entreprise majeure dont il faut saluer l’ambition autant que l’érudition sérieuse. Certes incomplète mais maîtrisée.
3 ans après la publication d’un essai critique sur le dernier opéra de Mozart, La flûte enchantée, l’auteur, Jean-François Phelizon, récidive en restituant l’œuvre et la vie de Wolfgang dans son contexte. Le texte démêle ce qui a été tissé parfois dans la fiction par sa veuve Constanze.
Chaque ouvrage important dont surtout [essentiellement] les opéras,… est le sujet d’une présentation [avec citations généreuses de la correspondance…] et d’une mise en contexte [genèse, enjeux personnels, réception…]. L’auteur qui ne revendique aucune exhaustivité, passe à la trappe nombre de partitions objectivement décisives voire majeures dont parmi les Symphonies, les 3 ultimes : trop vite expédiées. De nombreux aspects de la vie de Mozart sont à l’inverse bien documentés comme ses dettes, son train de vie dispendieux [en témoignent les difficultés propres aux années 1788-1789],…
La somme reste néanmoins passionnante si l’on s’en tient à savourer ce qu’elle est : la vision d’un mélomane passionné qui opère des choix dans une masse de documents d’événements en réalité infinis…
Pour les habitués de textes et biographies musicologiques, le compte n’y sera pas. Mais l’approche, piloté par un goût clairement assumé, donc subjectif, fait valoir son intérêt en particulier dans le choix thématiques des annexes qui bien maîtrisées, éclairent sur les thèmes complémentaires, importants dans la vie de Mozart : la situation de l’Autriche impériale au XVIIIème, la place et la situation de la franc-maçonnerie du vivant de Mozart, lequel en fut un membre plutôt… déçu. Et aussi fondatrice pour la personnalité du génie musicien, ses 17 premières années marquées par l’esprit du voyage et de l’exploration des divers pays européens … Une certaine idée de liberté mise en pratique dès l’enfance et à l’adolescence, qui a résolument structuré celui qui de valet de l’archevêque de Salzbourg, fut le premier à le quitter, assumant clairement son indépendance.
Farouche défenseur de sa propre liberté, figure d’une singularité qui ne sut jamais se positionner [par manque d’entregent], Mozart se dévoile ici avec d’autant plus de relief et de caractère, tel un homme moderne, indépendant et mûr, dont la profondeur et même la gravité le rendent définitivement indépassable.
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CRITIQUE, livre. Jean-François Phelizon : Wolfgang Amadeus Mozart, 649 p. (tome I) et 726
p. (tome II), 29 € chaque. E & N éditions – Plus d’infos su le site de Galimard : https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782363671967-wolfgang-amadeus-mozart-tome-1-1756-1781-jean-francois-phelizon/
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