lundi 28 avril 2025

CRITIQUE, danse. MONACO, Grimaldi Forum, le 23 avril 2025. BALANCHINE / RAMANTSKY / GOECKE. Les Ballets de Monte-Carlo, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Jesko Sirven (direction)

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Sous la direction de Jean-Christophe Maillot, les Ballets de Monte-Carlo continuent de confirmer leur excellence en naviguant avec aisance entre classique et contemporain. Ce nouveau programme audacieux rend hommage à trois univers chorégraphiques radicalement différents : la rigueur géométrique de George Balanchine, l’émotion déchirante d’Alexei Ratmansky et l’expressionnisme tourmenté de Marco Goecke.

 

Balanchine revisité : Les Quatre Tempéraments

La soirée s’ouvre avec Les Quatre Tempéraments, ballet mythique de George Balanchine (1946), remonté par Patricia Neary, légendaire gardienne de son héritage. Sur une austère partition de Paul Hindemith, les danseurs explorent avec une précision métronomique les nuances du caractère humain – mélancolie, fougue, flegme et colère. Le style, bien que classique dans sa structure, se teinte de modernité par des déhanchements subtils et des bustes cambrés, rompant avec les canons académiques. Les collants sobres, en rupture avec les costumes originaux, mettent en valeur la pureté du mouvement, révélant la virtuosité de la troupe monégasque.

Ratmansky et l’hommage à l’Ukraine

Alexei Ratmansky, artiste ukrainien profondément marqué par la guerre, livre avec Wartime Elegy une œuvre poignante. Alternant néoclassicisme et folklore, le ballet célèbre la résistance culturelle face à la barbarie. Des projections d’œuvres d’artistes ukrainiens habillent la scène, tandis que les danseurs, couronnés de fleurs, mêlent grâce et énergie. La musique de Valentin Silvestrov, passée de l’avant-garde à une douceur mélodique, porte cette évocation vibrante, magnifiquement servie par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Jesko Sirven.

Goecke : la nuit électrisée

En contraste, La Nuit transfigurée de Marco Goecke plonge dans un univers sombre et frénétique. Sur la musique tourmentée d’Arnold Schoenberg, les corps se tordent, s’agitent dans une chorégraphie nerveuse, presque robotique. Si la lune, apparue en fond de scène, suggère une lueur d’espoir, la pièce reste marquée par une répétitivité angoissante. Malgré l’engagement physique impressionnant des danseurs, l’œuvre peine à égaler la profondeur de la partition, laissant le spectateur dans une semi-obscurité tant visuelle que narrative.

Ce triptyque démontre l’éclectisme et la maîtrise technique des Ballets de Monte-Carlo, capables d’incarner aussi bien la froideur mathématique de Balanchine que l’émotion brute de Ratmansky ou les convulsions de Goecke. Un programme ambitieux, porté par des musiciens exceptionnels, confirmant Monaco comme un laboratoire vivant de la danse contemporaine, qui a offert à son public un spectacle où la rigueur, la poésie et la folie chorégraphiques se sont répondues avec brio !

 

 

 

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CRITIQUE, danse. MONACO, Grimaldi Forum, le 23 avril 2025. BALACHINE / RAMANTSKY / GOECKE. Les Ballets de Monte-Carlo, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Jesko Sirven (direction). Crédit photographique © Alice Blangero

 

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