Le chorégraphe (et directeur du Théâtre National de la Danse-Chaillot) Rachid Ouramdane sait se renouveler dans « Möbius Morphosis », nouvel avatar de son ballet de 2019 (« Mobius »), repris, réactualisé pour l’Olympiade Culturelle 2024. La réalisation fusionne plusieurs compétences entre danse et musique : plusieurs acrobates de la Compagnie XY, le Ballet de l’Opéra national de Lyon, la Maîtrise de Radio France, et le Groupe Air. La reprise voit grand et large, dans un format XXL.. soit une centaine d’artistes sur scène !
L’effectif pourtant se concentre sur l’essentiel, sans dilution ; l’effet du nombre produisant une très subtile combinaison des différents interprètes : 35 voltigeurs de XY, 26 danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon, les 30 élèves de la Maîtrise de Radio-France de Bondy (dirigés par Sofi Jeannin), sur la musique de Jean-Benoît Dunckel (co-fondateur du groupe de pop légendaire AIR). L’idée de produire des célébrations artistiques et éducatives lors des Jeux Olympiques est attestée dans les sources grecques car tout ce qui est donné à voir suscite transmission, réflexion, et questionnement. Au moment des Olympiades, le corps et l’esprit sont reconnectés : ils contribuent conjointement à l’élévation du spectateurs et des artistes.
Poésie rythmique
d’un nouvelle esthétique mixte
entre danse et acrobatie
Observateur enchanté, Rachid Ouramdane s’inspire clairement de la nature, en particulier dans leurs mouvements fluides et comme suspendus, notamment ceux des des oiseaux, immense nuées de volatiles-acrobates (comme ici), particulièrement nombreux mais suffisamment reliés entre eux, comme une intelligence collective hyper-réactive (les étourneaux par centaines), pour se mouvoir sans heurts aucun, dessinant même dans le ciel de superbes figures organiques, ondulantes et mouvantes.
De fait, la souplesse athlétique des circassiens fusionne avec l’élégance mobile des danseurs du Ballet de Lyon qui poursuivent ainsi une fructueuse coopération avec Rachid Ouramdane. L’esthétique très rythmique (grâce à l’apport de la musique) nourrit en continu un ballet mixte, entre acrobatie et danse. L’énergie d’un premier groupe, se transmet au second, qui l’amplifie même, réalisant en ondes successives de superbes figures et tableaux aériens. Les hommes-oiseaux évoquent ainsi le saut, la lévitation, l’envol… défis multiples d’une danse en apesanteur.
L’action se déploie comme un cycle réglé de réactions en chaîne où tous les corps sont connectés ; chacun participe à une conscience en nombre qui redéfinit la notion de poétique et de monumental. Le spectacle – dont la force visuelle convainc par sa plasticité poétique, poursuivra sa route, après Lyon et ses Nuits de Fourvière, vers les rives du Lac d’Annecy puis au Panthéon (du 16 au 18 juillet 2024) – avec le soutien du Centre des monuments nationaux.
A noter qu’une captation sera diffusée le 23 juillet par France TV sur Culture Box pour ceux qui voudrait admirer ce formidable spectacle !
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CRITIQUE, danse. LYON, Festival Les Nuits de Fourvière (Amphithéâtre Romain), les 2 et 3 juillet 2024. Rachid OURAMDANE : « Möbius Morphosis » (création mondiale).
TEASER VIDÉO : « Möbius Morphosis »