vendredi 25 avril 2025

CRITIQUE, concert. TOULOUSE, Halle aux Grains, le 28 septembre 2024. MAHLER : 2ème Symphonie dite « Résurrection ». Orchestre National du Capitole de Toulouse / Tarmo Peltokoski (direction).

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

 

A seulement 24 ans, le chef finlandais Tarmo Peltokoski vient de prendre ses fonctions de directeur musical de l’Orchestre National de Toulouse avec un concert qui restera dans la mémoire tant des toulousains (accourus en masse) que des annales de la Halle aux grains ! Car c’est avec rien moins que la monumentale et sublime Deuxième Symphonie (dite « Résurrection ») de Gustav Mahler (qu’il a dirigée sans partition !) que le jeune chef a tenu à débuter son mandat, véritable Everest symphonique (et également notre symphonie préférée !).

 

Tarmo Peltokoski dirige une grandiose Deuxième Symphonie de Mahler pour son “intronisation” à la tête de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse !

 

Tarmo Peltokoski et l’ONCT © Romain Alcaraz

 

La soirée débute cependant par une exécution de l’ouverture de Tristan und Isolde de Richard Wagner, dont les trois derniers accords sont aussitôt suivis, sans temps de pause ou respiration aucune (pour mieux en accentuer la filiation ?…), par le fameux Totenfeier et sa déflagration d’un pupitre de violoncelles incisif et vigoureux : c’est bien une vision spectaculaire et sombre de cette œuvre que s’attachera à dessiner la baguette du fringant et passionné jeune chef (qui vient également d’être nommé à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Hong-Kong qu’il dirigera à partir de septembre 2026). On se délecte aussi, dans l’Allegro Maestoso, des admirables pizzicati qui absorbent l’écoute. Dans l’Andante moderato, c’est la finesse des cordes, toutes en volupté, qui capte aussitôt l’attention. Tarmo Peltokoski fait ensuite ressortir dans le Scherzo tout le grinçant contenu dans ce mouvement, et dont se souviendra plus tard Chostakovitch… Mais il se distingue avant tout par une aisance incroyable, entre puissance et souplesse, le corps entièrement donné à la musique (qu’il torsionne en avant ou en arrière, se désarticulant presque quand il s’agit de déclencher un fortissimo !), doublée d’une battue virtuose, et surtout un charisme naturel qui fait que nul ne peut détacher ses yeux du podium, pas plus les musiciens que le public.

Dans l’Urlicht, nous découvrons la superbe contralto allemande Wiebke LehmKuhl qui apporte à cette partie une humanité confondante, tranchant radicalement avec les trois premiers mouvements. Elle délivre un chant très pudique d’une voix intense et blessée. Le chef s’engage alors dans un final étiré et néanmoins terrifiant. La lente montée vers le Wild herausfahrendest, impeccablement traitée, fait courir le frisson derrière l’échine, avant que la soprano colorature finlandaise Silja Aalto ne prenne le relais dans le long finale où les Chœurs conjugués du Capitole de Toulouse et de Radio France ne murmurent (comme il se doit…) le Mit flügeln. Ils délivrent ensuite “con tutta la forza” un Bereite dich zu leben (“Prépare-toi à vivre” !) vibrant d’émotion – qui emporte tout sur son passage, et notamment l’adhésion enthousiaste du public qui se rend bien compte qu’il vient de vivre un moment historique !

Vivement de retrouver ce prodige de la baguette à Toulouse, et cela sera dès le 23 novembre (nous y serons !) pour un programme Schönberg/Chostakovitch, puis pour le Concert du Nouvel An (les 31/12, 1&2 janvier 2025) pour faire résonner la Neuvième Symphonie de Beethoven et sa fameuse “Ode à la joie” ! Et il reviendra pas moins de 5 fois d’ici la fin de la saison diriger la phalange toulousaine… qui a su décidément dénicher la perle rare – leur rencontre (électrique) ne datant que de la fin août 2022, lors d’un tout aussi incroyable concert au Festival Ravel (nous y étions également !).

 

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CRITIQUE, concert. TOULOUSE, Halle aux Grains, le 28 septembre 2024. MAHLER : 2ème Symphonie dite « Résurrection ». Orchestre National du Capitole de Toulouse / Tarmo Peltokoski (direction). Crédits photos © Romain Alcaraz.

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Lire aussi notre présentation de la Saison 24/25 de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse : https://www.classiquenews.com/orchestre-national-du-capitole-de-toulouse-nouvelle-saison-2023-2024-marek-janowski-bertrand-chamayou-isabelle-faust-ariane-matiakh-dylan-corlay/

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