Pari gagné : c’est un public très nombreux qui est venu fêter l’ouverture des 44 ans du Festival Piano aux Jacobins. Cette ouverture se fait sur le thème de la grande jeunesse. Car le pianiste géorgien Giorgi Gigashvili n’a que 22 ans ! Auréolé de nombreux prix, il est venu se présenter au public toulousain avec une partie du programme du Concours Géza Anda où il a été primé.
44ème Festival Piano aux Jacobins : une ouverture en fanfare
Le concert a débuté avec Kreisleriana de Schumann, et dès les premières notes se remarquent des contrastes puissamment mis en lumière. Les moyens pianistiques sont considérables, autorisant des nuances très impressionnantes. Les contrastes parfois abrupts donnent beaucoup de vigueur à son Schumann.
Au mystérieux début de la Sonate en Si mineur de Liszt, bien rendu, succède un piano athlétique et puissant qui se déploie. Les nuances toujours extrêmes sont impressionnantes. La virtuosité est assumée avec panache. Ce piano conquérant est vivifiant, et souvent on devine le plaisir qu’a l’interprète de la modernité de la partition qu’il souligne et met en valeur dès qu’il le peut. C’est très athlétique assurément !
Dans les Intermezzi de Brahms, pris dans un tempo allant, le pianiste géorgien ne nous convainc pas vraiment, car il manque tout un pan de poésie, de finesse et de phrasé à ces pages délicates. Le jeu est élégant mais l’interprétation est trop discrète.
Pour finir ce programme généreux, le jeune musicien choisi une partition spectaculaire de Scriabine, sa 9ème Sonate, qui s’avère assez courte. Elle nous permet de retrouver une virtuosité éclatante qui convient bien aux doigts agiles de Giorgi Gigashvili, et à nouveau cette puissance digitale qui impressionne fortement.
Le public conquis acclame le jeune pianiste et obtient un bis de sa composition sur un thème populaire. Voilà une belle ouverture pour cette 44ème édition de Piano Jacobins, qui a été retransmis en direct sur France Musique.
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CRITIQUE, concert. TOULOUSE, 44ème Festival Piano aux Jacobins / Cloître des Jacobins, le 6 septembre 2023. Robert Schumann (1810-1856) : Kreisleriana op. 16 ; Franz Liszt (1811-1886) : Sonate pour piano en Si mineur S 178 ; Johannes Brahms (1833-1897) : 3 intermezzi op.117 ; Alexandre Scriabine (1871-1915) : Sonate n°9, messe noire op.68. Giorgi Gigashvili, piano. Photos (c) Hubert Stoecklin
VIDEO : Giorgi Gigashvili joue la « Sonate en Si mineur » de Liszt au Concours Géza Anda.