vendredi 25 avril 2025

CRITIQUE, concert. METZ, Grande salle de l’Arsenal, le 28 mars 2025. LISZT / CHOSTAKOVITCH. Orchestre National de Metz Grand-Est, Marie-Ange N’Gucci (piano), Keri-Lynn Wilson (direction)

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Le 28 mars 2025 restera gravé dans les mémoires des mélomanes messins : la Cité Musicale a vibré sous l’énergie électrisante de l’Orchestre National de Metz Grand-est, dirigé avec une maestria impressionnante par la cheffe australienne Keri-Lynn Wilson. Au programme, deux monuments de la musique symphonique interprétés avec une intensité rare : le Deuxième Concerto pour piano de Franz Liszt, porté par la virtuosité envoûtante de la pianiste française Marie Ange N’Gucci, et la Dixième Symphonie de Dmitri Chostakovich, déployée dans toute sa puissance dramatique.

 

Dès les premières notes du Concerto n°2 de Liszt, Marie Ange N’Gucci a captivé la salle par son toucher à la fois délicat et puissant. Son interprétation, loin de tout académisme, a épousé les contrastes du romantisme lisztien avec une sensibilité remarquable. Les cadences scintillent, les passages lyriques chantent avec une grâce aérienne, tandis que les moments les plus véhéments jaillissent avec une énergie presque théâtrale. La phalange messine, placée sous la baguette précise et inspirée de Keri-Lynn Wilson, tisse un dialogue fascinant avec la soliste, entre éclats symphoniques et murmures poétiques. Le finale, d’une virtuosité étourdissante, soulève une ovation unanime – le public, visiblement subjugué, n’a pas ménagé ses applaudissements.

Dans la seconde partie de soirée, la Dixième Symphonie de Chostakovich a confirmé l’excellence de l’orchestre et de sa cheffe. Keri-Lynn Wilson, dont la lecture allie rigueur et passion, a magistralement restitué l’âme tourmentée de cette œuvre. Le deuxième mouvement, souvent associé à la figure de Staline, a été traversé d’une violence sourde et implacable, tandis que le troisième mouvement, avec son motif mélancolique en hommage à DSCH (le monogramme musical du compositeur), a été porté par une émotion palpable. Les musiciens de l’Orchestre National de Metz Grand-Est ont démontré une cohésion et une engagement remarquables, des cordes profondes et tourmentées aux cuivres héroïques, en passant par les bois d’une expressivité déchirante.

Cette soirée a été bien plus qu’un concert : une expérience musicale totale, où chaque interprète a donné le meilleur de lui-même sous la direction inspirée de Keri-Lynn Wilson. Marie Ange N’Gucci, en étoile montante du piano français, a confirmé son immense talent, tandis que l’orchestre a brillé dans un répertoire exigeant avec une maturité impressionnante. La Cité Musicale de Metz peut être fière d’avoir offert un tel moment de grâce – un rendez-vous avec le génie de Liszt et Chostakovich, servi par des artistes au sommet de leur art.

 

 

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CRITIQUE, concert. METZ, Grande salle de l’Arsenal, le 28 mars 2025. LISZT / CHOSTAKOVITCH. Orchestre National de Metz Grand-Est, Marie-Ange N’Gucci (piano), Keri-Lynn Wilson (direction). Crédit photographique © Yuri Griaznov

 

 

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