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C’est assurément le plus convaincant et le plus personnel des programmes de Mathieu Salama. Le contre-ténor dont la voix claire et ronde, puissante et franche s’est imposée naturellement depuis plusieurs décennies, s’accorde ici dans l’épure et la diversité ; épure car il est en dialogue sincère avec ses partenaires, familiers et complices : le gambiste Bruno Angé et le théorbiste Olivier Pelmoine. La qualité d’écoute, l’entente quasi fraternelle entre les musiciens se manifestent d’un bout à l’autre : la voix s’étire, articule, s’enivre littéralement au diapason des instruments enchantés ; la viole et le théorbe (et les guitares) suivent et enveloppent le timbre au rythme de son souffle.
Souffle et vertiges du chant baroque
Claire et franche, la voix de Mathieu Salama subjugue
Diversité surtout car les pièces choisies composent comme une « mise à nu », exposant un jardin secret au parcours remarquablement assemblé, où la vocalità éloquente, opulente, dont l’éclat foudroie, rappelle combien le chanteur maîtrise les affetti baroques comme l’esprit même de la danse et du caractère cathartique des pièces (avec ajout millimétré, le relief chaloupé des percussions) ; ceci concerne autant les premiers airs judéo-espagnols (La Rosa enfloresce, Adio Querida), que l’envoûtante et délirante Passacaglia della vita, sans omettre Amarilli mia bella ou l’inusable et ici hypnotique et suspendu Ave Maria de Caccini, pièce d’une rare intensité, à la fois fervente et dépouillée, uniquement portée la ligne d’un chant pur.
En maître du chant baroque, Mathieu Salama cultive davantage de connivence encore avec la soprano Flore Fruchart dans un duo de Legrenzi (« Lumi potete piangere »), lacrymal, nuancé, ciselé où les deux voix semblent jaillir d’une seule âme comme dédoublée.
Plus défricheur que jamais, et renouant avec la pratique des chanteurs baroques, le soliste ose la transcription et chante la partie de mandoline du Concerto de Vivaldi bien connu (pour 2 mandoline), déroulant le fil charnel d’un timbre agile jusqu’à l’abstraction de la musique… une épure là encore, remarquablement déployée en dialogue avec les deux instrumentistes, tout en ciselure filigranée.
A l’italien, langue maîtrisées de toutes les ivresses sensuelles, Mathieu Salama ajoute aussi un air français « Ma belle si ton âme » d’une sincérité d’intention plus franche encore sans la barrière de la langue, et deux Dowland, bercés par la même rondeur expressive, et ce sens du texte dont il déduit un geste vocal d’une totale justesse. Aussi original que risqué, autant maîtrisé que nuancé, « Nu Baroque » est hymne fervent au chant baroque et parcours intime. Mathieu Salama touche par son style nuancé, un sens de l’épure et du dépouillement exemplaire.
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CRITIQUE CD événement. Mathieu Salama : Nu Baroque. airs judéo-espagnols, de Caccini, Dowland, Durant, airs d’opéras de Landi, Haendel, Legrenzi… Bruno Angé (viole de gambe) / Olivier Pelmoine (théorbe, guitares), Flore Fruchart, soprano – 1 cd Crescendo Art, enregistré à Paris, en octobre 2022). CLIC de CLASSIQUENEWS. Parution : 11 février 2023.
prochains concerts
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En mars 2023
Dimanche 12 mars 2023, 16h
PARIS, église Saint-Julien le Pauvre
NU BAROQUE, programme de son nouveau cd « Nu Baroque »
Le Baroque mis à nu, des arias épurés et aériens. Dialogue entre le théorbe et la voix… collection de joyaux baroques, italiens et anglais, et d’airs judéo espagnols. Mathieu Salama livre ainsi l’un des ses récitals les plus personnels.
Infos & Réservations
https://www.mathieusalama.com/concerts
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VIDÉO : reportage Mathieu Salama enregistre Nu Baroque : https://www.classiquenews.com/reportage-video-mathieu-salama-enregistre-son-nouvel-album-nu-baroque/
VIDÉO : Mathieu Salama chante l’Ave Maria de Caccini :
CD. MATHIEU SALAMA : Ave Maria de CACCINI (nouveau cd Nu Baroque, fév 2023)
Précédent CD de Mathieu Salama : Furioso Barocco : https://www.classiquenews.com/paris-cortot-mathieu-salama-furieusement-baroque/
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