NANTES. Maria Republica, création. 19-28 avril 2016. Création attendue, prometteuse portée par Angers Nantes Opéra. Tragédie contemporaine inspirée par la barbarie du Franquisme, celle relatée par l’Espagnol Agustín Gómez-Arcos (né Andalou en 1933), dès les années 1960, l’opéra en création, Maria Republica, dresse fièrement l’étendard de ses valeurs, d’autant plus actuelles et marquantes que l’actualité la plus récente à Paris, a démontré les vertus fondamentales de la République pour affirmer la volonté du vivre ensemble, contre la haine du vivre contre les autres. Liberté contre terreur. Fraternité, égalité, … contre haine et barbarie. La verve cynique, lyrique, nourrie de saine espérance et de dépression décisive de l’écrivain ibérique imagine la transformation d’une prostituée condamnée et maudite en rebelle Carmen, figure rouge de la résistance magnifique (tout est perdu mais tout est possible) ; entre les murs du couvent où elle doit se repentir, Maria Republica se relève meurtrie, accablée mais plus forte que jamais. La souffrance et l’obstination qui a percé, l’a régénérée. Le texte de 1966, âpre et mordant, enivré et tendre aussi, inspire au compositeur François Paris, un nouvel opéra, nouvel écrin pour contenir et projeter la violence d’un drame édifiant, fraternel, bouleversant.
LA RESISTANCE PLUS FORTE QUE LA HAINE. La vie d’Agustín Gómez-Arcos (décédé en 1998) est à elle seule un roman, semée d’épreuves comme de défis. Né en 1933 à Enix (Andalousie), l’enfant d’une fratrie de 9, connaît privation, brimades, tyrannie quand Franco s’empare du pouvoir en 1939. Le fascisme muselle les libertés, torture toute forme de résistance. Inquiété à cause de son homosexualité, l’écrivain rejoint Barcelone, puis l’Angleterre enfin la France à partir de 1966 ; catharsie libératoire, activité de reconstruction comme de résistance aussi, l’écriture prend une importance vitale. Textes, romans et pièces de théâtre précisent une sensibilité ardente qui a lutté contre la dictature, s’est exilée, a choisi une nouvelle langue pour exprimer et diffuser sa propre voix militante et engagée (L’Agneau carnivore, écrit en français, publié en 1975), dénonçant la passivité silencieuse, la lâcheté collective, l’échec de la vie et de la société quand s’affirment l’absence de solidarité, de résistance fraternelle. Après L’Agneau carnivore, Maria Republica paru en 1983, prolonge les figures féminines du refus après Ana Non (1977). Suivront Mère Justice, en 1992, La Femme d’emprunt, en 1993, L’Ange de chair, en 1995… Une grande écriture pour souhaitons-le, un grand opéra.
Grâce à la direction affûtée de Jean-Paul Davois, Angers Nantes Opéra poursuit sa quête de sens, une exigence rare dans l’espace lyrique en France. Exigence qui honore la direction de l’actuelle maison d’opéra entre Angers et Nantes : encore marquée par les attentats de Paris, notre société a besoin de s’interroger en profondeur sur elle-même : l’opéra, porteur d’une culture critique et engagée, doit certes divertir tout en posant les bonnes questions : une humanité fraternelle est-elle encore possible ?
Maria Republica de François Paris
d’après Agustín Gómez-Arcos
Création, première mondiale
Daniel Kawka, direction musicale
Gilles Rico, mise en scène
NANTES Théâtre Graslin
5 représentations
mardi 19, jeudi 21, dimanche 24, mardi 26, jeudi 28 avril 2016
en semaine à 20h, le dimanche à 14h30
Opéra pour 7 chanteurs, 15 instrumentistes et ensemble électronique
Livret de Jean-Claude Fall, d’après le roman Maria Republica de Agustín Gómez-Arcos.
Créé au Théâtre Graslin de Nantes, le mardi 19 avril 2016.
avec
Sophia Burgos, Maria Republica
Noa Frenkel, La révérende Mère
Solistes XXI
Direction : Rachid Safir
Marie Albert, Céline Boucard, Benoît-Joseph Meier,
Els Janssens-Vanmunster,
Raphaële Kennedy
Ensemble orchestral contemporain
Direction : Daniel Kawka
CIRM, centre national de création musicale
Direction: François Paris
Production Angers Nantes Opéra
[Opéra en français avec surtitres]