samedi 20 avril 2024

Compte-rendu : Saintes. Abbatiale, le 12 juillet 2013. Musiques traditionnelles séfarades et arméniennes, Hespérion XXI; Jordi Savall, vièle et direction.

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Hesperion XXI photo de groupeOn ne présente plus l’ensemble Hésperion XXI placé depuis ses débuts, en 1974, sous la direction avisée de Jordi Savall. Depuis le décès de la soprano espagnole Montserrat Figueras en 2012, Savall privilégie les programmes de musique ancienne tant occidentale qu’orientale. 

Festival de Saintes : une ouverture en fanfare avec Jordi Savall

 

Pour le concert d’ouverture du festival 2013 Jordi Savall a programmé des oeuvres du bassin méditerranéen qui est aussi celui du dernier cd d’Hespérion XXI. Le chef et vieliste catalan s’est beaucoup appuyé sur l’oeuvre de Dimitrie Cantemir (1673-1723). Luthiste, compositeur et écrivain reconnu de son vivant, il a entre autres laissé un livre intitulé « Istanbul : le livre de la science de la musique » sur lequel Jordi Savall s’est appuyé et qui a donné son titre au programme du cd paru et du concert de Saintes 2013.

Dès le début de la soirée, nous voyageons entre la Grèce, l’Arménie, la Turquie et le bassin méditerranéen où se rejoignent et se côtoient les trois grandes religions du livre,  dont le savant mélange des cultures laisse entrevoir la richesse exceptionnelle des musiques et des arts de ces pays. Jordi Savall et ses musiciens alternent avec talent les musiques de chaque pays, de chaque religion. A plusieurs reprises les musiciens jouent seuls, parfois accompagnés par la vièle de Jordi Savall. La richesse culturelle et artistique du bassin méditerranéen est à ce point inépuisable que le programme du concert d’ouverture n’en donne qu’un bref aperçu.

Cependant, Jordi Savall dose savamment  les mélodies jouées, chantées et/ou dansées par chacune des trois grandes religions du livre permettant au public d’en découvrir ou de redécouvrir de nouveaux horizons.

Le programme « découpé » en quatre parties égales et alternant musiques entrainantes et « tristes »  accoste ainsi  en Grèce, en Arménie, en Turquie …  cela permet aussi de se plonger dans un univers vivant et en constante évolution. D’autre part, la complicité entre Jordi Savall et ses musiciens, qui se connaissent depuis quarante ans, leur permet de jouer sans complexes, au signe d’un regard furtif qui lance le collectif… et d’ailleurs, un seul coup dœil, discret et à peine visible suffit maintenant à lancer une mélodie.

C’est un public conquis qui ovationne Jordi Savall et Hespérion XXI; les musiciens,  ravis par l’accueil reparaissent sans se faire prier. C’est Jordi Savall qui annonce lui même le premier bis qu’il dédie, après lui avoir rendu un hommage émouvant, à son épouse disparue.

L’ensemble joue une chanson médiévale que Montserrat Figueras chantait régulièrement en concert dans ses trois versions (arabe, juive et chrétienne). C’est aussi Jordi Savall qui présente ses musiciens et les instruments sur lesquels ils jouent; ce qui leur permet aussi de se livrer à une courte improvisation afin que le public, venu nombreux, puisse apprécier les sonorités propres à chacun. Pour clore le concert, Hesperion XXI joue une chanson arménienne présentée non par son chef mais par le jeune joueur de Duduk (flûte arménienne) dont le titre est assez éloquent (Nous sommes un peuple courageux). Fraternité, musique, paix…

Voici la source savallienne des concerts humanistes que tant de musiciens et leur ensemble propre reprennent ici et là, portés par un même espoir de partage et de compréhension mutuelle. A Jordi Savall revient le mérite d’en entretenir la flamme pionnière.

Saintes. Abbatiale, le 12 juillet 2013. Musiques traditionnelles séfarades et arméniennes, Hespérion XXI; Jordi Savall, vièle et direction

Illustration : Jordi Saval et ses partenaires musiciens à Saintes 2013 © photo Hélène Biard pour classiquenews.com

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