Compte-rendu, Opéra. Reims, Opéra. Le 13 octobre 2015. Charles Gounod : Roméo et Juliette. Créée à Tours en janvier 2013 (NDLR : déjà avec Florian Laconi et la sublime Anne-Catherine Gillet ; VOIR notre reportage vidéo Roméo et Juliette à l’Opéra de Tours ), et après avoir été donnée à l’Opéra-Théâtre de Metz le mois dernier, la production de Roméo et Juliette de Gounod imaginée par Paul-Emile Fourny fait escale à l’Opéra de Reims, pour deux représentations. Sans être passionnante, elle se laisse pourtant regarder. L’action se passe dans la bibliothèque des Capulets, truffés de têtes ou de bois de cerfs (très beau décor signé par Emmanuelle Favre), au milieu de laquelle trône un escalier à colimaçon qui se perd dans les cintres. Fourny fait de la famille de Juliette des chasseurs quand les Montaigus sont habillés en bohémiens, question de marquer une forte opposition (un peu facile) entre les deux familles.
Si la direction d’acteurs de l’homme de théâtre belge est un peu plus fouillée que de coutume, on est obligé de constater que la masse chorale – pour ce qui la concerne -, tente de faire de la figuration intelligente… sans toutefois y parvenir toujours.
L’interprétation musicale offre plus de satisfaction, grâce à une distribution dominée par le couple des amants malheureux et par l’impeccable Frère Laurent de Jérôme Varnier, qui sait conférer humanité et noblesse à son personnage. Florian Laconi campe un Roméo convaincant, au timbre chaleureux et ensoleillé : les aigus sont faciles et la caractérisation ne manque pas de charme, même s’il est permis de préférer Roméo plus élégiaque, qui fasse mieux ressortir cette extase morbide et cette langueur romantique propres au héros shakespearien. La lumineuse soprano canadienne Kimy Mc Laren possède la voix, la beauté et le style de Juliette. Elle sait faire passer dans son chant toute la véhémence de la passion qui la consume et la tuera. Outre ses qualités vocales, elle sait donner à cette héroïne infortunée une sincérité poignante qui a conquis le public rémois. Sylvie Bichebois tire vaillamment son épingle du jeu dans le rôle de Gertrude, sans éviter pourtant certaines minauderies.
Des autres comprimari, on distinguera le Mercutio élégant de Mikhael Piccone (à la place de Guillaume Andrieux, initialement annoncé), le Tybalt percutant de Marc Larcher et le Stéphano charmeur de Carine Séchaye.
La direction de Jacques Mercier – directeur musical de l’Orchestre National de Lorraine – offre une leçon de narration en musique : d’une précision remarquable, elle est tout entière soumise à l’unité et à l’efficacité. Sous sa battue, l’orchestre de l’Opéra de Reims, tour à tour haletant et envoûtant, ne néglige pas pour autant le raffinement de Gounod et les interludes témoignent d’un réel sens poétique.
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Compte-rendu, Opéra. Reims, Opéra de Reims. Le 13 octobre 2015. Charles Gounod : Roméo et Juliette. Florian Laconi (Roméo), Kimy Mc Laren (Juliette), Jérôme Varnier (Frère Laurent), Mikhael Piccone (Mercutio), Carine Séchaye (Stéphano), Sylvie Bichebois (Gertrude), Marc Larcher (Tybalt), Marcel Vanaud (Capulet). Paul-Emile Fourny (mise en scène). Jacques Mercier (direction).