jeudi 28 mars 2024

Compte-rendu, opéra. Limoges. Opéra-Théâtre, les 31 décembre 2014, 2 & 4 janvier 2015. Rossini : Il Barbiere di Siviglia. Taylor Stayton, Mark Diamond, Eduarda Melo, Tiziano Bracci, Deyan Vatchkov… Jean-François Sivadier, mise en scène. Nicolas Chalvin, direction.

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique et à l’opéra - et notamment avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

rossini limoges barbier sivadierC’est une heureuse idée qu’a eu Alain Mercier – directeur de l’Opéra-Théâtre de Limoges – de proposer, pour les Fêtes, Il Barbiere di Siviglia de Rossini, en lieu et place de l’habituelle opérette. Une heureuse idée, également, de réunir une équipe de jeunes chanteurs possédant le physique de l’emploi en même temps que les qualités vocales pour rendre pleinement justice à la partition de Rossini. Ainsi du baryton américain Mark Diamond, qui incarne un Figaro bondissant et hâbleur, véloce et charmeur ; le timbre est étoffé, la maîtrise du souffle impeccable, alors que l’aigu et le grave se révèlent solides par l’éclat comme par la stabilité du son. Pourquoi, en revanche, avoir confié le rôle de Rosina – originellement écrit pour une mezzo – à une voix de soprano, pour laquelle l’écriture vocale du rôle pose beaucoup de problème ? Même en transposant les airs, et en emménageant ici ou là récits et ensembles, la tessiture reste souvent trop grave, ce à quoi la chanteuse espagnole Eduarda Melo, bonne colorature au demeurant, ne peut rien. De son côté, le ténor américain Taylor Stayton fait preuve d’une belle présence dans le rôle du Comte Almaviva. On savoure son beau timbre de tenore di grazia, ses superbes demi-teintes, sa maîtrises des contrastes et le cantabile de sa ligne de chant. Dommage, dans ses conditions, qu’il esquive le fameux « Cessa di più resistere » au II.

Le théâtre, d’abord le théâtre …

Le baryton italien Tiziano Bracci campe un Bartolo très convaincant, avec son refus d’un cabotinage trop excessif, et son élocution admirablement contrôlée dans les passages les plus rapides. La basse bulgare Deyan Vatchkov s’avère également digne d’attention, grâce à un timbre naturellement riche et un registre grave impressionnant, qui lui permettent d’impressionner le public dans le fameux « air de la calomnie ». Une mention, enfin, pour Jennifer Rhys Davies, qui semble beaucoup s’amuser à interpréter le rôle de Berta, ainsi que pour Philippe Spiegel, qui prête son beau baryton au personnage de Fiorello.

Côté mise en scène, Jean-François Sivadier ne laisse aucun répit aux protagonistes de ce Barbiere : sa régie s’avère de bout en bout pétillante, réjouissante, d’une remarquable fluidité. Tirant parti d’une distribution vocale où les chanteurs ont l’âge des personnages, répétons-le, il y insuffle un véritable esprit de troupe, avec un mouvement et une complicité qui n’appartiennent qu’au théâtre. Car c’est le théâtre qui domine ici, avec ses procédés parfois convenus (le décor monté en temps réel ou les interprètes arrivant du parterre ou prenant à partie le public) mais d’abord sa force expressive, sa représentation au plus près du texte et de la musique, sa caractérisation fouillée de chaque personnage. Quant à la scénographie (conçu par Alexandre de Dardel), elle s’avère très proche de celle de sa Traviata aixoise de l’été 2011 : un plateau quasi nu composé d’un mur de briques gris foncé au fond, de stores coulissants (des rideaux à Aix), de quelques chaises empilées sur les côtés, de cordes descendant des cintres, quand les costumes (signés Virginie Gervaise) sont de notre époque.

A la tête de l’Orchestre de Limoges et du Limousin et du Chœur de l’Opéra-Théâtre de Limoges bien disposés, Nicolas Chalvin crée la surprise. Sa direction va immédiatement à l’essentiel et dénude, avec une précision diabolique, les ressorts de ces délires instrumentaux et orchestraux dont le Cygne de Pesaro avait le secret. Toujours soucieux d’assurer à chaque épisode un déroulement implacable, le directeur musical de l’Orchestre des Pays de Savoie fait mousser son accompagnement orchestral, sans jamais appuyer inutilement le trait. Au moment des saluts, le public limogeaud n’a pas boudé son plaisir et a fait un triomphe à l’ensemble de l’équipe artistique.

Compte-rendu, opéra. Limoges. Opéra-Théâtre, les 31 décembre 2014, 2 & 4 janvier 2015. Rossini : Il Barbiere di Siviglia. Taylor Stayton, Mark Diamond, Eduarda Melo, Tiziano Bracci, Deyan Vatchkov… Jean-François Sivadier, mise en scène. Nicolas Chalvin, direction.

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