mardi 16 avril 2024

Compte-rendu, festivals. Saintes, Abbaye aux dames, samedi 15 juillet 2017, deux derniers concerts : Ambassadeurs, Arod

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Les deux derniers concerts du 15 juillet sous la voûte de l’Abbaye aux Dames renseignent sur l’écart artistique désormais propre au festival en Saintonge : du baroque au romantisme (et même cette année jusqu’à Schnittke, chanté pour la première fois par le Collegium Gent).
D’abord concert à 19h30. Portés par la recherche d’un son nouveau lui même habité par un sens inouï de l’articulation, les instrumentistes des Ambassadeurs relisent les partitions avec une minutie nerveuse : c’est d’abord trois mises en bouche virtuoses (Sammartini, Tartini, Vivaldi) qui démontrent l’agilité de chacun, en particulier la flûte pyrotechnique du leader Alexis Kossenko: souci de la ligne et des phrasés, respiration et précision ne sont pas chez lui de vains mots.

Le défi monte d’un cran avec Jean-Sébastien Bach. Dans les 3 Concertos Brandebourgeois (n°3, 4 et 5) cependant, la performance tourne parfois à vide, l’extrême agilité et ce souci du détail (premier violon rien que scrupuleux) diluant souvent la perception de l’architecture comme de l’intention globale.

 

 

 

Brio des Ambassadeurs,
jeunesse ardente des Arod

 

 

saintes-2017-par-classiquenews-Les-Ambassadeurs---c-Michel-Garnier

 

 

Mais il serait assurément injuste de bouder notre bonheur tant l’extrême entrain et la permanente motricité du groupe instrumental s’implique dans l’expressivité comme le rebond : dans des gestes prestes et des mains ondulantes, le chef flûtiste dessine des arabesques inspirantes pour ces troupes totalement inféodées à sa direction plus que chantournée.
Même si cette première à Saintes demeure intéressante par son acuité et son ambition instrumentale (les Brandebourgeois n’avaient pas été donnés sous la voûte abbatiale), la performance n’atteint pas la somptueuse nostalgie, ni la fluidité énergique de Goebel et du Concerto Koln.

Plus tard dans la soirée à 22h, place est faite à un très jeune Quatuor français, les Arod. En vérité tout s’enchaîne sans pause car le concert des Ambassadeurs étant retransmis en direct à la radio, des temps de réglage et un claquage de cordes (premier alto) a retardé toute la session, de sorte que les Arod réalisent leur 3 ème et dernier Quatuor (Mendelssohn) à une heure bien avancée de la nuit, ce qui n’est pas sans affecter leur jeu global.

 

 

 

saintes-2017-par-classiquenews-Quatuor-Arod-2©Michel-Garnier

 

 

 

Mais tout commence d’abord avec précision et facétie dans le Haydn (opus 33 n°2, 1781). Puis gagne en épaisseur et en gravité parfois âpre dans l’admirable Quatuor de Beethoven (opus 59 n°2). Il est tard et il fait chaud dans la salle que le souffle du public rend moite. De sorte qu’après un énième réglage de l’alto, le Mendelssohn (opus 44 n°2, Leipzig, 1837)) pourtant d’une clarté suractive, passionnelle certes, mais d’une remarquable lisibilité contrapuntique, sonne brumeux et opaque. Toute la charge inquiète et grave qui soustend la construction du premier comme du dernier mouvement est à peine explicitée. Dommage.
C’est le moins percutant des volets d’un triptyque par ailleurs efficace par son propos premier : révéler la sonorité et la grande cohésion d’un nouveau quatuor français. Très jeunes les Arod (pas encore trentenaires ou tout juste) frappent d’emblée, par cette union sensible, force et éloquence, où brille la ligne ardente, fruitée du premier violon (Jordan Victoria). A suivre désormais.

 

 

 

 

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Compte-rendu, festivals. Saintes, Abbaye aux dames, samedi 15 juillet 2017. Cocnert de 19h30 : Giovanni Battista Sammartini (vers 1700-1775) : concerto pour flûte à bec en fa majeur, Giuseppe Tartini (1693-1770) : concerto pour flûte en sol majeur, Antonio Vivaldi (1678-1741) : concerto pour flautino en sol majeur RV 443, Johann Sebastian Bach (1685-1750) : concertos brandebourgeois (concerto n°5 en ré majeur BWV 1050; concerto n°3 en sol majeur BWV 1048; concerto n°4 en sol majeur BWV 1049). Ensemble Les Ambassadeurs, Alexis Kossenko, flûte et direction. Concert de 22h : Quatuor Arod. Haydn, Beethoven, Mendelssohn

 

 

Illustrations : Festival de Saintes 2017 / © Michel Garnier

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