COMPTE-RENDU, concert. TOULOUSE, Jacobins, le 5 septembre 2019. Récital Christian ZACHARIAS. L’organisation d’un festival international dans la pleine force de l’âge n’est pas une mince affaire. Donner un lustre particulier tant à tout le festival qu’au premier concert, est un art délicat. Un début trop brillant éblouit le public pour la suite. Mettre ainsi tout le 40 ème Festival Piano aux Jacobins sous le signe de l’art rare de Christian Zacharias est une admirable idée. Car ce qui motive le duo des créateurs du Festival : Catherine d’Argoubet et Paul-Arnaud Péjouan, n’est pas la recherche de l’esbroufe, du vedettariat ou du glamour pianistique mais bien d’avantage : l’exigence d’une musicalité totale qui passe par le piano avec un vrai engagement personnel de l’artiste.
Ouverture de la 40ème édition de Piano aux Jacobins :
… toute en délicate musicalité.
Il y a également ce tact incroyable avec lequel ils invitent de jeunes talents choisis avec bonheur et une fidélité absolue, réciproque entre les grands pianistes et les organisateurs du festival. C’est ainsi que Christian Zacharias est venu en ami du festival de longue date pour ouvrir cette quarantième édition. Il a choisi Haydn et Bach pour son programme : les pères fondateurs. Bach le clavieriste qui ne connaissait pas le piano mais qui a écrit une musique si riche pour orgue ou clavecin, pleine et inventive qui écoutée au piano est chaque fois un véritable régal. Le Bach de Christian Zacharias est élégant, noble et lumineux. La structure si belle est mise en valeur comme une architecture aussi solide qu’inventive. Les plans sonores sont particulièrement bien organisés. L’esprit de la danse affleure et son interprétation est pleine de vie. Comme une cathédrale sonore dans laquelle la lumière pénètre par des vitraux clairs et multicolores.
Dans les trois sonates de Haydn, la précision du jeu, le respect de la belle organisation et des tempi semblant idéaux, permettent de déguster l’art de Haydn. Dans les deux sonates de relative jeunesse (n° 31 et 32), l’humour pointe son nez mais j’ai toujours un peu de mal avec cette écriture si sage et polie, comme trop consciente de sa valeur. Ces deux sonates sont en tous cas très différenciées sous les doigts experts de Christian Zacharias. En fin de concert l’interprète met beaucoup de grâce et d’énergie dans la sonate n° 62 de Haydn. L’évolution du compositeur est évidente. Cette sonate entre-ouvre la porte au jeune Beethoven, y compris par une certaine véhémence dans le final. Mouvement complexe débutant en toute simplicité par des notes répétées et qui évolue vers une plénitude sonore à l’harmonie riche et à laquelle Zacharias donne une belle puissance.
Ce répertoire classique ne permet pas à l’interprète de donner libre court à la si belle sensibilité qu’il fait jaillir dans la musique romantique ; mais c’est une sorte d’éthique qui anime Christian Zacharias. Il ne tire pas la couverture à lui et ouvre le festival a la plus délicate musicalité, …à la suprême élégance. A chacun ensuite de garder, s’il le peut et le veut, cette haute vision tout en ouvrant vers un répertoire plus expressif et plus audacieux. Cette ouverture en toute beauté et grande musicalité annonce une bien belle quarantième année au plus ancien Festival de piano de France, sinon du monde. A suivre.
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COMPTE-RENDU, concert. TOULOUSE, 40ème Festival Piano aux Jacobins. Cloître des Jacobins, le 5 septembre 2019. Joseph Haydn ( 1732-1809) : Sonate n° 32 en sol mineur Hob XVI 44 ; Sonate n°31 en la bémol majeur Hob XVI 46 ; Sonate n° 62 en mi bémol majeur Hob XVI 52 ; Jean Sebastien Bach ( 1685-1750 ) : Suite française N°5 en sol majeur BWV 816 ; Partita n°3 en la bémol BWV 827 ; Christian Zacharias, piano / photo : © Constance-Zacharias