samedi 20 avril 2024

Compte-rendu, concert. Dijon, le 7 janvier 2018, Carmina latina. Alarcón, Cappella Mediterranea

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ALARCON classiquenews nabucco-de-falvettiCompte rendu, concert. Dijon, le 7 janvier 2018, Carmina latina. Alarcón, Cappella Mediterranea. Les productions musicales du baroque latino-américain sortent de l’ombre. Le temps où les interprètes ibériques restaient indifférents à leur patrimoine est définitivement révolu, même si on est encore loin de tout connaître (ainsi, El Parnasso, de Mateo Flecha le Jeune daté de 1561, qui devance les recherches florentines et romaines).  Le modèle hispanique, marqué par l’influence de Naples et de Rome (Tomas Luis da Victoria), s’est répandu dans toute l’Amérique colonisée par les royaumes d’Espagne et du Portugal.

On connaît à la fois la curiosité insatiable et les attaches fortes de Leonardo García Alarcón à cette culture. Pour le Nouvel An, de retour d’une grande tournée en Amérique latine, il offre à Dijon ce programme renouvelé de plus d’une dizaine d’œuvres, empruntées au répertoire liturgique comme à celui de la vie quotidienne.

Musique divine, rythmes endiablés

capella-mediterranea-flores-alarcon-dijon-concert-compte-rendu-critique-par-classiquenews-thumbnail_Mariana-Flores-2SACRÉ et PROFaNE, EN ROUGE ET NOIR… C’est en procession que les musiciens et chanteurs gagnent leurs pupitres. Le décor est planté. Le rouge des robes des femmes et des cravates des hommes, comme le noir de leur costume participent à un vrai spectacle, au son spatialisé à de multiples reprises, avec un engagement vocal et physique extraordinaire, allant jusqu’à la danse. Hanacpachap, d’un anonyme publié en 1631, fait très forte impression. Un Salve regina de Tomás Luis de Victoria nous entraîne sous les voûtes d’une cathédrale baroque. Mais, à la différence des interprétations austères, alla Palestrina, auxquelles nous ont habitué nos maîtrises, la riche polyphonie confiée aux huit solistes et au chœur, est doublée par les instrumentistes de la Cappella Mediterranea. La métamorphose est convaincante : les couleurs, les contrastes en sont magnifiés, comme les tons d’un tableau qui sortirait d’une restauration. Du Mexique (Gaspar Fernandez), nous vient A Belem où les solistes entrent tour à tour : chacun d’eux est remarquable, du ténor Valerio Contaldo, à Leandro Marziotte et Josquin Gest, hautes-contres; de Matteo Bellotto, basse, à Mariana Florès, extraordinaire soprane. Leur joie communicative, le caractère très enlevé de la première partie de la pièce sont irrésistibles. Le chœur, auquel participe Leonardo García Alarcón, rejoint les solistes placés à l’avant-scène depuis la salle pour une berceuse (Desvelado dueno mio). Le Vaya de gira à huit voix qui succède, très animé, aux interjections nombreuses, d’une vie rythmique incandescente, achève de conquérir un public envoûté.
A de nombreuses reprises, il faut se faire violence pour résister à l’envie de traduire le rythme corporellement, comme d’applaudir à la fin de chaque pièce, d’autant que d’habiles transitions improvisées sont réalisées par le guitariste pour éviter la fragmentation du concert.

Une prise de parole chaleureuse et bienvenue de Leonardo García Alarcón en guise d’entracte, pour expliciter la résidence prometteuse de la Cappella Mediterranea, ouvrant ainsi sa collaboration régulière avec la Cité des Ducs, et pour présenter avec clarté et simplicité les caractéristiques communes aux œuvres interprétées.

Les musiques solaires, flamboyantes, voire torrides vont reprendre pour enflammer un public enthousiaste. Après un premier rappel, au cours duquel deux des chanteurs se livrent à une belle démonstration de danse, c’est au tour de Mariana Florès et de Quito Gato, au théorbe, d’offrir au public une émouvante chanson de Ariel Ramirez.

capella mediterranea concert compte rendu par classiquenews thumbnail_Cappella mediterranea.jpgLe même programme sera donné à Rotterdam, puis à Dortmund, en mai prochain. Des occasions à ne surtout pas manquer, avant la mi-juin, qui verra la résurrection, à Dijon, par ces mêmes interprètes, de « El Prometeo » qu’Antonio Draghi avait écrit pour l’anniversaire de l’épouse de Philippe IV d’Espagne, Marie-Anne d’Autriche. Ainsi le baroque s’installe à Dijon. La résidence qui se profile nous promet de nouvelles découvertes musicales à ne pas manquer dorénavant.

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Compte rendu, concert. Dijon, Auditorium, le 7 janvier 2018, Carmina latina. Leonardo García Alarcón, Cappella Mediterranea, Chœur de chambre de Namur,  Mariana Flores, Leandro Marziotte, Valerio Contaldo, Matteo Bellotto. Crédit photographique © Cappella Mediterranea.

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