Compte-rendu, concert, Dijon, Auditorium, le 18 novembre 2017. Musique à la Cité des Rois. Les Traversées baroques, dir. : Etienne Meyer. Les Traversées baroques, poursuivant leur exploration des musiques de la Contre-Réforme, nous entraînent loin de la Pologne, qu’ils ont si bien illustrée : Etienne Meyer et ses complices s’attachent maintenant au baroque musical andin, partagé entre les missionnaires – intégrant le syncrétisme réalisé avec les pratiques locales – et les grands sanctuaires de l’Altiplano. Lima, « Cité des Rois », plus que toute autre ville de la région, porte la marque de la toute-puissance hispanique. Les rencontres musicales y seront variées à souhait.
Pour ce faire, il a réuni autour de son ensemble instrumental huit jeunes chanteurs, familiers du baroque et déjà reconnus. A côté de Anne Magouët et Capucine Keller, dessus, Ariana Vafadari, mezzo, Paulin Bündgen et Pascal Bertin, contreténors, Hugues Primard et Vincent Bouchot, ténors, et enfin Renaud Delaigue, basse. Les instruments anciens qui les accompagnent permettent de combiner le violon, le cornet, les flûtes, la chalemie, la bombarde, les percussions, au continuo, assuré avec une viole de gambe, une contrebasse de viole, le clavecin et l’orgue, sans oublier les cordes pincées (guitares, luth, théorbe et chitarrone). Cette richesse de timbres assurera des éclairages renouvelés en fonction des œuvres présentées.
Le programme illustre fort bien la variété extrême des productions du temps. La plénitude et la splendeur des polyphonies de Guerrero, venues tout droit de Séville, alternent avec des œuvres enracinées dans la tradition (dialogue facétieux, course de taureau…). Les pièces de dévotion se mêlent ainsi aux accents guerriers comme aux narrations d’esprit populaire, sans oublier la procession, bienvenue, qui ouvre et ferme le concert. Si les œuvres vocales sont les plus nombreuses, faisant appel à des effectifs changeants, les instruments ne sont pas en reste. Des accents de la bataille, on passe à une berceuse pour voix et basse continue, d’une grande douceur, puis à un Salve regina éclatant. Là le plain-chant alterne avec la polyphonie… chaque pièce porte sa marque, singulière, et renouvelle l’intérêt. La plus large palette expressive nous est offerte, de l’intimité, de la déploration, de la ferveur, à l’animation tumultueuse du combat en passant par la narration imagée.
Etienne Meyer, dont on connaît les qualités, communique à chacun cet engagement expressif qui nous ravit. Tout semble naturel, fruit d’un travail millimétré, et on admire les équilibres, la précision, la dynamique, la souplesse qui animent l’ensemble. Le public, conquis, réservera de longues ovations aux interprètes. Une nouvelle réussite des Traversées baroques, dont la curiosité et la richesse d’invention rendent le travail si attachant et gratifiant.
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Compte rendu, concert, Dijon, Auditorium, le 18 novembre 2017. Musique à la Cité des Rois. Les Traversées baroques, dir. : Etienne Meyer. Crédit photo : © Edouard BARRA