lundi 5 mai 2025

Claudio Monteverdi: Ulysse, Poppée France Musique, les 19 et 21 août 2008 à 20h

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Claudio Monteverdi

Le Retour d’Ulysse dans sa patrie, 1640
Le Couronenment de Poppée, 1642



France Musique
Ulisse: mardi 19 août 2008 à 20h
Poppea: jeudi 21 août 2008 à 20h

Programmation baroque majeure: France Musique nous régale en diffusant deux opéras de Monteverdi dont l’Orfeo de 1607 marque la création du genre lyrique. En provenance de Drottningholm dans la périphérie de Stockholm en Suède, le 19 août pour Ulysse, enregistré au Royal Albert Hall de Londres, le 21 juillet suivant, pour Poppée, les deux opéras témoignent de l’évolution de l’écriture du compositeur fixé à Venise, dans les années 1640. Réalisme, voire cynisme défont ici l’image souvent véhiculé de l’opéra baroque, entre divertissant et décoratif. Avec Monteverdi, rien de tel: l’expression des passions humaines y atteint des sommets de désespérance languissante que tous les compositeurs après lui chercheront à « retrouver »: en dramaturge né, s’associant aux meilleurs librettistes et poètes de son temps, Monteverdi a bien créer l’opéra moderne.

Mardi 19 août 2008 à 20h: Le Retour d’Ulysse dans sa patrie, 1640

Alors que Rome aime applaudir l’opéra sacré, instauré depuis 1632 par le Sant’Alessio de Stefano Landi, Venise qui a fondé la premier opéra public payant, depuis 1637, préfère un théâtre âpre, volontiers désabusé, soulignant la grandeur dérisoire de la condition humaine. Ici les épreuves du héros Ulisse, cherchant à reconquérir sa Pénélope, non sans mal, aux prix d’épreuves redoutables, témoignent de la souffrance humaine. Au moment où son disciple Cavalli fait représenter Didone en 1641, Monteverdi participe à l’intense activité lyrique dans la Sérénissime. Il ne reste rien de ses opéras précédents, ceux composés après Orfeo, ni Andromeda (1620) ni Proserpina rapita (1630). Sur un livret de Giacomo Bodoaro, Ulisse cisèle un arioso nouveau, succédant au parlar cantando, fourmille d’effets scéniques (tempête, naufrage, animaux et monstres, apparitions divines…) et mêle les genres, héroïque et comique, tragique et sentimental.

Monteverdi: Le Retour d’Ulysse dans sa patrie. Opéra créé au Théâtre San Cassiano, Venise. Carnaval 1640. Avec Petteri Salomaa, Ulysse. Ann Hallenberg, Penélope. Anders J. Dahlin, Télémaque… Orchestre de la cour de Drottningholm. Mark Tatlow, direction.

Jeudi 21 août 2008 à 20h: Le Couronnement de Poppée, 1642

A 75 ans, Monteverdi livre avec Poppea un chef d’oeuvre, dont l’intensité fulgurante a été possible grâce à sa collaboration avec le librettiste Giovanni Francesco Busenello: ouvrage saisissant par son réalisme historique, voire sa sauvagerie, alternant exquise sensualité (amour fusionnel de Néron/Poppée) et barbarie glaçante (répudiation d’Ottavia, meurtre du philosophe Seneca…). D’après l’histoire romaine transmise par Tacite, les personnages du Couronnement de Poppée n’ont rien de factice ni de creux: ils respirent cette même vie ardente et passionnelle des futurs opéras de Verdi, avec près de 200 ans d’avance ! Epoustouflante réalisation produite par un compositeur parvenu au crépuscule de sa vie et de sa carrière, comme Verdi quand il écrit Otello et Falstaff... La force de l’opéra vient surtout du chant, souverain ici, alors que l’orchestre est réduit à sa plus simple expression. La peinture amorale est édifiante: rien ne peut s’opposer à la force irrépressible de l’amour. Qui peut éviter la passion qui consume les coeurs des jeunes amants, Nerone et Poppea? Rien, ni la raison ni la loi. La perversité cruelle s’associe à la satisfaction d’un désir terrifiant. Amour omnipotent, êtres possédés, victimes de leurs humeurs instables, mais aussi bourreaux pour tous ceux qui ne s’inclinent pas devant leur passion… la scène du dernier Monteverdi est d’une remarquable force poétique.

Monteverdi: Le Couronnement de Poppée. Christophe Dumaux, Nerone. Danielle De Niese, Poppée. Orchestre of the Age of Enlightenment. Emmanuelle Haïm, direction. Enregistré le 31 juillet 2008 au Royal Albert Hall de Londres.

Illustrations: Claudio Monteverdi par Bernardo Strozzi (DR). Ulysse enchaîné au mat de son navire vainc le chant des sirènes, buste de Sabina Poppea (DR)

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