Claude Debussy
Pelléas et Mélisande (1902)
Opéra de Toulon
Du 26 au 30 janvier 2007
D’après la prose de Maeterlinck, Debussy compose un opéra qui ne ressemble à aucun autre. L’action qui est s’y déploie ne représente pas, elle exprime le théâtre intime des personnages. Pas d’action mais la suggestion des pensées cachées ou tues. Scène de l’intériorité, Pelléas, entre symbolisme et rêverie, introspecte l’activité de la psyché des êtres, parfois au détriment d’eux-même. Car ils disent souvent ce qu’ils ne pensent pas. La musique ici exprime l’inexprimable. Derrière le verbe, accusant sa faillite, la note dévoile le sentiment exact et vrai qui reste invisible, informulé dans la parole.
D’ailleurs, Debussy ne précisait-il pas que « la musique est faite pour l’inexprimable? », et ce, bien avant de choisir le texte de Maeterlinck.
La forme irréelle que choisit Debussy est d’autant plus frappante que le sujet appartient à la tradition narrative la plus familière, la plus banale et la plus naturaliste : Golaud assassine son frère Pelléas qu’il soupçonne d’avoir séduit son épouse, Mélisande. Huit-clos sordide, tragédie vue et revue : mais l’art, et le discours musical, comme la création d’une prosodie déclamée, proche de la parole, accusent la portée féerique et surnaturelle de l’opéra.
Impressionniste, le style de Debussy recherche le fondu et la brume, l’incertitude et le flottement continu : temps et lieu, identité réelle comme origine des caractères sont indéfinis. Voilà qui rompt définitivement avec la précision et l’équilibre du théâtre classique et historique.
Musicalement, Debussy à la recherche d’un théâtre nouveau, se montre sous influence wagnérienne, en particulier de Parsifal, précisément dans les intermèdes permettant les changements de décors, qu’il compose quelques temps avant la première parisienne.
Debussy abandonne en 1893, la composition de Rodrigue et Chimène pour affiner son Pelléas. L’oeuvre est créé à l’Opéra-Comique, le 30 avril 1902.
Le retentissement de l’oeuvre reste immense. Auprès des compositeurs surtout, Ravel et Dukas dès 1907 (respectivement, dans L’heure espagnole et Ariane et Barbe-Bleue), jusqu’à Poulenc (Dialogues des Carmélites, 1957) et Messiaen (Sant-François d’Assise, 1983).
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