lundi 16 juin 2025

Charles Gounod: Faust, 1869. En direct France 2. Mardi 5 août 2008 à 20h50

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Charles Gounod
Faust
, 1869



France 2
Mardi 5 août 2008 à 20h50
En direct
des Chorégies d’Orange

Avec Roberto Alagna (Faust), Inva Mula (Marguerite), René pape, Jean-François Lapointe, Marie-Nicole Lemieux, Orchestre Philharmonique de Radio France. Michel Plasson, direction

Apparente facilité
Valse de Siebel, air des bijoux de Marguerite, Nuit de Walpurgis (véritable Vénusberg à la parisienne, d’une élégance typiquement française)… ont gagné une popularité immédiate et font du Faust de Gounod, et sa pièce lyrique la plus connue, et une oeuvre majeure du répertoire romantique. Mais l’apparente facilité mélodique de la partition ne doit pas gommer le sérieux du chantier mené par Gounod, fervent connaisseur de Goethe dont il découvre dès l’âge de 20 ans, en 1838, la traduction de Nerval. Vingt années seront nécessaires ensuite au compositeur pour accoucher de son « grand oeuvre ». Comme Berlioz, Gounod succombe à l’envoûtement faustien. A la Villa Medicis, alors que le peintre Ingres dirige l’institution française à Rome, Gounod rencontre Fanny Mendelssohn qui attise encore sa compréhension profonde du mythe goethéen… Créé au Théâtre Lyrique, le 19 mars 1859 puis augmenté d’un ballet pour sa création à l’Opéra en 1869, le Faust de Gounod, grâce à son unité dramatique fait de contrastes éloquents, par la beauté de son invention mélodique, et son intelligence dramaturgique offre le drame faustéen le plus accessible. Certes, La Damnation de Faust de Berlioz porte aussi l’hymne déchirant du professeur insatisfait, mais sa résolution scénique fait toujours problème. Rien de tel avec Gounod dont l’évidence théâtrale et la séduction musicale ont imposé l’ouvrage.

Faust mystique

Au vieil alchimiste désabusé, Mephistophélès offre le nectar sacré de toute quête: la jeunesse. Pour lui, l’ivresse toujours renouvelée des folles nuits orgiaques, la promesse des jeunes maîtresses… Tout l’opéra exprime l’aspiration de Faust, fixé vers cette ardente chasse aux plaisirs. Gounod sait le goût du Second Empire, aussi met-il à plusieurs reprises, la valse, succès autrichien facile mais sûr, au premier plan: valse pour la rencontre avec Marguerite, valse pour l’air des bijoux convoités par cette dernière, vraie coquette parisienne, élégante et subtile incarnation d’une féminité fantasmatique… A l’édifice onirique d’une sensualité triomphante qui s’impose à l’esprit du Faust avide, répond ensuite, le sentiment de la culpabilité vis à vis de Marguerite. L’opéra se renverse alors, et Faust, absent désormais aux délices offerts, ne pense qu’à se racheter, et sauver la pauvre âme de sa proie : Marguerite. Cette bascule poétique est remarquablement servie par le mysticisme personnel de Gounod dont la carrière et la vie furent tiraillées entre opéra et vie spirituelle. Amour sacré, amour profane… nouveau défi exprimé avec d’autant plus d’intensité et de justesse qu’il croise le souci profond de l’auteur.

Illustrations: Faust et Méphistophélès par Delacroix. Roberto Alagna (DR)

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