Charles Chaynes
(né en 1925)
Poèmes Rimbaldiens
Paris, Radio France
Le 1er mars 2007 à 20h
Mi amor, opéra
Création mondiale
Metz, Opéra-Théâtre
Les 23, 25 et 27 mars 2007
Pour son cinquième opéra, Mi amor, Charles Chaynes retrouve un librettiste familier qui a déjà travaillé avec lui pour son ouvrage précédent, Cecilia (créé à Monte-Carlo, en 2000): l’écrivain cubain Eduardo Manet. Le sujet se passe dans l’Argentine des années 1930. Adriana, jeune et riche veuve, se passionne pour le révolutionnaire recherché par la police, Miguel. Il s’agit aussi d’un inceste avec comme fond historique, les effets terrifiants de la dictature militaire. Deux passions amoureuses parallèles, dont l’expressivité est en rapport avec la dureté de la dictature ambiante. L’orchestre de 30 musiciens se parent des couleurs propres au pays du tango: il comporte bandonéon et guitare. Le compositeur renoue avec sa fascination de la femme: auteur du monodrame Erzsébet, pour voix de femme seule (1982), sa première oeuvre lyrique, et la plus déterminante. La comtesse hongroise Erzsébet vécut au XVII ème siècle, pratiquait la sorcellerie et commanditait des meurtres de jeunes vierges. Elle fut condamnée à l’isolement à vie, et mourut en 1614.
Plutôt que de juger, Chaynes s’intéresse à la schyzophrénie progressive et contradictoire de l’héroïne. Il brosse le tableau de la victime non du monstre. Pourquoi a-t-elle décidé de se soumettre aux forces du mal? L’orchestre détaille plusieurs états intérieurs qui dévoilent l’esprit de la comtesse et le choix de l’instrumentation suit très précisément l’expression psychologique de cette femme qui n’est plus dans notre réalité. Ensuite, s’affirment, Jocaste (création à l’opéra de Rouen en 1991), puis Cecilia, drame social, qui peint sous la pression des usages de la société permissive et normative, la folie qui s’empare d’une jeune femme apparemment forte. C’est une nouvelle introspection violente et intime qui plonge dans l’univers intérieur, au coeur de la dramaturgie de l’héroïne.
Au final, l’écriture de Charles Chaynes est un questionnement de l’humain. Le compositeur utilise les couleurs et les timbres, en les associant avec une acuité personnelle, souvent très originale. Atonal, il sait être lyrique. Son oeuvre est fascinante. Gageons que son nouvel opéra saura s’inscrire dans l’intensité et souscrira à la poésie des ouvrages précédents. Les deux concerts à Paris, comme à Metz, sont des événements.
Programmes
Paris, Radio France
Festival Présences 2007
Poèmes Rimbaldiens
pour baryton et orchestre.
Jean-Marc Salzmann, baryton
Orchestre de Pau-Pays de Béarn
Fayçal Karoui, direction
Metz, opéra théâtre
Mi amor
Livret d’Eduardo Manet
Mise en scène: Bernard Habermayer
Avec: Carole Louis, Richard Rittelmann, Jacqueline Mayeur, Alain Fondary
Orchestre national de Lorraine,
Arturo Tamayo, direction
Crédit photographique
Charles Chaynes (DR)