samedi 20 avril 2024

centenaire Benjamin Britten 20131913-2013. Portrait pour l’année du Centenaire

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Centenaire Benjamin Britten, dossier spécial 2013. Toute l’oeuvre musicale de Britten est scellée par un secret traumatique et une identité refoulée, interdite. Même s’il a trouvé en la personne du ténor Peter Pears, devenu son compagnon de vie, ce « roc » insubmersible auprès duquel il trouvera réconfort et appui, le compositeur cache en lui-même un traumatisme dont peu ont osé parler: il aurait été enfant, abusé par l’un de ses professeurs…

Grand dossier Benjamin Britten(1913-1976)

Portrait pour le centenaire 2013
Identité secrète

 

C’est pourquoi le sentiment indicible de l’exclusion, de la solitude, de la malédiction, de l’impuissance, surtout de l’innocence sacrifiée, parcourent ses oeuvres, en particulier la typologie de ses personnages et héros de ses opéras… De Peter Grimes à Billy Budd, d’Owen Windgrave à Lucrezia… Chacun est habité par une blessure profonde, silencieuse et secrète dont la musique dit vertiges et mouvements.Mais rien n’est jamais simple et s’il existe une oeuvre frappante par le trouble psychologique qu’elle diffuse, l’écriture de Britten en serait emblématique. L’homme qui est né près de la mer, sur la côte Est de l’Angleterre, dans le Suffolk, demeure attaché à l’élément océanique, comme source d’évasion et de ressourcement. Célèbre et adulé, estimé comme le plus grand compositeur d’opéras anglais du XXème siècle,  » Ben  » se fixe, à Aldeburgh, où il fonde le festival qui prend son nom… (dont la direction artistique est assurée par Pierre-Laurent Aimard).Peter Grimes, Billy Budd, dessinent la figure du héros brittenien: un être à part, libre, lumineux qui dérange, souvent un être décalé et critiqué, écarté ou ridiculisé qui réactive l’opposition récurrente à l’opéra, de l’individu contre la société. Owen Windgrave
précise un autre engagement du compositeur: son pacifisme militant.
Comme Objecteur de conscience, Britten et aussi Peter Pears, quitte l’Angleterre en guerre, pour rejoindre New York à partir de 1939 à 1942. Beaucoup de jaloux reprocheront aux deux hommes leur fuite et leur trahison.britten_benjamin_portrait_448Son dernier ouvrage, Death in Venice, composé alors qu’il était
très malade, est un testament artistique: l’homme s’y dévoile en figure
solitaire, contemplative, frappé et porté toujours par son idéal esthétique, jusqu’au terme de sa vie, alors qu’il est en perte d’inspiration, et physiquement très affaibli. Dans le portrait de l’écrivain Aschenbach (d’après le roman de Thomas Mann qui lui-même se serait inspiré d’un épisode autobiographique et aussi d’un élément de la biographie de Tchaïkovski), Britten y dépose ses aspirations les plus intimes.

De toute évidence, et l’engouement des scènes lyriques actuelles pour ses opéras en témoigne, de Peter Grimes à The turn of the screw, de Death in Venice au récent Albert Herring (d’après Maupassant), Benjamin Britten fait partie des compositeurs les plus essentiels du XXème siècle. Il est surprenant cependant que son centenaire ne suscite pas plus de productions ni de propositions de concerts.

approfondir
Dossier Benjamin Britten 2006 pour les 30 ans de la disparition du compositeur britannique. 2006 marque les 30 ans de la disparition de Benjamin Britten. Arthaus Musik réunit en un coffret, 8 dvds incontournables pour qui souhaite se familiariser avec l’univers lyrique du compositeur britannique. L’édition mérite d’autant plus d’être soulignée que les interprétations particulièrement soignées, rendent justice à une oeuvre cohérente par ses thèmes, mais tout autant diverse dans les styles et les univers musicaux développés. Voici une présentation du coffret, prétexte pour
nous, à une évocation de l’écriture lyrique de Benjamin Britten, mort le 4 décembre 1976. Lire notre dossier spécial Britten 2006

Identité du héros chez Benjamin Britten. La question de l’identité du héros chez Britten dévoile la part du secret coupable qui scelle le destin de ses personnages : qui est Peter Grimes ?
Faire le portrait du protagoniste de son premier opéra, suscite
immanquablement une série d’interrogations sur l’ensemble des portraits psychologiques que Britten a abordés : être homosexuel pour le compositeur, c’est éprouver la difficile aventure de la différence. Or cette différence suscite la condamnation de la société, la marginalisation du héros et souvent l’action tragique du remords et de la culpabilité… En lire +

 

Peter Grimes, premier héros de Britten. Le héros du premier opéra de Benjamin Britten suscite plus de soixante ans après sa création (1945), un débat jamais résolu. Est-ce parce que au fond des choses, dans leur identité tenue secrète par le compositeur, les personnages de Britten se dérobe à toute identité claire, parlant au nom de leur concepteur pour une ambivalence qui nourrit leur forte attraction? Rien de plus fascinant sur la scène qu’un être véritable, contradictoire et douloureux, exprimant le propre de la nature humaine, velléités, espoirs, fantasmes, soupçons, poison de la dissimulation, terrible secret. A la manière des héros d’Henri James, le héros ne livre rien de ce qu’il est : il laisse en touches impressionnistes, suggestives, affleurer quelques clés de sa complexité. En lire +
cd,dvd, livres Britten 2013 : notre sélection
Retrouvez ici tout au long de l’année Britten 2013, notre sélection cd, dvd, livres, dédiés à l’œuvre du compositeur britannique né en 1913… apports majeurs d’une année commémorative :

Benjamin Britten (1913-1976): Orchestral works. 8 cd Emi Classics 50999 9 78160 2 7. Longtemps
se déclarant seul juge pour enregistrer ses propres oeuvres, Britten toujours réticent à l’idée d’une prise studio de ses partitions quand il ne s’agissait pas de les enregistrer lui-même, s’est découvert une passion pour la matière orchestrale et le somptueux ruban symphonique à partir de l’œuvre de son maître en la matière Franck Bridge. Depuis sa mort en 1976, l’interprétation des œuvres orchestrales de Britten est encore à écrire et à nourrir: il revient au mérite du coffret Emi classics de dresser comme un bilan d’un catalogue impressionnant: l’univers et les
imaginaires de Britten ne se limitaient guère à l’opéra ou la mélodies: ses ouvrages purement instrumentaux reflètent au contraire le fil jamais interrompu d’une pensée en pleine inspiration, toujours critique, jamais absente à l’idée d’un renouvellement. En lire +, lire notre critique intégrale du coffret Britten: the orchestral works

 

Enregistré au festival d’Aldeburg en juin 2011 (festival fondé par Britten en 1948 sur le littoral du Suffolk), et sous la direction d’un britténien de la première heure, Oliver Knussen (artisan discographique généreux chez Virgin classics), ce Rape of Lucretia renoue avec l’âpreté quasi insoutenable, du moins troublante et dérangeante du thème du viol abordé dans son épure incisive par Benjamin
Britten. Le plateau dominé par le chœur masculin et féminin de Ian Bostridge et de Susan Gritton, exaltant, halluciné (palmes spéciales à Bostridge, prophète visionnaire souvent délirant et toujours articulé soit un narrateur/récitant de première valeur, grâce à ses couleurs nouvelles barytonantes) s’affirme au fur et à mesure de l’action parfaitement abjecte. Le chambrisme
irruptif et volcanique, qui laisse toute sa place au verbe incandescent de la tragédie antique, s’exprime ici librement sous la baguette ciselée et ouverte à l’étrange et au lugubre…
En lire +, lire notre critique intégrale du coffret Britten:The Rape of Lucretia (2 cd Virgin classics, juin 2011)
Dans le cas du Tour d’écrou, le nombre de productions
enregistrées montre qu’abondance ne nuit pas à la qualité. Le catalogue actuel compte déjà de très bonnes versions (dont celle aixoise publiée par Bel Air classiques). Qu’en est-il de celle-ci en provenance de Glyndebourne, éditée par Fra Musica ?
Relève-t-elle tous les défis d’une partition insidieuse, où ce
chambrisme brittenien s’il confine à l’épure, dévoile en vérité la face cachée souterraine des esprits machiavéliques tapis dans l’ombre … Au cœur de l’action du Tour d’écrou, il y a cette innocence menacée (thème
central dans l’œuvre de Britten et que l’on retrouve dans Peter Grimes, Billy Bud…), sujet de toutes les aspirations et turpitudes d’entités mi réelles mi rêvées qui agressent ici les enfants. Certes le texte de Henry James offre le sujet mais la musique de Britten souligne la force des tensions implicites, l’étouffement psychologique dont sont victimes les innocents (comme dans Le viol de Lucrèce, autre opéra dans une forme personnelle, chambriste).
Lire notre critique intégrale de The Turn of the screw ( 1 dvd Fra Musica)
Agenda
les opéras de Britten à l’affiche en 2013. L’Hexagone, centenaire Verdi et Wagner oblige, ne fête que prudemment Benjamin Britten en 2013…
Owen Windgrave
Du 17 mars au 11 avril 2013
Strasbourg, Opéra du Rhin
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