Ce soir, 19h30. DON GIOVANNI de Wolfgang Amadeus Mozart, en accès gratuit, du 23 mars dès 19h30 et jusqu’au 29 mars 2020 : Philippe Jordan, direction / Ivo van Hove, mise en scène (production 2019, reprise)… NOTRE AVIS. Sur la scène de l’Opéra Garnier, voici une lecture de DON GIOVANNI (Prague, 1787), bien peu poétique. La mise en scène d’Ivo Van Hove remplace celle antérieure conçue par Michael Haneke pour Bastille, souvent glaçante et passablement cynique ; la nouvelle production toute de grise et de noir, sise dans un décor minéral et bétonné (en construction) se concentre sur les situations et le profil des personnages. C’est miroir de notre société, froid, déshumanisé, livide. Exit toutes références au XVIIIè mozartien, sauf dans la scène du bal et des masques et la tentative de viol par le séducteur sur la pauvre Zerlina. Dès l’ouverture, l’Orchestre de l’Opéra de Paris montre qu’il sait articuler et nuancer, avec une sensibilité active, habilement cultivée par l’excellent Philippe Jordan. Mais les instruments modernes n’ont pas cette fragilité ailleurs magistralement expressive. Les tutti sont droits et sonnent secs (trompettes), comme plus tard dans la confrontation finale Don Giovanni / Commandeur.
Froideur continue et béton inachevé…
Reste la distribution, jeune, mais déséquilibrée. Etienne Dupuis (Don Giovanni), excellent diseur québécois que l’on suit depuis longtemps incarne le séducteur droit dans ses bottes, mafieux, pistolet à la ceinture, toujours excité, parfaitement immoral, continument engageant, grâce à un chant souple, flexible qui ne manque pas de puissance. Jacquelyn Wagner (Anna) déploie une belle ligne, ardente, blessée, au flux naturel.
Stanislas de Barbeyrac (Ottavio), tendre et nuancé (mais un rien tendu dans le final de fin quand loggias et balcons exhibent rideaux bourgeois et fleurs en pots). Nicole Car (Elvira), reste raide, sans guère de couleurs. Philippe Sly (Leporello) se révèle hors sujet, trop droit, avec des portamenti systématiques qui sont des fautes chez Mozart et dans un style pas assez flexible. Mikhail Timoshenko (Masetto) est bien timbré, convaincant ; enfin, la jeune diva française Elsa Dreisig (Zerlina), curieusement en retrait (format vocal serré), semble avoir du mal à projeter de façon claire la clé de son personnage : ingénue ou fausse innocente ?
Encore une production peu onirique, au chant perfectible et dans une conception théâtrale et scénique d’une froideur désormais de mise : le vérisme statique prévaut sur toute couleur trouble et ambivalente. Production enregistrée en juin 2019
En ligne sur le site de l’Opéra de Paris, jusqu’au 29 mars 2020. VISIONNER DON GIOVANNI ici.
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L’OPÉRA CHEZ SOI pendant le CONFINEMENT… Pendant le
confinement imposé pour stopper la propagation du coronavirus, l’Opéra national de Paris propose un accès gratuit et d’une durée réduite à certaines de ses productions opéras et ballet : voir ici la liste des productions accessibles sur internet depuis le site de l’Opéra national de Paris
VOIR le teaser de Don Giovanni par Jordan / Van Hove :