« Cette conspiration de l’enthousiasme »…les mots de Maupassant, rapportés dans le livret parlant de Venise, sont bien à propos pour caractériser le présent programme et qualifier l’accueil qu’il suscite : accordé en complicité dramatique avec le feu éruptif mais millimétré des intrumetistes du Consort, le mezzo rond, charnu, agile de l’excellente Adèle Charvet offre un nouveau regard sur les passions vénitiennes et vivaldiennes, avec d’autant plus d’audace et d’impertinente justesse que la plupart des airs ici sélectionnés sont des premières mondiales. Le Teatro Sant’Angelo fut l’un des temples opératique à Venise, en particulier écrin des opéras de Vivaldi. Etonnants joyaux lyriques, jusque là cachés : qui, mélomanes, musicologues, vivaldiens de tout bord, connaissait jusqu’à présent, entre autres, Fortunato Chelleri (mort en 1757) et son formidable air passionné, révolté d’Amalasunta (air de révolte contre la perversité des astres contraires) ?.… Le point d’orgue du programme demeure les airs vivaldiens, totalement régénérés, fusionnant le relief hypersensible des instruments et le diamant précis, souple, d’une volupté expressive, jubilatoire de la jeune mezzo : « Siam Navi » de l’Olimpiade puis « Sovvente il sol » d’Andromeda liberata (1726), créés au Teatro Sant’Angelo, lieu emblématique des opéras vivaldiens dans la Cità, sont ainsi idéalement incarnés… Au registre des premières mondiales 
vivaldiennes, sont aussi présents : l’air « Ah non so, se quel ch’io sento » d’Arsilda, de 1716, puis, furtif et frénétique, poétique et contrasté le saisissant « Quella bianca e tenerina » de l’Incoronazione di Dario de 1717… Surprenant, décoiffant, vocalement remarquable, instrumentalement subtile et engagé, ce récital d’opéras vénitiens est une splendeur ; vous succomberez comme nous, au programme « Sant’Angelo » de la signora assoluta Adèle Charvet. Parution : 14 avril 2023 – CLIC de CLASSIQUENEWS – prochaine critique complète à venir sur CLASSIQUENEWS.COM
