lundi 13 janvier 2025

Cd, critique. Summer night concert 2018 / Sommernachtskonzert / Netrebko, Gergiev, Wiener Philharm. (1 cd SONY classical, Vienne, mai 2018)

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CD, critique. Summer night concert 2018 / Sommernachtskonzert / Netrebko, Gergiev, Wiener Philharm. (1 cd SONY classical). Chaque printemps, le château de l’impériale Autriche, Schönbrunn sert de cadre à un grand concert classique en plein air. Ainsi ce nouvel opus du 31 mai 2018, invitant à diriger le Philharmonique de Vienne (argument de poids pour suivre l’événement), le russe (Tchéchène) Valery Gergiev, champion du Mariinksy de St-Pétersbourg. Le chef a convié celle qu’il aura révélé au monde lyrique, devenue muse et étoile resplendissante du chant lyrique : Anna Netrebko qui est russe et aussi autrichienne (double nationalité).

2 ambassadeurs de l’âme russe à Vienne
En duo, Gergiev et Netrebko offre un plein air somptueux à Schönbrunn

Servante, Anna Netrebko l’est bien (Io son l’umile ancella / Je suis l’humble servante) : timbre peut semblé un rien fatigué et comme voilé avec une émission sombre, mais la justesse de l’intonation touche ce grand air presque tragique (d’Adriana Lecouvreur de Cilea, trop rare au disque comme au concert ou à l’opéra). Même ton de plainte recueillie, de prière humble, celle de Tosca où le soprano de Netrebko sait se montrer rond, profond, sombre, et de plus en plus large. Gérant son souffle avec une maîtrise absolue, la diva exprime la souffrance d’une âme amoureuse qui ne comprend pas pourquoi Dieu et la Vierge qu’elle a toujours honorés, l’accablent ainsi, au delà de tout (la cantatrice Floria Tosca est inquiétée et forcée par l’infect baron Scarpia qui torture alors son fiancé, Mario Cavaradosi). Même sa Nedda, jeune âme enivrée devant le spectacle du vol des oiseaux libres, exulte sans effets ni mauvaises oeillades, le soprano portant et projetant les derniers aigus avec une belle franchise (Paillasse, 1892). Amoureuse, presque ivre, en proie aux vertiges passionnels, la diva irradie aussi en Mimi (La Bohème de Puccini), avec cette même qualité émotive que celle de son ainée, Mirella Freni, qui aura marqué le rôle aux coté de Pavarotti : la sensibilité de l’interprète, le fil tissé de sa voix si chaude et sensuelle conviennent très bien à la couleur et au caractère de son timbre. Mais on sait qu’aujourd’hui, la diva s’oriente vers des emplois plus lourds (Lady Macbeth).

La fascinante plasticité sonore des Wiener Philharmoniker resplendit dans chaque section de ce potpourri qui prend soin de mettre en avant tous les pupitres de la séduisante phalange orchestrale.
Trompettes d’Aida (cuivres majestueux et d’un naturel détaché, d’une souveraine solennité), cordes sirupeuses et souples, ardentes et tragiques dans l’interlude de Cavaliera Rusticana (au temps de Pâques) de Mascagni ; solitude et dénuement de Manon Lescaut au désert… dans l’intermezzo qui fait surgir soudainement un climat de pudeur et de douleur intime … autant de réalisations qui montrent la capacité expressive des instrumentistes et la très belle sonorité toujours active quel que soit le caractère ; y compris dans la tension plus tendue, âpre de la scène extraite de Roméo et Juliette du génial Prokofiev : le portrait des amants de Vérone, le cynisme destructeur s’opposant à l’immensité de leur amour se développent sans entraves, sous la direction très nuancée, à la fois détaillée et amoureuse elle aussi, du chef russe. Parmi les bis (encores), Sang viennois de Johann Strauss II souligne combien cette musique sublimation d’un instant de jubilation dans la subtilité, coule en évidence dans les veines d’un orchestre magistral, devenu l’emblème du raffinement et de la culture musicale viennoise. Quelle autre ville / cité européenne peut en dire autant ?
Excellent programme, somptueux interprètes. Le classique en grand format et en plein air, gagne ses lettres de noblesse et de démocratisation grâce à de telles expérience.

 

 

 

 

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2018 : Summer night concert / Sommernachtskonzert / Netrebko, Gergiev, Wiener Philharm. (1 cd SONY classical)

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