mercredi 17 avril 2024

CD, compte rendu, critique. TELEMANN : Wassermusik / HAENDEL : Watermusic – Zefiro. Alfredo Bernardini, (1 cd ARCANA 2003)

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zefiro teleman wassermusik critique cd review par classiquenewsCD, compte rendu, critique. TELEMANN : Wassermusik / HAENDEL : Watermusic – Zefiro. Alfredo Bernardini, (1 cd ARCANA 2003). Révélation subtile et totale que la Wassermusik, conçu pour le centenaire du Conseil de l’Amirauté de Hambourg (avril 1723) dont Telemann est alors le directeur musical, invité à livrer toutes les musiques officielles. Les 10 épisodes de la suite instrumentale sont un condensé de théâtre d’une subtilité irrésistible sous la direction de Alfredo Bernardini qui sait électriser avec un tact élégantissime et ce mordant suggestif qui manque à tellement de nouveaux ensembles baroques sur instruments anciens, y compris en France, tout l’effectif réuni autour de lui (Orchestre Zefiro). La tendance aujourd’hui, 40 ans après la « révolution baroqueuse » est de jouer techniquement d’excellente façon, … mais sans feu et sans esprit.

CLIC_macaron_2014OR ici, à l’inverse (mais en 2003 : il y a donc près de 15 années déjà), le chef sait cultiver la suprême intelligence dramatique, une recherche d’une flexibilité savante de justesse expressive et de vitalité motorique qui confère à chaque danse, son relief flamboyant gorgé d’une irrépressible ivresse sonore : l’ouverture vaut bien des levers de rideau à l’opéra ; la Sarabande qui suit affirme une majesté trépidante (flûtes souveraines… pour l’entrée de Thétis) ; la Bourrée, frémit et rebondit comme un jeune cabri, nerveux et élastique (sagacité des bassons, soutenant les flûtes là encore très exposées), cependant que la Loure cultive une retenue toute pudique et d’un rebond profond et presque grave, elle aussi toute en majesté retenue (Neptune) ; ramélienne, sautillante, pleine de caractère et de nostalgie la Gavotte (pour Amphitrite) ; d’une syncope, faussement contrainte et aux cordes pleines de sagacité et de panache, l’Harlequinade de Triton impose une nouvelle nuance tout aussi juste dans ce formidable théâtre instrumental : c’est peut-être là que le geste de l’ensemble Zefiro se montre des plus enjoués ; telle une tempête dont l’opéra français a fait alors sa spécialité, l’entrée de Eole / Aeolus, divinité des airs regorge de tempérament magistralement maîtrisé : le nervosité des cordes époustoufle (avec accents de guitare et de hautbois pépillants) : on voit bien que Telemann déborde de son prétexte musical célébratif vers une surenchère dramatique qui revendique la lyre opératique. Le Menuet, d’esprit lullyste, cite la grâce française, avec cet abandon pastoral d’une infinie poésie. Les deux derniers épisodes, ont là encore la vitalité imaginative d’un Rameau : ainsi l’élan de la Gigue entraîne tout en ses rythmes et ascension phénoménal, enchaînant sur Canarie, véritable frénésie rustique, dans l’esprit d’une ronde de paysans, enfiévrée, éperdue, d’une constante motrocité (coups et claques de sabots à l’envi).
Tout autant élégant et subtilement caractérisé, le cycle du Watermusic de Handel, contemporain de Telemann. Il est pertinent d’enchasser la suite de Telemann entre les deux volets haendéliens : le cycle telemanien de 1723, étant précédé par la Suite F HWV 348 (Londres, 1715), puis enchaînée avec les cors de chasse de la Suite D HWV 349 (Londres, 1717), puis G HWV 350 (Londres 1736). La puissante versatilité des musiciens de l’orchestre Zefiro savent convaincre par leur élégance, leur fine caractérisation,… une imagination qui vaut largement le CLIC de CLASSIQUENEWS de l’été 2017. Il y a bien longtemps que nous n’avions pas été séduits par une telle audace, une vision sûre, pleine d’entrain et de finesse, aux intentions justes et dramatiquement passionnantes. En cette année Telemann 2017, Zefiro a la pertinence d’éclairer le cycle de la Wassermusic de Telemann, d’un jour nouveau : révélation et jubilation, Telemann est bien un compositeur génial, sachant ici condenser le meilleur de son contemporain Haendel, comme l’ivresse expérimentale et virtuose d’un Rameau. C’est dire. Eblouissant.

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telemann-vignette-ovale-portrait-telemann-2017CD, compte rendu, critique. TELEMANN : Wassermusik / HAENDEL : Watermusic – Zefiro. Alfredo Bernardini, direction (1 cd ARCANA – enregistré à Londres en juin 2033) – CLIC de CLASSIQUENEWS de l’été 2017. LIRE aussi notre dossier TELEMANN 2017

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