jeudi 18 avril 2024

CD, compte rendu critique. Siècle de lumières: Henri-Michel Garzia, trombone (1 cd KLARTHE records)

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siecle des lumieres par Henri michel GARZIA au trombone compte rendu critique cd par classiquenews kla050couv_lowCD, compte rendu critique. Siècle de lumières: Henri-Michel Garzia, trombone (1 cd KLARTHE records). Les Lumières, en une rondeur cuivrée et chaleureuses traversent les deux premières séquences du Konzert für Posaune du très classique et mozartien Wagenseil (1715-1777). La flexibilité plus sensuelle encore (lumière méditerranéenne du compositeur italien?) qui émaille la Sonate de Besozzi (1679-1755) met en en lumière, l’agilité caressante du soliste, membre de l’Orchestre Symphonique de Bâle : justesse, précision, tenue et hauteur c’est à dire souffle, … sont sans failles. Sans jamais être trop droit, le son retient l’attention par son sens de l’articulation comme des respirations.
Seule réserve, la tenue de l’orchestre de chambre (Neophonia), un rien routinier mais il est vrai dans des partitions souvent très conformes au goût classique, équilibré, convenable propres au dernier tiers du XVIIIè européen : n’est pas Haydn qui veut. Il y manque cette dose délirante de facétie comme d’extrême élégance que sait développer le maître viennois. Nonobstant nos réserves, l’engagement du soliste malgré les difficultés de son trombone (souvent plus utilisé pour les évocations lugubres et martiales dans fanfares orchestrales infernales ou spectaculaires), sait varier, nuancer, colorer aussi sa partie avec une subtilité indiscutable (introspection du court Larghetto, du même Besozzi).
La coupe plus nerveuse du Concerto d’Albrechtsberger (mort en 1809) fait écouter une claire assimilation de la facilité fluide et raffinée de Haydn. L’étoffe orchestrale y est plus développée, permettant une meilleure relation entre le cuivre soliste et les cordes (belle prestation, beau souffle du trombone dans l’Andante, aux teintes et couleurs tout en nuances à la fois graves et voilées).
Dommage là aussi que les cordes de l’orchestre manquent singulièrement d’imagination et de palette nuancée : problème d’articulation, d’attaque, de tenue d’archet… pas facile de réussir l’articulation propre à ce XVIIIè encore baroque et ce XIXè pas tout à fait romantique.
Pour le Concerto en fa mineur de Haendel, les limites de l’Orchestre requis se creusent encore : articulation, nervosité et précision sont en berne (basses raides et systématiques). Même constat dans la pourtant belle Sarabande où les cordes (et le clavecin) assènent un accompagnement morne, guère caractérisé (l’état pour ne pas dire l’essor des ensembles sur instruments d’époque ont apporté un tout autre éclairage). Dommage car le soliste cultive une tenue subtile, entre tendresse et pudeur intérieures.
En allemand et d’une vibration toute recueillie et aussi brillante, le Doloroso imprévu et fort séduisant d’Eberlin (mort en 1762), qui fait une synthèse entre les fils Bach et l’école napolitaine, associe avantageusement le timbre de la soprano Vannina Santoni (déjà remarquée par CLASSIQUENEWS à l’Opéra de Tours / Triptyque de Puccini / inoubliable Suor Angelica) et celui du trombone, aussi caressant et même enveloppant associé à la voix féminine. L’extrait issu de l’oratorio « Der verurteilte Jesus » est emprunt des éclairs doloristes du style Empfindsamkeit, à la fois délicat, raffiné et sombre, déjà préromantique.

Malgré l’orchestre, stylistiquement perfectible dans ce répertoire entre Baroque et Classicisme, le trombone de Henri-Michel Garzia sait captiver grâce à la richesse des nuances émises, comme au souffle souverain dont il est capable. Le soliste sait relever les défis multiples d’un programme aussi original que risqué. Des Lumières, il nous fait voir, écouter, les scintillements particuliers.

 
 

 

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CD, compte rendu critique. Siècle de lumières: Henri-Michel Garzia, trombone. Avec Vannina Santoni, soprano / Ensemble Neophonia. Benjamin Garzia, direction (1 cd KLARTHE records).

Konzert für Posaune*  / Georg Christoph  Wagenseil (1715-1777)

Sonate en Sib Majeur  / Alessandro Besozzi (1679-1755)

Concerto für Alt-posaune*  / Johann Georg Albrechtsberger (1736-1809)

Concerto en fa mineur  / Georg Friedrich Haendel (1685-1759)

Fliess o heisser Tränenbach**  / Johann Ernst Eberlin (1702-1762)
aus dem Oratorio Der verurteilte Jesus

*Les cadences sont de Brigitte Garzia-Capdeville

Henri-Michel Garzia, trombone
Vannina Santoni, soprano **
Ensemble Neophonia – Benjamin Garzia, direction

 

 

 

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